- Peut-être avez-vous vu la vidéo du débat entre J-L Mélenchon à Emmanuel Todd à « Arrêt sur image » du 15 avril ? (accessible depuis de blog de J-L M.) Si oui, vous avez dû, tout comme moi, d’abord louer la possibilité que ce genre de document puisse être diffusé au plus grand nombre pendant un laps de temps assez long après l’évènement (Internet est parfois un moyen d’informer et d’éduquer extraordinaire n’en déplaise à ses détracteurs) et remercier les participants pour sa qualité. - Peut-être avez-vous lu le blog de J-L Mélenchon du 17 avril suivant où il livre ses impressions sur ce débat ? Tout d’abord, sachez que je n’ai pas encore lu le livre de Todd « Après la démocratie », Gallimard, je viens de l’acheter, par conséquent je m’abstiendrai de tout commentaire sur cet ouvrage. Ensuite, j’avoue ne pas être au mieux avec la personnalité de M. Todd qui donne l’impression d’un homme imbu de lui-même, rempli de certitudes, hautain et péremptoire. Ce qui n’enlève rien à la valeur de ses écrits et analyses. Je veux seulement parler ici de l’image totalement inversée qu’a présenté J-L Mélenchon par rapport à celle que la presse véhicule avec une certaine délectation et que certains d’entre-nous lui reprochaient de projeter. Ses détracteurs le présentent comme excessif, péremptoire, agité, populiste, intelligent certes mais n’acceptant pas la contradiction et se moquant au passage de ses interlocuteurs. Regardez cette vidéo et écoutez l’échange : vous verrez et entendrez un homme qui avance ses arguments, donne son point de vue d’une façon claire, parle sur un ton égal, laisse la parole quand il a été interrompu, loue la qualité des écrits de l’interlocuteur, convient en toute humilité qu’il a appris beaucoup de choses en le lisant et recommande son livre. Puis, ensuite, lisez le texte sur son blog consacré à cette échange, vous y rencontrerez cette phrase : « J’ai pour lui (Todd) une admiration intellectuelle très forte. Ses livres sont des moments d’étape dans l’évolution de ma réflexion politique. » Et pour mieux encore faire connaître l’homme, je ne peux résister, pour ceux que la longueur des textes de ce blog rebuterait, à dupliquer ce passage : « Je sais qu’Emmanuel Todd ne dit guère de bien de moi.Ses formules à mon sujet sont parfois très à l’emporte pièce. Je serais, selon lui, un « gugusse », un « esprit brouillon » et ainsi de suite. Mais j’ai eu aussi l’impression qu’il comprenait ce que j’essaie de dire avec ma manière de faire et qu’il dit partager. "Mélenchon, avec tout son côté brouillon, est dans son époque. Pour la première fois, on voit des gens de gauche se mettre au niveau de violence, réel ou virtuel, de la société. C'est pour cela que moi, consciemment, je m'astreins à parler brutalement, pour être en phase avec l'époque et l'adversaire" déclare-t-il à Rue 89 en novembre dernier. Bon. Alors pourquoi me rabaisser sur France inter en mars dernier par une caricature aussi trivialement médiatique que celle-ci "Mélenchon est un gugusse avec son affection pour la chine". Il s’en est expliqué au cours de notre face à face sur « arrêt sur images ». Ce n’est pas plaisant bien sûr. Mais ce n’est pas décisif pour moi. J’ai pu voir sur le plateau que l’homme allongeait parfois les coups par une sorte d’emballement de la parole et du raisonnement. Ainsi quand il se mit à traiter de mon « indifférence à la question de la démocratie » ou à celle de « la condition des travailleurs ». En tous cas, cela ne m’empêche pas d’avoir besoin de Todd pour penser plus juste. Et parfois pour recevoir de lui des confirmations bien utiles les jours de grands doutes sur soi. Ainsi comment ne pas me sentir en phase avec lui lorsqu’il déclare dans un entretien avec le journal « Marianne 2 », le 24 mars dernier: "Les hommes de médias de ma génération ont aussi une responsabilité dans cette déroute des élites françaises […] il s’agit moins de journalistes que d’idéologues purs qui tentent de perpétuer une vision du monde totalement archaïque. Mais ils font partie des classes dirigeantes." Je ne crois pas avoir dit autre chose, même si c’est autrement. » Cet homme décrié, caricaturé (mais par qui… un Huchon, un Cabu) et les médias aux ordres, se découvre, montre une facette de sa personnalité à l’écoute de l’autre, qui s’enrichit de la pensée intellectuelle d’autrui, qui n’a qu’un combat et un but : Rassembler la vraie Gauche, contribuer à l’avènement d’une République sociale, laïque, écologique et fraternelle, rétablir le Peuple dans sa souveraineté et partager les richesses. Est-ce être outrancier, excessif, « populiste » ou être de Gauche tout simplement ?
Billet de blog 3 mai 2011
Découvrir Jean-Luc Mélenchon… pour qui le connait peu
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