millan

Abonné·e de Mediapart

154 Billets

0 Édition

Billet de blog 12 mars 2011

millan

Abonné·e de Mediapart

Aucune excuse à un goujat, fut-il Président !

millan

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J’avoue que la sortie du Président de la République m’a affecté, j’ai mis plusieurs jours à ruminer ses propos sur la journée des femmes :" C'est sympathique, il faut le faire, enfin parfois il faudrait qu'on se concentre sur l'essentiel ". Se mettre à dos plus de la moitié de la population adulte du pays, ce n’est pas d’un fin politique, ces paroles vont faire florès dans les meetings et nos compagnes, je l’espère, vont les lui faire rentrer dans la gorge.

Mais laissons cela. J’ai assisté à une réunion à Pitot où avait lieu une rencontre entre les suppléantes des candidats Front de Gauche de Montpellier et malheureusement une maigre assistance. J’ai été séduit par la diversité sociale de ces femmes, d’âge, de milieu et d’origine divers, par leurs aspirations, par la description de leur parcours. On peut regretter qu’une seule d’entre-elles, Myriam Hubert, membre du Conseil national du PG, soit candidate titulaire (elle était absente pour cause d’agenda saturé). Et je me suis laissé aller à songer en les écoutant, au gâchis d’intelligence et de compétence pour notre pays que représentent les siècles d’ostracisme et de négation de la condition féminine.

La révolution de 1789 n’a jamais envisagé un droit des femmes malgré Condorcet qui disait : « L'inégalité apparente des femmes se fonde sur le manque d'instruction dont elles sont victimes ». Olympe de Gouges avec sa déclaration des droits des femmes était bien seule à les revendiquer.

Parce qu’enfin, depuis que la République a décrété l’école publique gratuite et obligatoire pour tous, combien de femmes ont eu la possibilité de poursuivre des études, ont accédé aux hautes fonctions ? Il a fallu attendre le 20e siècle et l’année 1903 pour que le prix Nobel de physique soit décerné à une femme, Marie Curie, par moitié avec son mari, cette dernière obtenant pour elle seule, un autre prix Nobel, de chimie celui-là, en 1908.

Ce n’est pas par hasard, si au cours des 17e et 18e siècles, peu de noms féminins ornent des œuvres littéraires, paraphent des brevets, entérinent des protocoles et s’il y en a, ce sont pour la plupart des femmes d’une classe sociale supérieure. La place des femmes dans la société n’était même pas évoquée. Il suffit de lire Maupassant, Zola pour être édifié. C’est surtout après la Libération, en 1945, qu’elles occupent des postes occupés d’ordinaire par des hommes et que le nom de nombreuses femmes commence à être connu, Germaine Tillon Ethnologue et grande résistante, Simone de Beauvoir, philosophe et romancière, pour la défense de la condition féminine, Françoise Giroud dans la presse, la liste est longue mais encore faut-il attendre 1980 pour qu’une d’entre-elles, Marguerite Yourcenar, soit élue à l'Académie française.

Et comment ne pas être révolté par le déni de justice que constitue la différence de salaire pratiquée, pour un même emploi, par le patronat entre un homme et une femme ? La carotte du salaire de la femme au foyer apparaît à chaque campagne électorale majeure, mais disparaît sitôt le scrutin clos. C’est nier le rôle éminent de la population féminine dans l’expansion de la richesse de notre pays.

Les femmes, de l’autre côté de la méditerranée, participent à la révolution en cours. Comme l’écrit J.-C. Guillebaud dans sa chronique du Nouvel observateur : « On a vu des choses bien étranges… Des musulmans couraient manifester pour la Démocratie mais pas avant d’avoir terminé leur prière ; des femmes de tous âges réclamaient une pleine liberté tout en gardant le voile qui couvrait leurs cheveux ; de toutes jeunes filles, voilées elles aussi, dénonçaient à pleine voix le fondamentalisme. » Ces femmes admirables risquent bien plus qu’un licenciement ou une répudiation, elles risquent tout simplement leur vie pour vouloir la reconnaissance de leur existence en tant qu’être humain à égalité avec les hommes.

Rien ne m’a fait plus jubilé que de voir cette photo, en 1968, d’une jeune fille aux seins nus, juchée sur les épaules d’un garçon et faisant de la main le V de la victoire. Rien n’a plus été comme avant, n’en déplaise à notre Président, en particulier pour nos compagnes, avec le droit à l’avortement obtenue par l’une d’entre-elles, Simone Veil, et la contraception. Ce droit à une libre sexualité féminine est encore aujourd’hui, assujetti à des conditions de ressources, c’est dire qu’il reste bien des causes à défendre, des combats à mener, des victoires à remporter.

C’est avec nous, les hommes, avec notre appui sans réserve, qu’elles parviendront au bout de leurs aspirations et revendications légitimes.

Après tout, petite sœur, tu es un Homme comme les autres !

PARIS AT NIGHT

Trois allumettes une à une allumées dans la nuit

La première pour voir ton visage tout entier

La seconde pour voir tes yeux

La dernière pour voir ta bouche

Et l’obscurité toute entière pour me rappeler tout cela

En te serrant dans mes bras

Jacques Prévert

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.