Nos gueules, les vieux !(Mouvement d'humeur)
On rapporte qu’un énorme marteau
était suspendu au mur des cabanes vikings.
C’était pour tuer les vieux
devenus inutiles ou insupportables.
Evidemment.
Les « baby-boomers » en arrivent maintenant aux propos séniles.
On a eu 20 ans en 1968 et, en 2009, on commence ses phrases par le vieux lamento : « pour un homme de ma génération, que les élèves restent assis à l’arrivée de leur professeur[1], eh bien, ça me fait mal quelque part ». Sic.
Les récits sur la société française de la seconde moitié du 20e siècle ne seront bientôt plus accessibles à nos enfants qu’à travers nos borborygmes et flatulences de pensionnaires d’hospices médicalisés. Il est donc encore temps, lorsque mon contemporain baby boomer et sexagénaire se laisse aller à cette rengaine de « vieux c.. », de témoigner qu’il s’agit là d’une imposture. Qui achève de détruire tout ascendant dont il pourrait se targuer sur les jeunes générations. Et qui est indigne de leur indulgence. Voilà pourquoi M. Régis Debray n’a rien de vénérable : parce que le « vieillisme », ça se mérite.
J’ignore si nos grands-parents dans les tranchées, ou nos parents dans la France occupée, se sont comportés aussi bien qu’ils l’ont dit. Mais s’agissant de mes contemporains et de moi, je sais que nous avons lamentablement pensé, agi, vécu.
Pour l’essentiel, notre génération a déshonoré le progressisme, elle a diabolisé l’idée même de changement socio-politique réel, sa simple perspective: elle a fait le lit de la TINA[2].
Les « papys » d’aujourd’hui, ont tout fait en leur jeune temps pour ressembler à la caricature de droite de l’homme de gauche : veule, cupide, paresseux, incivique, futile, lâche, de mauvaise foi, amoral, débauché, irresponsable, égocentrique, au couteau entre les dents. Aussi les prédictions du siècle dernier sur la France d’aujourd’hui qui se sont vérifiées, les historiens ne les trouveront pas dans les actes et les œuvres de Sartre[3], Merleau-Ponty, Camus[4], Mounier, Althusser, Foucault[5], Barthes, dans notre sociologie gâteuse et pontifiante[6], dans les enquêtes de l’Ecole de Francfort, ou encore chez Messieurs Aragon ou Leiris poètes[7], dans la peinture de B. Buffet ou celle de G. Matthieu.. Mais dans la presse « grand public » et même « vulgaire » de l’époque, dans L’Aurore, Minute, Paris Match, Le Parisien, Le Hérisson, les éditoriaux du Figaro[8], autour du zinc, les diatribes de Pierre Poujade, Jean Royer, Le Pen, les pamphlets d’Occident, de Pierre Gaxotte, Jean Grandmougin, Raymond Cartier, Jean Cau, Ionesco, Maurice Druon ou Michel Droit..., dans cette veine pétainisto-prudhommesque-pompidolienne, qui excite d’ailleurs en nous, aujourd’hui, tant de nostalgie.
Pour se prononcer sur Aristote ou Kant sans se tromper, il faut les lire. Mais pour savoir à coup sûr si Heidegger s’est mis le doigt dans l’œil sur ce 20e siècle dont il est « le plus grand penseur », il suffit à n’importe qui de mépriser les intellectuels en général et les philosophes en particulier. Elle avait tort, la commère qui raillait Thalès "l'intello" qui était tombé dans un puits, puisque ce distrait savait prévoir le temps. Pour se payer la tête de Heidegger, même plus la peine d’attendre : il n’a rien prévu. En philosophie comme ailleurs, c’est le désintérêt pour la vérité qui met dans le vrai.
Finalement, ils avaient dit vrai: Kravchenko sur les camps, les «assassins fascistes » sur les époux Rosenberg, Ridgway la « peste », sur la guerre de Corée, sur Castro, les mercenaires anti-castristes de la Baie des cochons, et n’importe qui en soupçonnant que le « Mouvement pour la Paix » était manipulé par Moscou. Jusqu’à tous ces cancres qui confondaient Russie et URSS.
