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Billet de blog 6 octobre 2016

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Penser/Classer/hiérarchiser :Peut-on hiérarchiser les différentes sortes de violence?

En se livrant à cet examen du strict point de vue de la « santé », qui est celui de l’OMS, on est violemment saisi par le vertige qu’il déclenche...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (voir ci-contre) la violence relève d’une intention d'exercer un rapport de force, un pouvoir, ou une emprise. En 1982, l’O.M.S. proposait cette définition de la violence : « La menace ou l’utilisation intentionnelle de la force physique ou du pouvoir contre soi-même ou contre autrui, contre un groupe ou une communauté qui entraine ou risque d’entraîner un traumatisme ou un décès, des dommages psychologiques ou un mal-développement ou des privations. »

Violence auto-infligée,

Violence interpersonnelle,

Violence collective. 

On peut classer la violence selon diverses catégories. A la façon de Georges Pérec, écrivain passionné par les classements, on court le risque d’être pris par un semblable vertige classificatoire en se livrant à cet examen concernant la violence. Mais il faut avoir en tête que leur perception dépend largement des sociétés où elles s’exercent, qu’elles ne sont pas atemporelles mais profondément historiques.

Selon cette définition de l’OMS, la violence peut-être divisée en violence auto-infligée, en violence interpersonnelle et en violence collective.

La violence auto-infligée  comprend les comportements suicidaires et les sévices que l’on s’inflige à soi-même. Ceux-ci font partie des conduites à risques dirigées contre soi. IIs sont la conséquence de violences infligées par quelqu’un d’autre, et  « oubliées », refoulées. Cette forme d’amnésie, d’origine psychique, agit comme une mise à distance du traumatisme, du mal-être et de l’angoisse qui lui sont liés et qui dans certaines circonstances peuvent ressurgir dans des actes tournés contre soi. Ils ne sont pas punis par la loi.

La violence interpersonnelle et la violence collective, en revanche, sont exercées contre d’autres personnes et sont de ce fait répréhensibles et punies par la loi. 

Laviolence interpersonnelle se divise en deux catégories, d'une part la violence familiale et la violence à l'égard d'un partenaire intime, et d'autre part la violence sociale entre personnes non-apparentées ou qui ne se connaissent pas. Il s'agit de la violence exercée dans des lieux publics, en milieu institutionnel à l'école, au travail, en prison, ou encore en maison de retraite.

Celle-ci peut être politique, religieuse ou liée aux discriminations racistes,  sexistes à l'encontre des femmes, ou à l'orientation sexuelle. Elle relève de la violence d'État, ou de communautés, de groupes  divers  sous forme de guerres, de massacres, d’actes terroristes, de tortures, de viols, de génocide, de déportation, ou encore de violences économiques et sociales comme l’esclavage. 

Dans chacune de ces catégories, la violence peut-être verbale, physique, psychologique, sexuelle ou liée à la négligence et aux privations.


Peut-on prétendre hiérarchiser  ces diverses formes de violence
 

Sur une échelle du pire, de zéro à dix, mettrons-nous à l’extrême de l’insupportable les enfants torturés ou les femmes battues violées ? Ou bien suivant que les bourreaux sont des terroristes fanatiques, ou des parents pervers ? Faut-il différencier suivant le nombre des victimes en privilégiant les crimes contre l’humanité ou les crimes de masse ou faut-il appliquer la conception du Talmud selon laquelle qui ôte une vie détruit un monde entier ?

Une emprise sur la réalité

Il reste que ces distinctions classificatoires permettent une emprise sur la réalité.

Pour s’en tenir aux violences familiales, on commence à prendre la mesure de leur importance impressionnante, de leur fréquence, et de leur nature : contrairement à un préjugé, elles s’exercent dans tous les milieux sociaux,elles sont commises dans l'immense majorité par des proches, essentiellement sur des mineurs, des femmes ou des personnes en situation de vulnérabilité. Contrairement à un autre préjugé, ces violences ne sont pas intemporelles et hors de l’histoire réelle et sociale : il est possible et nécessaire de mobiliser les pouvoirs publics  afin de les réprimer et, si possible, de les éradiquer par la loi, la répression si nécessaire, par l’éducation et la thérapie.

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