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Disons-le tout net ! Entre de larges secteurs de la Presse nationale et le PASTEF, ça n’a jamais été le grand amour, même du temps de Macky Sall. Plusieurs organes de presse entretenaient des relations incestueuses avec le régime de Benno Bokk Yakaar et ce d’autant, que plusieurs pontes de cette coalition étaient eux-mêmes issus du milieu de la Presse, tandis que certains autres avaient tout bonnement rejoint le camp la prédation financière et foncière. Les professionnels de la Presse qui militaient contre la gouvernance tyrannique de l’APR pouvaient se compter sur les doigts d’une main amputée. On peut citer Pape Alé Niang, Serigne Saliou Guèye et plusieurs journalistes du groupe WALF…etc.
Mais ce n’est pas une raison pour cautionner les tracasseries judiciaires dont viennent d’être victimes certains professionnels de la presse et surtout les coupures de signaux sur le TNT, nous rappelant de sombres époques que nous croyions révolues.
Car au-delà des adversités et des inimitiés politiques, il est ici question de sauvegarder les droits et libertés, surtout la liberté d’expression, qui est sacrée.
Ainsi, on serait même tenté, de prime abord, de faire le parallèle entre l’entrée en force, avant-hier, d’éléments de la brigade de gendarmerie de Ouakam dans les locaux de la 7TV et l’irruption intempestive de gendarmes dans l’enceinte de l’hémicycle de Soweto, le 12 septembre 2022, lors de l’installation de la 14ième législature.
Si on y ajoute ces convocations aussi multiples qu’intempestives, qui restent encore d’actualité, on ne peut que recommander la suppression de l’arsenal juridique répressif, hérité des précédents régimes, à l’exemple de l’article 279 du code pénal du 28 octobre 2016, qui a durci la législation anti-terroriste. Elle demeure emblématique de l’approche du « tout répressif » instaurée par le régime de Benno Bokk Yakaar et s’est caractérisée par l’avènement de nouveaux délits / crimes comme les « dégradations commises lors des rassemblements » et des « infractions liées aux technologies de l’information et de la communication », incluant notamment les insultes. Cet élargissement de l’acception du mot terrorisme à tout acte de résistance avait conduit à l’explosion de la démographie carcérale, dans les derniers mois du régime de Benno Bokk Yakaar et ne devrait pas perdurer.
La meilleure preuve que le ver est toujours dans le fruit est le refus des nouvelles autorités, lors du dernier « dialogue national », d’éradiquer de notre arsenal juridique des lois ou pratiques administratives entravant l’exercice des droits et libertés comme l’atteinte à la sureté de l’Etat, l’offense au Chef de l’Etat (articles 80, 254, arrêté Ousmane Ngom…).
Tout cela pour suggérer que, contrairement aux apparences, la plus grande équation à laquelle, le nouveau pouvoir PASTEF est confronté, n’est pas la morosité économique, mais bien cette transition heurtée, du fait, aussi bien d’un déséquilibre institutionnel persistant, que d’une idéologie carcérale, qui semble bel et bien avoir survécu au changement de régime de mars 2024.
Il n’est pas encore trop tard pour se départir de l’illusion consistant à croire qu’il est possible d’instaurer une nouvelle gouvernance anti-système, en usant des mêmes recettes éculées en vigueur depuis plusieurs décennies, dans notre pays et dont l’objectif déclaré était précisément d’étouffer toutes velléités de libération nationale et sociale.
C’est tout le mérite de la jeunesse patriotique d’avoir renversé la vapeur en prônant le droit à la résistance constitutionnelle, qui a fini par venir à bout de la logique néocoloniale en vigueur jusque-là.
Il lui faut maintenant privilégier la confrontation politique pacifique en amenant le peuple souverain à s’approprier des idéaux du camp patriotique pour conduire jusqu’à terme l’agenda de la redevabilité complète, de la souveraineté pleine et entière et de la refondation institutionnelle de fond en comble.
Pour cela, il serait indiqué de s’inspirer de l’héritage d’Amadou Mahtar Mbow, dont l’hommage national a connu un franc succès, notamment à travers les conclusions des Assises Nationales et des recommandations de la Commission nationale de réforme des Institutions. Le projet de constitution, que lui et son équipe nous ont légué, ne demande qu’à être réactualisé pour être validé à travers un référendum fondateur d’une nouvelle République.
NIOXOR TINE