Quand Laurent Mauduit, dans son article « Les graves questions que la Grèce pose aux socialistes », parle de la brutalité du FMI, il utilise une litote. Il faut lire le livre de Naomie Klein : « La Stratégie du Choc, la montée d’un capitalisme du désastre » (Leméac/Actes sud) pour se rendre compte des dégâts engendrés par ce capitalisme aidé par le FMI aux quatre coins de la planète.
Dominique, comme l’appelle son ami Nicolas, connaissait ce rôle néfaste de l’institution. Tôt ou tard, il savait qu’il serait confronté à cette contradiction : Être de gauche et agir comme le pire capitaliste spoliateur. Apparemment, il s’acquitte de sa tâche sans état d’âme. Il faut dire qu’un poste à 550 000 dollars annuels net d’impôts a des exigences qui ne consistent pas seulement à honorer des réceptions, faire des voyages et prodiguer des conseils aux grands de ce monde, il faut parfois mettre la main dans « le cambouis ».
Le dilemme, c’est d’être à la fois directeur du FMI, poste dû au lobbying de M. Sarkozy et l’objet d’une pétition lui demandant de poser sa candidature au poste de Président de la République lors de la prochaine élection. Quand on sait que les trois exigences traditionnelles du FMI pour secourir une économie d’un pays sont : Privatisation, déréglementation et réduction draconienne du pouvoir d’achat, exigences en œuvre en Grèce, on est en droit de se demander comment il pourrait prétendre représenter la Gauche à cette élection. Le silence assourdissant du PS sur le sujet laisse rêveur.
M. Jacques Delors, reprenant son éternelle antienne sur le rôle de l’Europe, se dit « meurtri par l’intervention du FMI en Grèce » (NO n° 2373) alors que Bruxelles aurait dû parvenir à coordonner, selon lui, les politiques économiques des Etats membres. Même les plus ardents défenseurs du traité de Lisbonne commencent à s’apercevoir que le Peuple français n’avait pas forcément tord en rejetant cette Europe de la « concurrence libre et non faussée ». Mais il est trop tard.