Mohamed LY (avatar)

Mohamed LY

President du Think tank IPODE (Innovations Politiques et Démocratiques)

Abonné·e de Mediapart

39 Billets

0 Édition

Billet de blog 15 décembre 2016

Mohamed LY (avatar)

Mohamed LY

President du Think tank IPODE (Innovations Politiques et Démocratiques)

Abonné·e de Mediapart

Gambie: Une opinion abusée entre droit d'ingérence ou devoir d'indifférence

"Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux." Benjamin Franklin

Mohamed LY (avatar)

Mohamed LY

President du Think tank IPODE (Innovations Politiques et Démocratiques)

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

"Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux."

Benjamin Franklin

Que faire devant le refus catégorique d'un Président de quitter le pouvoir ? 

Raisonnons hors du cas de la Gambie, prenons de la hauteur et réfléchissons en terme de concept général. Mettons notre continent en perspective devant cette problématique.

Au nom de la stabilité et de la paix, la suggestion de certains est-il de laisser les Présidents décider du moment de quitter le pouvoir? Serait-ce ça la nouvelle trouvaille des concepteurs et défenseurs de la non-ingérence ? 

Certains suggéreraient-ils de laisser les peuples jouir de la « paix sociale » et laisser des Présidents, des chefs d’Etat , dire si oui ou non ils veulent partir du pouvoir, à quelle heure veulent-ils le faire et avec quel pactole et quelles sont leurs conditions?

Il faudrait peut-être, pour certains supprimer les élections dans nos pays jusqu' à ce que les Présidents en place jugent opportun de partir, pour éviter des bains de sang, des guerres. Ce qui voudra dire suppression des calendriers républicains et convocation d'élection selon les chefs d'Etat en place?

En quelque sorte certains en qui je ne doute pas du tout de leur sens des responsabilités, théorisent : la confiscation du pouvoir en soutenant certaines théses, certains avis ça et là... apparemment ce serait un moindre mal pour les gambiens et pour les peuples africains !

Nous devons céder selon certains, au chantage sur la paix, tout en négociant , en déplaçant d'autres chefs d'Etat, une armée de diplomate négocier, palabrer, etc.... et attendra qu'un despote devienne raisonnable et exclure toute « guerre » ou "intervention armée" , même l’idée de la force dissuasive est condamnée, ce sont les nouveaux apôtres de la paix !

Vous pensez que c'est ce que méritent nos peuples ? 

Moi non, je ne le pense pas !

Dans la même veine, ceux là même théoriseraient le maintien de notre colonisation, en venant nous dire en 1960 : vous n'avez pas vu ce que j'ai vu en Algérie, chez nous au moins on est en paix même si le colons nous exploitent et nous humilie. Les mêmes aussi en période d'esclavage viendraient nous dire : N'avez vous pas vu ce qui est arrivé en Haiti, au moins nous on est esclave mais ya pas la guerre, le sang ne coule pas, contentons nous cultiver les plantations et de recevoir des chicottes  !

 Oui il y'en a, qui n'ont pas de combat, ils n'en veulent pas, ils veulent négocier un minimum de sécurité, la notion de liberté leur est secondaire. Les algériens, avant les années d'indépendance ont versé du sang , Toussaint Louverture a signé la premiére victoire d'une armée noire sur une armée occidentale. La liberté est aussi une dignité et elle n'a pas de prix. arrêtons de nous contenter de peu pour le peuple Gambien ! Il a décidé dans les régle du jeu de leur démocratie de changer de chef d'Etat, il est impératif que la communauté africaine, internationale leur assure d'un soutien indefectible. Déja sur Alep on n'est pas à la hauteur, ne ratons pas Banjul !!!

L'usage de la force peut être dissuasive et sans parler forcément de guerre et sans aussi exclure l’usage de cette force. Mais exclure systématiquement la force, risque d'être une complicité entretenue et théorisée pour les despotes, et ceux qui veulent être complices de ça, doivent l'assumer aussi.

Je ne dis pas que c’est facile comme réflexion, mais je dis que dans toute réflexion on ne devrait pas se départir de nos principes fondateurs, fondamentaux : liberté des peuples, égale dignité des peuples, aspiration légitime à la liberté et à l’autodétermination à tous les peuples, respect des principes démocratiques et de ses régles du jeu par pays.

Ma conviction:

Tant que des citoyens, des intellectuels, des politiques, la société civile discutent et philosophent sur le « droit d’ingérence » , je dis qu’il ne faut rien exclure dans cette réflexion, qu’il faut écouter tout le monde et amener à chacun dans le cadre d’un DEBAT des contre arguments s'il en est besoin. Cette vivacité, me plait. Mais quand en lieu et place de continuer de théoriser sur le droit d’ingérence (cas d'Irak, cas de Haiti, Lybie, Mali , aujourd'hui Alep etc... une réflexion sérieuse n'est certes pas superflue), on cherche à faire un bond dogmatique vers le devoir d’indifférence pour ce qui se passe chez son voisin direct, ou son voisin planétaire : je dis NON.

Parce que quand on en arrive là, on est à un niveau d’irresponsabilité qui appelle au rappel des principes humanistes. De ce qui fait de nous une CIVILISATION. Et faire raisonner la maxime de Terence qui disait: "Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m'est étranger" 

Je suis plus proche de Terence que des pseudos pyromanes sans squelette idéologique, qui prônent "à chaque peuple son probléme" et que le Sénégal ne devrait pas se méler des affaires gambiennes, quelle naiveté !

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.