J'ai sursauté à la lecture de l'article de Caroline Montpetit dans le Devoir de ce matin à propos de l'autodafé d'un livre canadien portant le titre original d'un ouvrage publié au 18e siècle dans lequel il y a le mot nègre. Il y a quand même des limites à l'absurdité, non ?
Voici l'article en question :
Les associations d'écrivains P.E.N. Québec et P.E.N. Canada (P.E.N. pour «poets, essayists, novelists»), comme d'ailleurs la Writers' Union of Canada, se sont vigoureusement opposés hier à l'autodafé, à Amsterdam, de la couverture du livre de l'auteur canadien Lawrence Hill, intitulé originalement Book of Negroes, et traduit en néerlandais sous le titre Negerboek. Cet autodafé a été mené par une organisation d'amitié Suriname-Pays-Bas pour protester contre l'usage du mot «neger», ou «nègre», dans le titre du livre. Or, Book of Negroes est le titre original d'un document du XVIIIe siècle, dont s'inspire ce roman qui décrit la vie d'Afro-Américains à l'époque de l'esclavage.
Pour sa part, Roy Groenberg, le président de l'organisme néerlandais Fédération pour l'honneur et la réparation de l'esclavage au Suriname, exige que l'éditeur néerlandais retire le livre du marché sans quoi l'organisation procédera à d'autres autodafés. «L'autodafé représente la censure sous son pire jour, dit Greg Hollingshead, le président de la Writers' Union of Canada. Nous reconnaissons la sensibilité qui existe au sujet de l'usage du mot "nègre" dans le titre du livre, mais Book of Negroes est un document réel et Lawrence Hill l'a utilisé délibérément pour souligner le destin des Africains-Américains qui ont quitté New York pour la Nouvelle-Écosse en 1783.»
Au Québec, le livre de M. Hill a été traduit sous le titre Aminata, aux éditions de la Pleine Lune, tandis que l'édition américaine a préféré retenir le titre Someone Knows my Name, évitant ainsi la controverse.