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Billet de blog 26 septembre 2025

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L’interdiction de la GPA : une nécessité impérieuse.

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Réflexions sur la Gestation pour Autrui (GPA) : violence néolibérale et colonialité du pouvoir

La GPA est définie comme une méthode par laquelle un couple qui ne peut pas ou ne veut pas porter un enfant fait appel à une tierce personne pour assurer la grossesse. Cette pratique devrait être interdite : l’utérus et le ventre d’une femme ne sont pas des marchandises.

Cette question, hautement sensible, m’a valu des critiques virulentes de la part de certains homosexuels radicaux — souvent issus de milieux bourgeois — qui défendent la GPA comme une avancée pour l’égalité. Je considère qu’il s’agit surtout du triomphe des logiques néolibérales et d’une médecine située politiquement et socialement.

La GPA repose sur une objectification du corps des femmes, réduites à de simples génitrices, exploitables pendant neuf mois puis jetables. Elle prospère dans des pays du Sud global, où des femmes racisées, souvent dalits en Inde, sont plongées dans une misère extrême. Leur consentement est rarement libre et éclairé. Leur corps devient un instrument au service du désir narcissique de deux Occidentaux blancs, désireux d’avoir une « descendance à leur image », alors même que les orphelinats débordent d’enfants abandonnés, brisés par les institutions.

Recourir à la GPA, c’est inscrire le corps féminin dans une logique marchande, où la grossesse devient une prestation de service banalisée. C’est exposer toute la violence du système néolibéral globalisé, dans lequel les États peinent à réguler le tourisme médical. Des couples — hétérosexuels comme homosexuels — issus de milieux aisés peuvent ainsi s’offrir un « utérus sur pattes », dans une dynamique de dumping bioéthique.
La GPA soulève aussi des questions profondes sur l’intégration de l’enfant né par ce biais, notamment dans des familles homoparentales ayant eu recours à cette pratique dans des pays du Sud. Elle touche à l’intime, à la dignité humaine, et à la justice sociale.

Une lecture critique de la gestation

Une réflexion épistémologique sur la GPA permet de comprendre pourquoi elle est présentée comme une avancée pour les personnes stériles ou incapables de porter un enfant. Ce discours est soutenu par des politiques natalistes et des structures hétéronormées qui valorisent la reproduction biologique. Mais derrière ce narratif se cachent des logiques économiques et des technologies de pouvoir : le biopouvoir et la biopolitique, pour reprendre les concepts foucaldiens, sont ici façonnés par le néolibéralisme.
La GPA a engendré des marchés internationaux lucratifs, où le consentement des mères porteuses est souvent extorqué par la misère. Elle s’inscrit dans une dynamique capitaliste et néolibérale, où les frontières sont abolies au profit d’une biomédecine dérégulée. Les pays pauvres deviennent des laboratoires de la colonialité du pouvoir, au service des désirs reproductifs des élites occidentales.

Sociologiquement, les femmes qui acceptent de porter un enfant gratuitement pour un couple infertile sont extrêmement rares. Ce dispositif médical devient donc un outil de stigmatisation des classes défavorisées, discriminées de facto par leur statut économique. Il constitue aussi un instrument d’oppression, renforçant la colonialité du pouvoir dans des contextes de pauvreté extrême.

Justice sociale et intérêt général

Il ne s’agit pas de discriminer la communauté homosexuelle — dont je fais partie — ni de culpabiliser les couples en souffrance, désireux d’avoir un enfant. Mais la justice sociale et l’intérêt général doivent prévaloir sur les désirs individuels. La dérégulation et la libéralisation forcenée des marchés sont, à mon sens, une folie lorsqu’il s’agit d’aborder la question de la GPA.
Le recours à la GPA est une pratique honteuse, individualiste et égoïste, fondée sur l’exploitation des femmes. Elle repose sur des structures patriarcales, où l’argent et les logiques transactionnelles s’emparent du corps féminin, le dépossèdent de sa capacité à disposer librement de lui-même, et à refuser une grossesse.
L’adhésion à la GPA d’une large partie de la communauté homosexuelle relève d’une forme de bien-pensance, caractérisée par une ignorance des rapports asymétriques entre ceux qui ont recours à cette pratique et celles qui doivent subir la grossesse, puis voir leur enfant leur être arraché à la naissance.

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