Lettre ouverte aux journalistes français malades du pouvoir

Si vous êtes un ou une vraie journaliste, de celles et ceux qui font leur travail d’investigation, de recherche, d’analyse et d’information, vous ne vous sentirez ni blessé ni visé par ce texte. Au contraire, vous le validerez. Mais combien êtes-vous ? Ou êtes-vous ? Certainement pas sur les chaînes de télévision dont dispose le peuple français pour « s’informer ».

Dérive journalistique

La dérive journalistique en France est à son zénith ! On ne voit même pas comment la majeure partie de cette profession peut aller plus loin dans la diffamation et dans l’abject.

Tout est prétexte à s’en prendre à un homme, sur tous les plateaux, non stop, avec des arguments fallacieux et une montée en puissance incroyable dans le dénigrement et la diffamation !

Il suffit qu’un hurluberlu ou qu’une écervelée commence à prononcer une phrase du genre « camper c’est antisémite » ou « ce tweet c’est mettre une cible dans le dos » pour que les accusations et les diffamations suivent une courbe exponentielle sans aucune analyse, même sommaire, de la réalité des faits et des paroles écrites par, en l’occurrence, Jean-Luc Mélenchon puisque, vous l’avez compris, il s’agit de lui.

Pour vous, maîtres et maîtresses des plateaux de télé, l’histoire commence toujours au moment ou Jean-Luc Mélenchon réagit. S’il réagit, c’est à quelque chose mais vous occultez totalement ce quelque chose pour ne parler que de sa réaction que vous présentez comme si elle ne partait de rien, comme si elle n’était qu’une lubie qui le prendrait sans raison et sans contexte.
Vous journalistes, éditorialistes et experts en tout genre savez très bien quelles sont les causes des diverses réactions de Jean-Luc Mélenchon, nous ne vous prenons pas pour des imbéciles pour en douter mais vous refusez de parler de ces causes qui vous gênent et donnent raison aux réactions de Mélenchon. Vous choisissez délibérément de surenchérir dans les accusations qui vont de le traiter de malade mental à manipulateur du genre Trump.

Mettre une cible sur Mélenchon

Sur les plateaux c’est à celle et à celui qui ira le plus loin dans la loufoquerie accusatrice ! Comment ne pas parler de loufoquerie, de dinguerie, lorsqu’on entend des personnes présentées comme très sérieuses (historiens, analystes politiques, etc.) aller jusqu’à dire que Mélenchon souhaite une guerre civile et qu’il serait responsable s’il arrivait quelque chose à une journaliste qu’il a simplement critiquée parce qu’elle a menti et tenté de manipuler l’opinion en direct face à un député insoumis ?

Vous renversez les rôles ! S’il arrive quelque chose à Mélenchon, vous, les journalistes qui intégrez cette meute (quel autre mot?), en serez en grande partie responsables. Vous le présentez comme une personne nuisible à la société, nuisible à la République, nuisible à la France, comme une personne à éliminer de la scène politique. Que croyez-vous que puisse être le résultat ? Vous mettez en danger cet homme et celles et ceux qui le soutiennent et l’entourent. L’extrême droite a déjà attaqué des élus, fait brûler leurs maisons, lancé des menaces de mort, fomenté des attentats contre des personnalités de gauche, dont Mélenchon et ce n’est pas des « on dit » puisque des personnes ont été lourdement condamnées pour ça.
Avez-vous un seul exemple de menace de mort envoyée par des insoumis ? Un seul exemple ? Non, il n’y en a pas !

Le tweet de Mélenchon envers Ruth Elkrief ne contenait aucune menace, il l’accusait d’être de parti pris et de manipuler. Depuis quand accuser une personne de manipulation serait la menacer ?
Ou alors si c’est le cas, vous même passez donc votre temps à menacer Mélenchon puisque vous l’accusez du pire du pire !

Il se trouve bien peu de vrais journalistes pour remettre les choses à leur place et dire publiquement : STOP ! Stop à cet acharnement, à ces procès d’intention incessants devant des procureurs et des avocats à charge et quasiment jamais personne sur aucun plateau en défense de l’accusé Mélenchon !

L'antisémitisme est un délit, pas une accusation en l'air

Accusé d’antisémitisme par exemple. Accusé dans les émissions télé, accusé sur les réseaux sociaux par une caste de gens qui se prennent pour l’élite de ce pays et qui ne sont que les vassaux et les serviteurs du pouvoir de l’argent. Etre du côté du pouvoir ne fait pas de vous une élite, bien au contraire. Mélenchon antisémite ? Pourtant aucune dénonciation à la justice, aucune plainte sur ce sujet, même Yaël Braun-Pivet a finalement reculé devant son désir premier de porter plainte suite à cette polémique ridicule à partir du mot « camper ».
L’antisémitisme étant un délit en France, dénoncez-le donc par les voies judiciaires et tout sera éclairci une bonne fois pour toutes. Mais personne ne le fera, même pas Meyer Habib pour qui quasiment tout le monde est antisémite du moment qu’on ne prosterne pas devant Netanyahu. Souvenez-vous qu’en mars 2015, le tribunal correctionnel de Paris a condamné Alain Juppé, Jean-François Copé et Nathalie Kosciusko-Morizet pour avoir taxé publiquement Jean-Luc Mélenchon d’accointances antisémites, en juin 2012