Notre communisme n’a mis fin à aucune guerre coloniale[9] ; il a simplement fait rigoler Staline et son gang. Il a moins gêné l’armée américaine au Viet-nam qu’un certain discours de Pnomh-Pen. Pas plus que notre anticommunisme ultérieur ne trouvera à redire chez Pol Pot, ou ne fera tomber le mur de Berlin. Ce sera cet autre anticommunisme, que nous trouvions si « maléfique », du si abominable Reagan et de la si criminelle CIA, qui viendra à bout de l’Urss[10]. Les moqueries les plus navrantes sur nos velléités de clochardisation du Larzac et autres lieux (« touche-pipi-cannabis »), se sont avérées pleinement justifiées. Nous avons pris pour une « révolution sexuelle » ce que la gauloiserie du gros bon sens avait interprété aussitôt, trivialement mais, hélas fort exactement, comme une poussée pubertaire et un risque d’aggravation de la propagation des maladies sexuelles. À qui la tragédie du Sida a-t-elle donné tort, si ce n’est à l’imbécile moyen ? C’est une vérité qui blesse, mais enfin, si indispensable soit-il, le préservatif n’est pas une avancée technologique de la fin du 20e siècle.
L’écologie : produit d’avenir, certes, mais ici encore d’importation. D’importation hier, puisque nos maîtres vénérés n’y avaient même pas songé[11]. Et surtout pour demain, puisque, du coup, en la matière, tout se décidera dans les bureaux de Washington et de Pékin. Sous les pavés ? Paris-Plage.
L’Union européenne ? Elle ne résulte pas d’un utopisme « généreux » de nos maîtres à penser autour du « charbon et de l’acier ». Elle n’aurait jamais vu le jour sans la menace des blindés de l’Armée rouge à deux heures de chez nous[12]. Et maintenant que ces chars semblent occupés ailleurs, cette Europe qui, du coup, piétine dans les égoïsmes économiques nationaux sans jamais passer à la politique et à la culture, il nous faut bien l’imposer autrement aux peuples. En bafouant la démocratie la plus élémentaire.
Ne nous en déplaise encore, sur l’essentiel, y compris les libertés, c’est la droite qui a eu raison, et c’est nous qui avons eu tort. C’est d’ailleurs là que gît la clef du grotesque succès électoral, en France et en 2007, de l’équipe de droite la plus rétrograde qu’on ait vue depuis Pétain[13]. Et désormais la plus clairement démentie par les faits. Camus, comme s'il craignait sans cesse de ne pas paraître assez probe, écrivait : « Si la vérité me paraissait à droite, j’y serais ». Eh bien, mon pote, c’est fait.
Tout ce qu’une droite pourra jamais donner, le gouvernement de Vichy l’avait exposé en détail, quatre ans durant. L’échec ignominieux de cette expérience répugnante avait de quoi nous épargner son actuel retour, celui de sa veulerie, de son incompétence, de son obscurantisme, de son racisme sournois et implacable, de sa techno-bureaucratie, de sa vénalité, pour tout dire, de son indifférence radicale à l’universel. Seulement voilà : par nos sottises moutonnières, nous avons réussi à faire oublier ce désaveu définitif de 1945. Et à en faire le modèle inavoué de notre « modernité »[14]. En donnant tous, tête baissée, dans toutes les imbécillités disponibles[15].
Dans une succession de modes intellectuelles parfaitement dogmatiques. Tous, au point de ne supporter aucune contradiction. Avec l’existentialisme, ou dans les « séminaires » de Lacan ou de Derrida, il n’était pas question qu’une tête dépassât. Ailleurs non plus. Staline, Mao : anges et puis démons, mais toujours à l’unanimité. Idem Lyssenko. Du maoïsme ou de l’anti-maoïsme français, quelle fut la plus sinistre clownerie ? Peut-être les cols mao des lacano-structuralistes. Peu importait : ici comme là, c’était « silence dans les rangs », on se cherchait vainement des ennemis[16]. Jusqu’au prochain retournement de tendance.
Nous avons fait la révolution ? Mais, pour partir en week-end, n’étions-nous pas unanimes, en mai 1968, à interrompre toutes les semaines ce grand mouvement social? Nous nous arrachions Lévi-Strauss (Claude, pas le pantalon) en nous gardant bien de le lire, tant il nous mettait à nu[17]. Foucault se vendait aussi fort bien, lui qui reprenait à son compte les plus vulgaires sarcasmes de cette droite, qui triomphe aujourd’hui faute d’adversaire[18]. N’en déplaise à l’ancien combattant M. Badiou, il ne suffit pas qu’on ait pris acte, en 1968, de quelques modifications des mœurs, contre les routines des pouvoirs établis politiques, syndicaux et culturels, pour que se soit opéré un changement substantiel et a fortiori révolutionnaire. Les rapports de force de ces évènements ne valent pas comme vérification expérimentale de la validité du concept de lutte des classes.
