Monsieur Hessel vient, il y a quelques jours, de lancer un appel à voter François Hollande. Après avoir soutenu Hulot puis Aubry, il a trouvé enfin son poulain auquel il a demandé à Mélenchon de se rallier. Voici un parcours bien sinueux. Celui qui a participé à la rédaction du programme du CNR se trouve d’accord avec le programme du candidat du Parti socialiste. Le temps érode les élans révolutionnaires et pousse à une certaine accommodation d’une société de peu de partage.
Si j’étais adhérent ou simple sympathisant du Parti socialiste, après avoir subi toutes les avanies d’une droite sans retenue ni limite durant cinq ans, je trouverais que le changement proposé est d’une maigreur à faire peur, chétif, voir squelettique. On ne revient sur rien, sinon à dose homéopathique, pire, on fait deux pas en avant et un en arrière sur les retraites ou les effectifs des services publics. C’est la continuité de ce qui a été fait par Mitterrand (à partir de 1983) et Jospin plus tard, c’est ce qui a conduit à l’échec en Grèce, en Espagne, au Portugal. Quelle perspective !
Mais il est vrai que le PS a supprimé la lutte des classes de son vocabulaire. Lutte des classes ? Connais pas ! Malheureusement, la droite, elle, connaît. Cette lutte des classes qui couvait sous la cendre des illusions de la sociale démocratie a été réanimée par ceux qui n’ont que le mot « argent et profit » à la bouche et le pays connaît aujourd’hui un chômage record, des salaires de misère, des loyers démentiels, des travailleurs pauvres, des femmes qui accouchent dans la rue, des parents de patients à l’hôpital contraints d’apporter leurs draps, une France sous le joug d’une Europe que nous ne voulions pas mais qu’on nous a fait avaler grâce aux voix du… PS. Et les illusions perdures, le PS s’est abstenu lors du vote du MES soutenant qu’il le renégociera une fois son candidat élu... mais comment renégocier un traité signé ?
Ami socialiste, t’es-tu posé la question : Comment un Président socialiste peut-il être élu et ignorer les aspirations des oubliés du bonheur à un salaire décent dans une société où le coût de la vie augmente constamment ? Ils auraient voté et gagné pour rien ? Qui crée la richesse ? Qui en profite ? Quelle injustice, quelle immoralité ! On fait des chiffrages pour tout, jamais pour le malheur.
Lis le programme « L’humain d’abord », écoute le candidat du Front de gauche, réfléchis, il n’y a pas de demi-mesures dans ces propositions. Oui, nous installerons une constituante pour écrire la constitution d’une 6e république qui supprimera l’élection du Président au suffrage universel, monarque républicain dont on a que faire ; oui, nous reprendrons ce qui nous a été subtilisés : 10 points de PIB ; oui, nous reconstruirons une espérance pour tous et en particulier pour les jeunes et les plus démunis ; oui, nous entreprendrons la planification écologique et créerons un pôle public des banques ; oui, nous augmenterons les effectifs dans l’éducation national, la police, la justice ; oui, nous rétablirons l’égalité devant l’impôt. Tout est chiffré, c’est possible... Nous, on peut ! Et les peuples d’Europe, ébahis, seront entraînés comme par le passé, par cette spirale de reconquête de la souveraineté populaire.
Dimanche 22 avril, tout peut commencer, alors, mon camarade, sois socialiste, vote Mélenchon.