Lors de l'entretien sur France 2 du 27 octobre 2022, Karine Baste demande à Jean-Luc Mélenchon s'il ne pense pas que les français sont fatigués de la "gué-guerre" à l'Assemblée...
Oui madame, nombre de Français comme moi sont fatigués, fatigués de votre allégeance à Macron et de votre propagande antiparlementaire.
Je suppose que vous savez, madame Baste, que Macron a été élu par à peine 19 millions de Français au second tour (soit 37,5 % des inscrits) et seulement 9,7 millions de voix au premier tour (soit 20% des inscrits). Notre système électoral le fait président de la République, soit, mais il n'obtient absolument pas l'approbation d'une majorité de Français, loin de là.
Veuillez donc respecter les 35 millions de personnes qui ont posé dans l'urne, au premier tour, un bulletin autre que celui d'Emmanuel Macron (soit 72,92% des inscrits).
Ces électeurs qui n'ont pas choisi Macron au premier tour ,ont ensuite élu des députés justement pour faire contrepoids avec l'exécutif dirigé par Macron.
Lors de ces législatives, le parti présidentiel n'a pas obtenu la majorité. Il a certes plus de députés que chacun des autres groupes, ce que vous appelez abusivement une majorité "relative". Une majorité est une majorité, elle est ou elle n'est pas. Relative ? relative à quoi ? Ce mot ne veut rien dire. Les oppositions, dans leur ensemble, ont plus de députés que la majorité présidentielle.
Alors souffrez, madame, que nous qui avons élu des députés d'opposition, nous leur demandons de défendre pied à pied NOTRE point de vue. C'est pour ça que nous les avons élus et que nous acceptons qu'une partie de nos impôts aillent à leur indemnité de parlementaires.
A quoi bon des députés s'ils ne sont là que pour dire amen à tout ce que veut le gouvernement ?
Jean-Luc Mélenchon vous a demandé si vous préféreriez une dictature, vous avez répondu que non. Alors soyez cohérente avec ce "non" au lieu de reprendre la pensée du président qui s'agace que tout le monde ne lui baise pas les pieds. Les démarches et propos anti parlementaires nous amènent à un pouvoir autoritaire (combien de 49.3 vont être décrétés sans que vous ne vous en émouviez?) insupportable et c'est cet autoritarisme que vous devirez dénoncer au lieu de l'encenser.
Nous payons aussi (du moins pour le moment) une redevance télé qui sert à payer votre salaire et nous refusons des journalistes qui se permettent de mépriser les débats à l'Assemblée Nationale en les traitant de "gué-guerre". Les députés ne sont pas des enfants, les électeurs non plus. Et ce n'est pas parce que Macron agit et s'exprime, lui, en enfant gâté à qui on n'a jamais dit non que vous devez vous soutenir ses caprices.
Transcription de l'extrait de l'entretien :
KB : Il nous reste 20 secondes à peine, je voulais me permettre cette question monsieur Mélenchon : est-ce que vous ne pensez pas que les personnes qui nous regardent ce soir, les téléspectateurs, les Français, en ont assez de tout ça, de cette "gué-guerre" interne finalement...
JLM : mais non, mais je ne vous permets pas... la "gué-guerre" qu'est-ce que ça veut dire ?
KB (couvrant la réponse de JLM) : Ce sont... je parle de "gué-guerre" volontairement parce que, finalement, tout ce qui se passe à l'Assemblée, ces tensions à l'Assemblée,
JLM : Vous savez quoi...
KB : ça n'aide pas les citoyens et leurs attentes...
JLM : Mais qu'est-ce que vous voudriez, madame ?
KB : je vous demande justement qu'est-ce que vous en pensez.
JLM : Mais moi je vous répond : y'a un anti parlementarisme qui finit par être dangereux. Une assemblée nationale discute, que les gens polémiquent c'est dans l'ordre des choses, c'est fait pour ça, ça s'appelle "parlement"
KB : absolument
JLM : Donc on parle, y'a une opposition, y'a une majorité, on vote et non, les gens ne sont pas fatigués, pardon les gens n'ont pas à être fatigués. C'est la démocratie, vous voulez quoi, une dictature ?
KB : Ah, certainement pas ! Au contraire
JLM : vous voulez qu'on obéisse au président de la République ? Bien sûr que non vous ne le voulez pas...
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