Annabel B

Ergonome

Abonné·e de Mediapart

14 Billets

0 Édition

Billet de blog 19 mars 2023

Annabel B

Ergonome

Abonné·e de Mediapart

Les sang-culottes : un dernier coup de sang sur les protections réutilisables

Conditionner le remboursement des protections des jeunes au fait qu'elles achètent des réutilisables en pharmacie, pour une « dimension écologique » ! Avec leur pauv' bilan écologique de jeunes, de pauvres et de femmes. C'est culotté quand même !

Annabel B

Ergonome

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans les épisodes 1 et 2, nous avons étudié ce qu'implique concrètement, l'activité de changer sa culotte périodique réutilisable ou de changer sa coupe menstruelle réutilisable, puisque notre gouvernement conditionne le remboursement des protections des jeunes au fait d'acheter des réutilisables. Et dans l'épisode 3, nous avons étudié les injonctions contradictoires qui pèsent sur les femmes dans ces opérations.

Vous allez me dire, moi je m'en fous, vu mon âge, je passerai bientôt des protections sanguinaires aux protections urinaires.

Et les protections urinaires, elles sont en partie prises en charge dans le cadre de l'APA (Allocation Personne Âgée1). Et bien sûr, leur prise en charge n'est pas conditionnée à l'achat de réutilisables.

Imaginez le tollé si le gouvernement imposait aux personnes âgées d'acheter des protections urinaires réutilisables pour qu'elles puissent être remboursées !

Je n'osais pas y croire mais si ! Comme l'annonce France TV Info, les services de la Première ministre évoquent une "dimension écologique" de cette politique qui porte sur des produits réutilisables. Donc pour les jeunes pauvres, le remboursement des protections est conditionné à l'usage de protections réutilisables pour des raisons écologiques !

A 85 ans, mon bilan environnemental de protections urinaires sera autrement plus CACAstrophique ! Des camions de déchets déclenchent des alertes de sécurité liées à la radioactivité de leur contenu après avoir ramassé les couches d'EHPAD ou d’hôpitaux. Sans parler des déchets médicamenteux, ni évalués, ni traités, qu'elles contiennent.

C'est quoi l'idée ? Culpabiliser les jeunes femmes pauvres du bilan environnemental de leurs 20 ans d'existence ? Alors que la climatisation pour finir leurs vieux jours ne suffira même plus, voire sera interdite pour nous la préserver actuellement ?

Tandis qu'on leur explique que limiter l'utilisation des jets privés ne serait qu'une mesure environnementale symbolique, on se permet de leur imposer, en invoquant une "dimension écologique", les protections qu'elles doivent porter tous les mois, 5 à 8 jours par mois, dans les conditions d'accès déplorable aux toilettes qui sont généralement les leurs, et sans qu'on soit capables de leur garantir des protections exemptes de toxiques.

Un peu de décence, laissons-les choisir leurs protections !

Avec leur bilan environnemental de jeune, de femme et de pauvre, cessons de leur faire la leçon environnementale, tout en leur expliquant qu'on ne doit pas opposer les générations ou stigmatiser les riches.

Messieurs les gouvernants (masculin majoritaire, et non masculin générique), nous ne vous laisserons pas laver notre linge sale en famille et nous expliquer si, comment, combien et quelles protections vous nous autorisez à porter ou la quantité d'eau que vous nous autorisez à utiliser pour les laver !

1 : L'APA n'est pas soumise à condition de ressources mais est soumise à condition de perte d'autonomie.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.