Après lecture de l’immondice que constitue à mes yeux l’article de Patrick Besson consacré à l’accent de Madame Joly dans le "Point", j’éprouvais deux sentiments : la colère et la honte. La colère parce que ne comprenant pas qu’un éditorialiste se laisse aller à cette pitrerie et honteux parce que, quels que soient les sentiments ressentis, il y a toujours une gêne, un malaise à lire un texte qui abaisse la personne prise pour cible.
Mais des lecteurs de « Médiapart » ont déjà réagi et bien mieux que je pourrais le faire. Cependant, ce que je ne peux pas admettre, c’est la désinvolture avec laquelle Franz-Olivier Giesbert, le directeur du « Point » prend cette affaire. Qu’il couvre son éditorialiste, je le comprends, mais qu’il ose dire que c’est une pantalonnade, une tempête dans un verre d’eau, que c’était pour rire, que c’était de l’humour, c’est tout à fait inadmissible.
Non ce n’est pas rien, non ce n’est pas innocent, non et non.
En matière d’humour, je préfère de loin celui de Madame Joly, jugez-en : « Je connais bien Monsieur Strauss Kahn, je l’ai mis en examen » ou encore « Moi, je ne descends pas de mon drakkar. Ça fait cinquante ans que je suis en France et donc je suis Française ».
La cible est candidate à l’élection présidentielle, élue par les adhérents et sympathisants de son Parti, dans un moment particulier où le candidat-président est en difficulté dans les sondages, où chaque jour, les plus hautes autorités de l’Etat stigmatisent l’étranger, parlent de réduire le flux de l’immigration, courent derrière Madame Le Pen, appâtés par ses voix.
Stigmatiser l’accent de cette femme, c’est stigmatiser toutes les personnes qui ont, comme elle, un accent. Encore une fois, l’étranger, ce chien, ce galeux, celui qui prend nos emplois, trichent sur les aides, etc… on connait la litanie.
Continuons et bientôt nous serons entre nous, les « sans accent » mais coupés du Monde parce que rejetés à notre tour.