La dénonciation situationniste de la grande machine du spectacle et de la marchandise était tellement «radicale », qu’il n’y avait plus le moindre espoir d’en sortir. Et cette impossibilité avait pour nous quelque chose de délicieux.
Ce qui fait peur, désormais, dans la révolution, ce n’est pas de s’engager, de prendre des risques (car cela tient du réflexe, et les occasions de révolte sont de plus en plus nombreuses) : c’est d’agir. Ce n’est pas de défiler et de manifester (ce qui peut être fort risqué et courageux) ; car elle a porté, la leçon de notre Saint-Exupéry (repris par notre Merleau-Ponty), qui prisait fort le sacrifice de soi. Non. Ce qui répugne, c’est de faire la révolution au sens où on fait la guerre : c’est concrètement la capacité de faire prendre des risques à autrui, de tuer éventuellement ce qui fait obstacle. En 1789, la prise de la Bastille, ce fut aussi le massacre des « flics » qui y étaient encasernés, la décapitation de leurs chefs, sur le trottoir et avec un canif. Mais de 1968 à 2000, pas un coup de feu venu des manifestants. Quand bien même on nous tuait un Oussékine. Tout au plus du fantasme : celui foucaldo-debordien d’un massacre à la Manson[19]. Sortis de là, nous sommes restés transis par notre maître à sentir Camus, celui qui avait pontifié : pas question, pour dépasser l’injustice, d’en commettre à nouveau[20]. Sur Tien-an-Men, ce fut Woodstock. Un copain avait fait une tache d’encre sur le portrait de Mao. En le livrant aux flics qui allaient nous massacrer le lendemain, nous nous sommes résignés à la victoire de l’injustice. La révolution, celle de la lutte des classes, ne s’accomplit pas sans risque de mort pour ceux qui s’y opposent, aussi. Elle a en commun avec la guerre ce qu’un connaisseur disait de celle-ci : qu’« elle ne consiste pas à mourir pour sa patrie, mais à faire en sorte que le pauvre crétin d’en face meure pour la sienne »[21]. C’est l’ignorer qui conduit à la Terreur.
Unanimes étions-nous donc encore à défiler sous des banderoles aussi imbéciles que : « mon enfant, c’est mon corps » - et en compagnie de prix Nobel de biologie. Ou derrière des pancartes du genre : « CRS = SS » - et avec des historiens! Unanimes aussi (anti-cléricaux compris) à nous extasier sur les « audaces » d’un concile et d’un pape[22] qui nous autorisaient à tutoyer le Bon Dieu en français, appuyés par un régiment de théologiens courant à la soupe?
Unanimité de la trouille cimentée par la cupidité. Car il en est allé aussi de la prise en main par les médiocres d’une multitude de petits ou grands leviers de commande institutionnels (commissions, jurys, comités, syndicats, administrations, medias et autres antichambres du pouvoir). Combien de carrières personnelles tiennent leur continuité de ces opportunes palinodies idéologiques ? Le gaullisme fut moins significatif que notre antigaullisme entêté. Ce dernier a été trop increvable, trop largement et durablement partagé, dès 1940, par tout ce qui avait rente ou statut - et si ennemis qu’ils aient été par ailleurs les uns des autres- pour qu’il n’ait pas eu sa racine dans cette phobie transversale voire universelle de la dissidence individuelle. Nous ne comprendrons jamais qu’un général à l’essai ait pu désobéir à un maréchal. Dans cette vieille collusion sournoise et spontanée de tous contre le « vilain canard », contre le-plus-malin-que-les-autres, contre le héros dont on a tâché de dissiper l'ombre qu'il nous faisait en l'enterrant comme soldat inconnu. Dans cette complicité qui est, dès l’enfance, un des plus confortables délices de la douillette servitude volontaire[23]. Piloris des surréalistes, autocritiques publiques des staliniens, plagiat des nouveaux procès de Moscou ou de La Havane, mise au pas des prêtres ouvriers ou évolutionnistes[24], etc. A tout cela, n’y eut que quelques « hurluberlus » pour trouver à redire. Mais ces Rousset, Vidal-Naquet, La Bollardière ou Ellul ne firent pas le printemps : aucun effet d’entraînement. Ce qui sauva les libertés (contre toute logique), c’est qu’aux unanimistes que nous avons été ne manqua que le bras séculier idoine, et l’Etat qui va avec. Par accident, il se trouva un vieux général[25] aidé de CRS patients pour ne pas laisser nos maîtres à penser s’emparer de Matignon, et Sartre disposer du Ministère de l’Intérieur[26]. Mais au moins, la douce puanteur du terrier fut-elle préservée des courants d’air.