Il est pourtant normal et parfaitement sain de pointer du doigt quand il y a des abus et des anomalies dans le fonctionnement d’une institution ou d’une corporation. De même qu’il faut dénoncer les dérives policières pour assainir la police et faire qu’elle devienne une vraie police républicaine, de même il faut dénoncer les dérives médiatiques afin que la sphère médiatique redevienne une instance au service de la population comme c’est son rôle et non pas au service des divers pouvoirs politiques et financiers comme elle l’est devenue.

Non respect de la charte de déontologie du journalisme

Malgré la charte de déontologie du journalisme, publiée un peu partout et notamment sur le site du Syndicat National du Journalisme, la sphère supérieure médiatique se range toujours du côté d’un ou d’une journaliste que l’on a critiqué la plupart du temps à juste titre comme c’est le cas pour Ruth Elkrief. Pourtant, le minimum serait de demander à tout journaliste ou assimilé de vraiment respecter cette charte pour avoir le droit d’être soutenu.
Soutenir un ou une journaliste qui se croit au dessus de cette charte revient à salir le métier de journaliste.
Ce qui est surprenant, c’est que le soutien que la corporation des journalistes apporte inconditionnellement aux journalistes bien installés dans le système n’est pas apporté à tous les journalistes, notamment à celles et ceux qui en ont réellement besoin. Non, ce soutien n’est réservé qu’aux professionnels qui sont contredits ou critiqués par l’opposition politique ou par, plus généralement, les personnes qui défendent les intérêts des plus faibles.

Soutiens à géométrie variable  

Qu’avez-vous fait, vous, journalistes français pour soutenir Julian Assange alors qu’il est puni et martyrisé pour avoir fait un réel travail de journalisme ? Combien d’entre vous l’ont défendu ? Combien d’émissions spéciales, combien de grèves, combien d’articles, combien de dénonciation du système qui le broie ? Seul Mélenchon et la FI ont demandé à ce que la France le protège en le naturalisant français parce que Julian Assange a rendu service à la France en dénonçant, avec preuves à l’appui, l’espionnage dont l’état français était victime. Aucune pétition de journalistes, aucun article pour réclamer la même chose que Mélenchon. Le choix des médias était fait : on défend le puissant, pas le journaliste qui dénonce le puissant.

Exemple tout frais : la jeune journaliste Barbara Olivier-Zandronis a été « écartée » du JT de la station de radio RCI (Radio Caraïbes International) suite à une interview de Jordan Bardella.
Il est bien facile de comparer l’attitude de cette journaliste avec celle de Ruth Elkrief face à Manuel Bompard.
Alors que Ruth Elkrief a utilisé le mensonge et des affirmations toutes personnelles, Barbara Olivier-Zandronis a rappelé des faits avérés (des paroles prononcées par Bardella et un vote du RN au parlement européen), les questions était pertinentes et ont déplu à Bardella, elle lui a pourtant totalement laissé dérouler ses réponses sans l’interrompre, ce que n’a absolument pas fait Ruth Elkrief avec Manuel Bompard.

Que lit-on dans les journaux au sujet de la mise à l’écart de madame Olivier-Zandronis ? « une journaliste (son nom n’est jamais mentionné dans les titres) écartée du JT... ».
Lors de l’émission « Les 4V » de ce matin 11 décembre, le journaliste de France 2 Thomas Sotto dit à Manuel Bompard « vous voyez, on en parle » ! Oui mais il y a un fossé entre « en parler » et « soutenir ».
Et quelle est la réaction de Ruth Elkrief qui a eu droit, elle, à une émission entière pour cracher sur la FI suite au tweet de Mélenchon ? Quasiment aucune. Elkrief n’a même pas rédigé un tweet personnel en soutien à sa consœur, elle a juste retweeté :

On voit bien pourquoi Elkrief retweete : elle se sent concernée alors que pour elle, on ne peut pas parler de simple pugnacité mais d'acharnement, ce qu’elle n’admet, bien sûr, pas.

Récemment, combien d’entre vous, journalistes, ont soutenu votre confrère Mohammed Kaci, de TV5, « rappelé à l’ordre » parce qu’il a poussé dans ses retranchements le porte-parole de Tsahal ? Pourtant il est allé mille fois moins loin à l’encontre de son invité que Ruth Elkrief à l’encontre de Manuel Bompard le 3 décembre sur LCI.
Monsieur Kaci n’a pas utilisé la forme affirmative donc il a bel et bien respecté son rôle en posant une question, certes pour mettre mal à l’aise son interlocuteur mais il a posé une question, ce qui est parfaitement le rôle d’un journaliste. Madame Elkrief, elle, a fait trois affirmations mensongères avant de poser une question qui avait exactement le même but que celle de Kaci envers son invité : le mettre mal à l’aise. Le problème n’était donc pas la question posée par Ruth Elkrief mais ses affirmations mensongères précédant la question que Manuel Bompard a dû prendre plusieurs minutes à corriger et encore en étant sans cesse interrompu par la journaliste.

