Mon billet n’aura sûrement pas la « gloire » de paraître en « une » du journal, mais j’ai tenu à reprendre le titre que tu as donné à ton billet adressé à notre co-Président. Je suis un adhérent au Parti de Gauche du premier jour, comme toi, ce qui m’autorise le droit de t’adresser les reproches les plus sévères. Ton texte n’aurait jamais dû paraître sur « Médiapart » ni sur aucun autre support. Il aurait dû être adressé aux responsables du Parti. Etant donné l’audience (bienvenue) de ce média (et à cause d’elle), les critiques que tu formules, même si elles étaient justifiées, n’ont rien faire sur la place publique. C’est un coup bas porté à l’ensemble des militants, à leurs responsables et à tous ceux qui nous ont accompagnés dimanche.
Dès ta première phrase tu juges comme un (gros) échec cette marche pour la « révolution fiscale ». Et bien moi je te dis que c’est un (grand) succès et je m’explique.
Nous voulons la révolution par les urnes, ce qui signifie que nous croyons qu’à un moment donné, nos concitoyens vont prendre conscience de la force démocratique que représente l’union des forces de gauche et qu’ils vont lui donner démocratiquement le pouvoir par leur bulletin. Mais entre deux élections majeures comme les présidentielles, même si d’autres élections ont lieu mais de moindre portée et dont le pouvoir, quel qu’il soit, ne tient aucun compte, comment œuvrer à cette prise de conscience sinon par l’électrochoc des mots, par le parler « crû et dru » et par des manifestations de masse comme celle de dimanche qui, que tu le veuilles ou non, a été un succès par le nombre et l’étendue des organisations participantes et l’impact médiatique même si les folliculaires se sont acharnés, comme d’habitude, à dévaloriser notre co-Président.
Tu parles de division profonde de la Gauche, du Front de Gauche et des syndicats. Pourtant étaient présents outre le PC et le PG, le NPA, la GU, la LC, Ensemble, CGT finances. Parler, parler, il en restera toujours quelque chose.
Tu dis que nous devons prendre du recul… pendant ce temps les possédants et leurs alliés objectifs, les solfériniens, fomentent leurs mauvais coups, assomment le peuple de charges, trouvent toujours le travail trop cher, s’attaquent à la santé au travers de la sécurité sociale, vont signer le traité du grand marché transatlantique qui va saigner des couches de plus en plus nombreuses de la population qui se croyaient à l’abri.
Au contraire, nous n’avons plus le temps ! Il faut agir au sein d’un Front de gauche qui doit s’élargir. Pour y contribuer, nous avons des textes remarquables sur l’Europe, les municipales. « L’humain d’abord » est un programme d’une densité, d’une approche sociale et écologiste qui ne peut que recevoir l’agrément de tous à condition de faire, comme nos dirigeants, œuvre de pédagogie et non pas étaler au grand jour des arguments qui, sous-jacents, comportent des éléments négatifs et défaitistes. En premier lieu, nous devons faire comprendre aux militants socialistes qu’ils se trompent ou qu’on les trompe, que la politique qu’ils cautionnent est obsolète, qu’ils sont le jouet d’une illusion mortifère.
Notre travail, à nous militants, c’est d’être aux côtés de nos dirigeants et d’appuyer le leur en étant présents partout où cela peut être utile au pays, pas seulement au Parti et d’expliquer, expliquer sans cesse afin de faire cesser le mal le plus pernicieux qui soit, le chacun pour soi.
« Nous ne sommes pas un feu de paille ».
Salut fraternel
« Les mots savent de nous des choses que nous ignorons d'eux. Les mots que vous utilisez relèvent des choses... » René Char
Ci-dessous le lien vers le billet de Rodolphe Pourrade
http://blogs.mediapart.fr/blog/rodolphe-pourrade/011213/cher-jean-luc-melenchon