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Reza Rassaei a été pendu le 6 août à 5h du matin, juste avant l’appel à la prière, l’heure favorite des autorités iraniennes pour les mises à mort par pendaison, sans que personne ne soit prévenu, ni son avocat, ni même sa mère, dont les cris font vibrer la toile et nous secouent depuis.

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Quelques heures après avoir informé sa famille de son exécution, les autorités ont cruellement forcé sa famille à inhumer son corps dans une zone reculée, loin de son domicile et en présence des forces de sécurité.

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Selon le rapport d’Amnesty International :
« Alors que l’attention des médias mondiaux et nationaux se concentre sur les tensions régionales avec Israël, les autorités iraniennes ont procédé en secret à l’odieuse exécution arbitraire d’un jeune homme qui avait été soumis à la torture et à d’autres mauvais traitements en détention, notamment des violences sexuelles, puis condamné à mort à l’issue d’un simulacre de procès.
« Cette exécution montre une fois de plus que le système de justice pénale iranien est fondamentalement vicié, et met en évidence la détermination meurtrière des autorités iraniennes à utiliser la peine capitale comme outil de répression politique pour semer la peur parmi la population. Elle dissipe également toute illusion de progrès en matière de droits humains ayant pu être entretenue par l’arrivée au pouvoir d’un nouveau président la semaine dernière. »
Illusion d’autant plus dissipée que Le 7 août, 36 autres pendaisons ont eu lieu en Iran en l’espace de 24 heures. Toutes avec d’énormes vices de procédures judiciaires. En tout, 87 exécutions depuis la prise des fonctions de Pezeshkian, le nouveau président dit réformiste.
C’est un pic même selon les normes de la République Islamique qui bat son propre record, alors que les yeux du monde entier sont braqués sur l’Iran et l’Israël, avec la crainte d’un embrasement régional.
Hier, Nargues Mohammadi (prix Nobel de la paix, actuellement emprisonnée à Evin) a été hospitalisée après un malaise dans un premier temps qualifié de cardiaque, mais qui s’est avéré être un blocage respiratoire après qu’elle ait reçu un fort coup dans le thorax par un des gardes de la prison. L’ordre d’assaut dans la section des femmes de la prison d’Evin avait été donné par le directeur de la prison, pour disperser le sit-in des prisonnières politiques à l’annonce de l’exécution de Reza Rassaei. Plusieurs autres prisonnières ont été blessées.
Est-ce une démonstration de force ou plutôt un aveu d’impuissance par le régime iranien, dans une situation où logiquement, l’Iran devrait répondre à l’assassinat de Hanyieh qui a eu lieu sur son sol. Un torpillage de plus par Israël, des négociations de cessez-le-feu qui s’enlisent depuis un moment déjà, et une provocation de plus de l’état hébreu vis-à-vis du régime islamique. Obscures sont les motivations du gouvernement israélien à éliminer Haniyeh, leur interlocuteur principal dans les négociations, pour finir par se retrouver avec Sinouar, à la tête de la branche politique et militaire du Hamas, ce qui, ne saurait nullement profiter à un processus de paix déjà moribond.
Le régime iranien, coincé dans ses velléités de sauver la face vis-à-vis d’Israël, mais qui peut lui coûter très cher, ne trouve comme seul moyen de démontrer sa force que l’exécution des dissidents politiques avec des charges absurdes, etdes prisonniers de droits communs iraniens et afghans, sans procès équitable. Depuis deux jours, une vidéo circule sur les réseaux sociaux, montrant un agent des forces de l’ordre iraniennes, genou appuyé sur le cou d’un jeune afghan qui suffoque, alors que son collègue lui tient les jambes. Vidéo qui n’est pas sans faire penser à la mort de Georges Floyd.
Depuis l’élection présidentielle, des peines de mort ont été prononcées à l’encontre d’activistes femmes, Pekhshan Azizi et Sharifeh Mohammadi. Alors que deux autres activistes, Varisheh Moradi et Nasim Gholami Simyari risquent également la peine capitale ayant été accusée d’être des « Baghi ».
Depuis les éliminations politiques des femmes pendant les années 1980, aucune prisonnière politique n’avait été condamnée à la mort par le système judiciaire iranien.
Signe de durcissement d’un régime dépassé par la révolte des femmes dans la rue. Un régime qui n’arrive plus à imposer le voile obligatoire malgré toutes les restrictions exercées et tente de démontrer sa force en tuant les dissidents. Mais cela montre aussi la rhétorique d’un système qui prouve de façon très nette que peu importe de quel bord est l’homme qui porte le costume présidentiel, réformiste ou conservateur, rien ne changera dans sa politique générale, clairement édictée par le guide suprême, Ali Khamenei. Démontrant une fois de plus que le régime iranien n’est pas réformable.