Mémoire du futur, fête des sens.
Si vous flânez vers le port de plaisance de Paris, sous le génie de la Bastille, et que le soleil ne vous retient plus, délaissez le marché des brocanteurs le long de l’avenue de la Bastille et entrez dans la Maison Rouge. Elle est plus que jamais conforme à sa vocation . Antoine de Galbert n’est pas que l’héritier du groupe Carrefour. Il est aussi un amateur d’art, un collectionneur. Il accueille dans ce lieu qu’il a fondé des présentations d'ouvrages (une vingtaine par an) et des expositions thématiques. En ce moment et jusqu’en janvier, la totalité de son espace est consacrée à la collection de l’allemand, le docteur Thomas Olbricht, sous le titre Mémoire du futur tandis que sa propre collection est accueillie à Berlin.
Vous y serez surpris, saisis, intrigués, fascinés, accablés, transportés par cette fête des sens et de cette forme de pensée sensible que l’art nous offre parfois.
Le point nodal est d’abord un cabinet de curiosité avec ses objets étranges et œuvrés. S’y trouvent associées des œuvres anciennes (Dürer, Callot, Schongauer) et des œuvres contemporaines autour de thèmes universels, avec une sélection de peintures de Gerhard Richter, Singmar Polke, Daniel Richter, Franz Gertsch, John Currin), d’installations et de sculptures (Jake et Dino Scapman, Giampolo Bertozzi, Stefano Casoni, Marc Quinn), de photographies historiques et contemporaines (Robert Capra, Cindy Sherman).
Mémoire du futur, c’est la mort qui nous habite et qui nous est promise et dont la présence est insistante dans les multiples tentatives de la représenter ici, de Durer à nos contemporains post-modernistes, d’en jouer, de s’en jouer.
Mémoire du futur, c’est aussi la façon dont l’art est ici présenté de façon subjective qui est celle d’un collectionneur qui ne prétend pas rivaliser avec une fonction muséale. Car l’amateur d’art, par ce qu’il montre, tente de construire son autoportrait.
On y trouve une fraîcheur et une ouverture, loin de la répétition, des bégaiements et des cul de sacs souligne Antoine de Galbert qui nous fatiguent et nous ennuient, quand le post modernisme devient un académisme, comme souvent et trop souvent.
Mémoire du futur est une tentative réussie de relier l’art d’aujourd’hui à ses origines, Duchamp bien évidemment. Pas un instant on ne s’ennuie dans ces salles aux accrochages et aux installations réussie, que j’ai eu grand mal à quitter.
Mémoire du futur, c’est 10 avenue de la Bastille. Offrez-vous ce moment de bonheur et d’intelligence.