J'ai donc lu "Graal" de Philippe Sollers, où il nous détaille ses fantasmes sexuels vicieux, sadomasochistes et pervers, qu'il pense être le summum de la liberté de jeux enfantins, et où il fait parler l'homme Jésus, comme s'il était son copain ressuscité rencontré la veille au coin de la rue, oubliant que les Évangiles sont avant tout symboliques, et tuant donc là tout sens du sacré, et je lis tout cela comme étant blasphématoire.
Sollers pensera sans aucun doute de moi que je suis de ces femmes au cul serré, pour ne pas dire une "mal baisée", oubliant de dire que si une femme est mal baisée, c'est que l'homme la baise bien mal, et que Mademoiselle #Mitou a quand même quelques raisons de souvent s'en plaindre...
Mais ai-je mal lu ce dernier roman de Sollers ; serais-je passée, cette fois-ci, à côté de cet écrivain hors du commun, alors que "Graal" prouve une nouvelle fois, l'entière et magistrale liberté d'esprit de Sollers ? ...
Car "Graal" parle, tout au long du roman, de "l'Atlante", ce Temps béni hors du temps où précisément Sollers, hors de notre temps se situe. Sollers qui, depuis toujours, veut échapper à ce temps actuel de profonde dévastation coupable...
Extraits :
"Autre épisode beaucoup plus trouble, et moins dangereux. Ma tante atlante aime que je sois là pour la voir coudre. Elle me demande de me déculotter, et, de temps en temps, en feignant de réparer un ourlet, elle a un geste pour me piquer légèrement les couilles avec son aiguille. Elle aime ça, moi aussi, et surtout la façon fascinante dont elle joue avec son dé, qu'elle enlève et remet à son doigt. Je n'oublie pas sa voix m'invitant pour l'après-midi : "Tu viens me voir coudre ?" Là, j'ai 12 ans, et cette merveilleuse salope, pas du tout folle, se fait plaisir, en éduquant ainsi, dans son boudoir, son neveu."
"Avant sa Résurrection, et avant son Ascension provisoire, puisqu'il doit revenir, pendant que Jean "demeure", Jésus s'amuse un peu. Il apparaît à ses disciples, qui ne le reconnaissent pas, fait toucher ses plaies sanglantes à Thomas l'incrédule, accomplit deux ou trois miracles, pour montrer qu'il est en pleine forme, comme, par exemple, au bord du lac de Tibériade, quand il indique à ses disciples pêcheurs, qui ne l'ont toujours pas reconnu, de tendre le filet de l'autre côté de leur barque. Jésus aime bien les marins, il les invite à déjeuner sur la plage, ce qui nous permet de connaître son plat préféré : le poisson grillé, tout frais, consommé populairement sur place."

Bonne lecture !