Il y eut bien les « déviations » courageuses de certains d’entre nous (les « porteurs de valises » pendant la guerre d’Algérie, les auxiliaires des dissidents, les défenseurs des « peuples en lutte »). Mais cela même a dégénéré si souvent en compromissions entêtées envers et contre tout bon sens, en défense inconditionnelle de tout pouvoir auto proclamé révolutionnaire, qu’il fût algérien, cubain, russe, roumain, lybien, cambodgien, polonais, congolais, iranien[27]... Force est de constater que ce sont aujourd’hui les sophismes de l’extrême-droite qui font référence jusque chez les « progressistes » en matière d’immigration : où est la doctrine sociale démocrate des flux migratoires ?
La lucidité, la capacité à « voir venir » n’est pas un luxe. Son absence détruit le magistère, celui des intellectuels, des gouvernants, non moins que celui des pères et grands pères que nous sommes désormais. C’est pourquoi notre génération ne mérite que la censure. Et même l’auto censure. Déjà les blogs sur le point de croix sont parmi ceux que nous fréquentons le plus. Oublions nous nous-mêmes dès avant que de nous oublier sous nous-mêmes. Avec Alzheimer, nous avons décidément trouvé la maladie qu’il nous fallait. Avant de disparaître physiquement, déjà, nous disparaissons historiquement. Un « légume » ne sera pas un ancien combattant crédible. Debord vient d’être momifié en « richesse nationale » : mesure de salut public.
Les chiens ne font pas des chats. Nos enfants, eux, sont nés carrément à droite, dès les fantasmes de leurs géniteurs. Les inhibitions révolutionnaires de nos descendants de l’an 2009 sont manifestes. C’est de nous qu’ils les tiennent, comme une seconde nature. D’ailleurs, nous ne le déplorons pas vraiment. Au point que, ces temps-ci, les possédants eux-mêmes n’en reviennent pas de tant de docilité en réponse à tant d’iniquité et d’absurdité -et si criantes. On en arrive à se demander quelle quantité invraisemblable de frustrations et dégâts humains, conduisant à quel déferlement de violence, sera nécessaire pour rompre avec le statu-quo actuel -cause de souffrances sociales de moins en moins tenables[28]. C’est nous, « les hommes de ma génération », qui leur avons mis en tête que tout engagement politique, toute ébauche de révolte sociale étaient la cause unique, mécanique et fatale de nouvelles tyrannies, de guerres civiles, de fosses communes, d’Auschwitz, du Goulag ou des « Khmers rouges »[29]. Comme si le fait de nous être trompés sur tout et en tout nous avait subitement qualifiés pour leur faire la leçon. Ce fut le festival de l’expertise des repentis, ie des faillis et des déshonorés totalitaires. À la manière de cet ex-chanteur stalinien des « Feuilles mortes » qui finit en enseignant à la télévision, sur un ton d’évidence, le libéralisme de Reagan[30].
Rien ne nous autorise aujourd’hui à invoquer notre « bon vieux temps à nous », en opposition aux chagrins du présent : ce chagrin, c’est nous qui l’avons fait. Souhaitons qu’il s’éclipse avec nous, et même un peu avant. Nos vraies valeurs, elles se sont incarnées dans nos enfants, comme elles se sont exprimées dans notre cinéma[31]. Certains s’étonnent que nous ayons pu engendrer tant d’enfants dénués d’esprit critique, tantôt apolitiques, « j’menfoutistes » sur tous sujets (sauf addictions diverses), tantôt traditionalistes, voire négationnistes , un peu « navets »? Mais que pouvait bien produire d’autre l’arrogance dans l’obscurantisme tous azimuts de notre « héroïque » puberté ?
Alors, dès à présent : « Nos gueules, les vieux ! »
[1] Ou : ne votent pas, tâtent de la cocaïne, disent du mal des noirs et des juifs, n’aiment pas l’école, ne croient plus en rien sauf l’argent, etc.
[2] Le « There Is No Alternative » de Madame Thatcher. < P. Laval, 1943 : « je fais la seule politique possible » : « P. Laval est la dernière chance de la France » (affiche de 1943). Cf. "N. Sarkozy est la dernière chance de la France » (article de Marcel Gauchet 2007)>.
