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Billet de blog 6 septembre 2012

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La controverse de… Tunis

 (La controverse de Valladolid : Au XVIe siècle, soixante ans après la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, règne sur l’Espagne Charles Quint qui convoque une assemblée sous l’égide du légat du Pape, afin de débattre de la question fondamentale : les indigènes indiens, dont elle a colonisé les territoires en Amérique, ont-ils une âme (sont-ils des hommes) ? De la réponse doit découler l'arrêt ou non de l’esclavage dont ils sont alors les victimes) (Wikipédia)Le port du hijab se banalise en Tunisie et ne manque d’être perçu comme un signe supplémentaire de l’influence grandissante de la religion au sein du gouvernement et de la société tunisienne.Le projet de loi d'Ennahda pour déclasser la femme tunisienne aux fins de retirer l'égalité des sexes est le signe d’un retour à des siècles en arrière.

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 (La controverse de Valladolid : Au XVIe siècle, soixante ans après la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, règne sur l’Espagne Charles Quint qui convoque une assemblée sous l’égide du légat du Pape, afin de débattre de la question fondamentale : les indigènes indiens, dont elle a colonisé les territoires en Amérique, ont-ils une âme (sont-ils des hommes) ? De la réponse doit découler l'arrêt ou non de l’esclavage dont ils sont alors les victimes) (Wikipédia)

Le port du hijab se banalise en Tunisie et ne manque d’être perçu comme un signe supplémentaire de l’influence grandissante de la religion au sein du gouvernement et de la société tunisienne.

Le projet de loi d'Ennahda pour déclasser la femme tunisienne aux fins de retirer l'égalité des sexes est le signe d’un retour à des siècles en arrière.Dans un blog signé Victorayoli daté du 4 septembre dans Mediapart, paraît une interview au quotidien La Presse de Tunisie du professeur Yadh Ben Achour,

http://blogs.mediapart.fr/blog/victorayoli/040912/la-tunisie-vers-pire-que-ben-ali-une-dictature-theocratique

ex-président de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution (Hiror), qui dénonce (Extrait) : « …La religion a investi massivement le champ du débat social et politique, à tel point qu’on commence à en avoir une sorte d’indigestion. Il n’y a plus que celaet les véritables problèmes du pays sont laissés de côté ou remis aux calendes grecques. Et, contrairement à ce que l’on dit, la religion n’est pas en train de gagner des adeptes, au contraire, elle est en train d’en perdre. Un certain nombre de croyants qui allaient pacifiquement faire leurs prières à la mosquée n’y vont plus, tellement ce lieu est devenu, non pas comme il devrait l’être, à savoir le symbole de la douceur, de la sérénité et de la contemplation, mais l’expression du militantisme politique le plus virulent, de la violence, de la haine, et de la laideur. Tout ce que le parti au pouvoir a réussi à faire, c’est de transformer notre religion en une véritable maladie sociale. Les Tunisiens ont vécu la religion comme un élément de libération, de cohésion sociale, de spiritualité. Ils la vivent aujourd’hui comme un cancer qui dévore le corps social tout entier et qui risque de le jeter dans le sous-développement et la régression généralisée. Si cela continue, la Tunisie ne sera pas simplement déclassée par les agences de notation, le bon Dieu lui-même n’en voudra plus… »

Ces propos confirment, s’il le fallait, la seconde mort de Mohamed Bouazizi, le marchand ambulant dont le sacrifice avait été le prélude à la chute de Ben Ali.

Le 7/02/2011, j’avais posté, sous le pseudo de Roger Vaillant, ce court texte dédié à la mémoire de Mohamed :

« Ecoutez le murmure du vent au travers des étals, ce vent d’Orient doux et chaud qui porte la voix des poètes, des griots et conte le sacrifice du marchand ambulant qui fit tomber le mur de la servitude et de l’exploitation.

Ecoutez, tendez l’oreille, c’est l’Orient qui parle et vous adjure : « Secoue le fardeau sur tes épaules, ne reste pas courbé sous le joug, recouvre ta souveraineté, abat le mensonge et la cupidité de ceux qui t’exploitent, t’humilient et te trompent ».

Le marchand ambulant ne dit pas dans son ultime sacrifice « Honte à toi qui as tant apporté aux peuples du Monde et restes asservi comme au temps des rois »,

Il dit : « Regarde, le phare d’Alexandrie éclaire de nouveau le Monde, l’éblouissante tolérance de la magnifique Cordoue, les leçons des Lumières sont à portée de nos cœurs, le fellah a montré le chemin, qu’attends-tu ? »

Ecoutez le murmure du vent, c’est le vent d’Orient, doux et chaud, qui chuchote à l’oreille le sacrifice du marchant ambulant. »

Aujourd’hui, un an et demi plus tard, le vent du sud n'est chargé que de gouttes de pluie qui sont comme les larmes des martyrs de cette révolution, le phare d’Alexandrie n’est plus qu’un quinquet, la magnifique mosquée de Cordoue se visite en achetant des billets dont le taux de TVA est passé à 21 % et Bruxelles s’acharne à réduire jusqu’à extinction la leçon des Lumières.

Nous n’avons pas de conseils à donner… La France, pays laïc, a eu un Président qui prônait la suprématie du curé sur l’instituteur. Nous l’avons chassé après bien des avanies et des… controverses.

« Mais pour renaître il faut d’abord avoir failli mourir ». La liberté et la démocratie si chèrement payées en Tunisie renaîtront sinon le 23 octobre avec une nouvelle constitution ou par la volonté inébranlable du Peuple qui ne se laissera pas déposséder, par qui que ce soit, de sa révolution.

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