La traduction de ce poème d'Anna Akhmatova, daté du 3 mars 1940, et consacré au Maïakovski d'avant 1917, est dédiée à Kaze Tachinu, blogueuse, poètesse et critique exigeante.
Maïakovski en 1913
Je ne te connaissais pas dans tout ton éclat,
Ayant en mémoire ta seule aube orageuse,
Mais à présent peut-être, ai-je enfin le droit
De revoir le passé, cette journée heureuse
Où tes vers sonnaient en moi de plus en plus fort,
Et que, mêlées, les voix nouvelles y foisonnaient...
Sans se ménager, tes bras jeunes, à grand effort,
De menaçants échafaudages bâtissaient.
Vraiment tout ce que tu touchais,
Se voyait métamorphosé.
S’écroulait qui tu attaquais,
Sentence, chaque mot déposé.
Solitaire, souvent malheureux,
Tu bousculais, impatient, le destin,
Sûr que tu étais d’en sortir joyeux,
Et, de haute lutte, libre enfin.
Comme le ressac de la mer montante
S’entendait lorsque, devant nous tu récitais,
La pluie louchait, hargneuse et mécontente,
Avec la ville, toi, enflammé, tu discutais.
Et ton nom, encore inconnu de tous,
Eclata dans une salle moite, vrai tonnerre,
Pour, à présent connu de tout un pays, de tous,
Retentir aujourd’hui comme un cri de guerre.
Après réaménagement, voici la nouvelle version proposée par KT :
Maïakovski 1913
Je ne connaissais pas tout de ton éclat,
En mémoire, seule, ton aube orageuse,
Peut-être, ai-je enfin le droit, là,
De revivre cette journée heureuse
Où tes vers résonnaient de plus en plus fort,
mêlées aux voix nouvelles, à foison …!
Sans se ménager, tes bras jeunes et forts,
bâtissaient de périlleux échafaudages
Vraiment tout ce que tu touchais,
en était métamorphosé !
S’écroulait qui tu attaquais.
Sentence : chaque mot déposé.
Solitaire, souvent malheureux,
Tu bousculais, impatient, le destin,
Et tu étais ivre d’en sortir vainqueur,
De haute lutte, libre enfin !
C’était comme si Le ressac de la mer montait
à nos oreilles lorsque tu récitais tes vers,
( La pluie louchait, hargneuse et mécontente),
Avec la ville, tu discutais, tout feu, tout flammes.
Et ton nom, encore inconnu de tous,
Eclata dans une salle moite, vrai tonnerre !
Pour, à présent connu de tout un pays, de tous,
Retentir aujourd’hui, cri de guerre !