[3] Ils auront du mal à comprendre, par exemple, la désertification des campagnes françaises s’ils ne lisent que ce philosophe, qui en 1954, niait « lucidement » l’exode rural (Les Communistes et la paix, 3e partie) –aussi lucidement que l’existence des camps soviétiques (« cette existence, pourquoi nous embarrasserait-elle ? », Temps Modernes, août 1952). Rappelons simplement que l'exode rural est en Europe l'un des évènements les plus décisifs depuis le Néolithique.
[4] L’Homme révolté doit rejeter la révolution et ses horreurs ? Bon, d’accord, Camus a gagné. Mais maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? Le silence, comme sur l’Algérie ?
[5] Ce professeur sarcastique qui appelait la police au moindre chahut (UER de philosophie, Clermont Ferrand, 1965-66), mais aussi ce journaliste-philosophe chez qui perçait déjà, en 1972, sous son éloge des « Massacres de septembre » (« Nouveau fascisme et nouvelle démocratie », Temps modernes, 1972) cette hyper lucidité qui devait un jour lui inspirer celui de Khomeiny.
[6] Ouvrons au hasard un de ses pavés : «Le café est un lieu où les commentaires de la presse, du cinéma de la radio ou de la télévision permettent à chacun de se faire une opinion » ; c’est signé J. Dumazedier et A. Suffert en 1961.
[7] Monsieur Leiris qui trouve du dernier grossier qu’on lui rappelle ses accointances de naguère et celles de ses amis avec la barbarie stalinienne. « Souvent les poètes mentent » (Platon). Le vieil Aragon, lui au moins, avait fini par reconnaître (en privé) ses forfaits.
[8] Y compris certains de Raymond Aron.
[9] De Gaulle, pour le cas décisif de l’Algérie, après Mendès France pour les cas déjà réglés par la défaite militaire (Indochine) ou les plus simples (Tunisie, Maroc).
[10] « Guerre des étoiles ».
[11] Pas d’écologie sans civisme : ce civisme qui n’a suscité, pendant cinquante ans que leurs sarcasmes et les nôtres. Sauf dans la propagande des diverses extrêmes-droites, qui, elle, en fit son miel et peut maintenant relever la tête. (Radio courtoisie). Notre pauvre substitut au civisme, que nous tenons de Camus, de l’abbé Pierre et d’autres, c’est cette culpabilisation-dolorisation quotidienne et stérile de tous ceux qui n’y peuvent mais : les individus comme vous et moi –tant en matière de sans abri, de pollution, d’épidémie, d’obésité, etc. « Finis ta soupe ; y’a des petits enfants qui meurent de faim au Biafra... ». « en matière de misère les hommes politiques sont de bonne foi ; c’est à chacun d’entre vous de les convaincre » (Abbé Pierre)...
[12] Par la même logique -mais désormais inavouée- qui avait sous-tendu la « croisade » européenne des nazis allemands et français pour la « défense de l’Europe contre le bolchévisme ». Et puisque en 1914 et en 1940, la généreuse Amérique avait pris son temps. Attentisme désormais incompatible avec l’arme nucléaire.
[13] Complaisance pour l’opinion raciste & frénésie de « réformisme » comprises (« révolution nationale », etc.).
[14] Comparez la littérature vichyssoise sur le travail & celle de la France de 2009 : où est l’original, où la copie ? Quel nigaud ignore encore que les élections présidentielles de 1981 & de 2007 ont été des revanches de pétainistes (genre Bousquet) et de l’OAS ? (sur 1981 et 1988, V. J.M. Hieaux, La droite de Dieu, Paris, Seuil, 2005).
[15] Qui étaient autant d’impostures (on peut être imbécile et rusé). C’est faute d’y avoir finalement trouvé de quoi argumenter leur peur élitiste et persistante de la démocratie que MM. Debray, Badiou, Gauchet -qui se croient si différents- ont quitté respectivement castrisme, maoisme, trotskysme,
[16] Comme ce banal notaire de Bruay en Artois, que La Cause du peuple sartrienne voulait « découper en lanières » avant de lui « couper les couilles », ou après. A sa grande surprise.
[17] Toute son œuvre est -aussi- une des plus riches sources les plus fertiles de l'idéologie antidémocratique "moderne". Toute entière à l’appui de la phrase déjà définitive de Tristes Tropiques : « aucune société n’est foncièrement bonne, mais aucune n’est foncièrement mauvaise ; toutes offrent certains avantages à leurs membres, compte tenu d’une iniquité dont l’importance paraît approximativement constante ». Les anarchistes de droite écrivaient, vers 1900 : «Toutes les époques se valent, et aussi tous les régimes, c’est-à-dire qu’ils ne valent rien