Pour Kaci ou pour Olivier-Zandronis c’était un non respect des règles journalistiques mais pas pour Elkrief ? Allons !

L'affaire Kaci nous amène au traitement de l’information concernant ce qui se passe au Proche-Orient.
Scheerpost, journal indépendant américain vient de publier une tribune traduite en français par le média francophone belge Investig’Action.
La tribune s’intitule « Pourquoi les journalistes doivent dénoncer ce qui se passe à Gaza ».
Cette tribune donne des informations très précises sur les dérives de l’armée israélienne contre les journalistes qui couvrent les événements à Gaza. Elle commence ainsi :
« Des journalistes et des professionnels des médias signent cette carte blanche pour alerter leurs consœurs et leurs confrères. Depuis le début de la guerre à Gaza, Israël cible les journalistes – tout en bloquant les canaux de communication. Au moins 75 d’entre eux ont déjà perdu la vie. Les signataires de cette carte expliquent pourquoi ce qui se passe à Gaza est particulièrement grave et nous concerne tous. Ils appellent la profession à réagir. »

Une des phrases à retenir est celle-ci :
« La situation est devenue si grave que les journalistes et les professionnels des médias ne portent plus de gilets de presse pour éviter d’être pris pour cible par l’armée israélienne. »

Ces journalistes-là ne sont pas victimes d’un recadrage par tweet mais victimes réelles dans leur chair. Ou est donc votre compassion, ou est donc votre esprit de corporation pour ces journalistes-là ? Quand en parlez-vous ? Quand vous indignez-vous ? Quand en faites-vous le sujet d’une soirée télévisée ?

Eux font leur travail, vous qui passez plus de temps à criminaliser Mélenchon ou tel ou telle de la FI, vous ne faites pas un travail de journaliste, si vous le faisiez, vous auriez regardé et analysé objectivement l’interview de Manuel Bompard par Ruth Elkrief, vous auriez trouvé le tweet de Jean-Luc Mélenchon tout à fait justifié. Vous en auriez peut-être critiqué la forme mais vous auriez été obligés d’être d’accord sur le fond. Et s’il se trouve que vous avez fait l’effort de regarder cette interview et que votre seule réaction est d’accuser Mélenchon de tous les maux, c’est encore pire, parce que vous montrez là votre soumission au système, votre lâcheté et votre total mépris pour le public qui vous écoute ou vous lit.

Respectez votre métier et vos lecteurs et auditeurs

Alors, nous, celles et ceux des Français qui veulent une véritable information et pas une ambiance de tribunal d’inquisition à chaque émission télé, nous vous demandons à vous, journalistes, de vous ressaisir, de nous respecter et de respecter le titre que vous portez, celui de « journaliste », un beau métier que beaucoup d’entre vous rabaissent au rang de propagandiste.
On ne démolit pas un adversaire politique en utilisant la diffamation, les mensonges et la désinformation. Si vous n’êtes pas d’accord avec la vision politique que défend Jean-Luc Mélenchon, posez vos questions sur le programme de la France Insoumise, poussez vos invités à détailler ce programme et démontrez, si vous en avez les arguments, que ce programme n’est pas bon pour le pays.

De plus en plus de gens se rendent compte, n’en doutez pas. Déclencher la haine contre Mélenchon et plus largement contre les Insoumis n’est pas apprécié par tout le monde y compris par des gens qui ne votent pas LFI. Le degré d’infamie auquel certains et certaines d’entre vous parviennent stupéfie beaucoup de gens. La haine est plus facile à faire monter que la réflexion, on le sait, mais tout le monde n’est pas sujet à s’abaisser à haïr ce qu’on leur dit d’haïr.
Les médias veulent que le peuple haïsse Mélenchon parce que Mélenchon est justement le défenseur des intérêts du peuple et que ça n’arrange pas les grands possédants et ceux qui s’abritent derrière eux et vivent par eux.
Mais les gens du peuple ne sont pas tous si facilement manipulables. Beaucoup voient la grossièreté de votre jeu et se tournent, logiquement, vers la source ; c’est-à-dire qu’ils s’abonnent aux réseaux sociaux des insoumis.

Un exemple : la chaîne Youtube de Jean-Luc Mélenchon a acquis 8000 abonnés par semaine depuis ces quatre dernières semaines et une moyenne de 1000 abonnés par jour depuis mi-octobre.

Nous demandons seulement que vous, journalistes, respectiez la charte de déontologie de votre métier. Est-ce trop vous demander ?

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A LIRE : la dernière note de blog de Jean-Luc Mélenchon "de leur aveuglement volontaire"