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A chaque fois que je vois le visage de Mohammad Hosseini sur ses photos qui inondent la toile, depuis son exécution le 7 janvier, mon cœur s’arrête de battre. Ce sourire d’enfant, sur le visage d’un géant. Mohammad qui dépassait d’une tête tous ces codétenus.
Il était orphelin. N’avait ni père, ni mère. Pas de famille pour réclamer son corps. Ses amis se sont cotisés pour payer la somme nécessaire à sa mise en terre à l'état. Mohammad avait une boîte d’entrainement d’art martiaux. Tous les outils d’entrainement confisqués chez lui ont été retenu contre lui comme des preuves de pratique de guerre contre Dieu, alors qu’il explique, abattu, au juge-mollah qui lui fait face, que ce sont des outils d’entrainement.
Au 3e jour après sa mort, lorsque la familles rendent visite aux défunts comme il est de coutume en Iran, c’est le père de Mohammad-Mehdi Karami, 22 ans, lui aussi exécuté par pendaison le le même jour, qui s’est recueilli sur la tombe de Hosseini en annonçant que désormais il avait deux fils. C'est l'homme que l’on voit ici s’entraîner avec son fils. Le dernier message de Mohammad-Mehdi à son père après avoir appris sa condamnation à mort était: Ne le dis pas à maman !
Le régime iranien joue des menaces d’exécution avec habileté, les gardant suspendus sur nos têtes tels des épées de Damoclès. Le 8 janvier au soir d’une journée de mobilisation mondiale contre le régime, une nouvelle annonce surgissait, comme quoi deux autres jeunes allaient être pendus à l’aube, le 9 janvier. Les téhéranais se sont déplacés massivement, se parcourant les 50 km qui les séparaient de la prison Rajayishahr à Karaj et ont tenu bon toute la nuit. Et à l’aube, pas d’exécution. La sentence de l’un des deux condamnés, Mohammad Boroghani a été renvoyé en appel. Mais la peine de mort de Mohammad Ghobadlou tient encore.Hier aussi, trois nouvelles peines de mort ont été annoncées comme étant passible d’être exécutées, dont celui de Majid Kazemi, jeune artisan arrêté pendant une manif à Ispahan.
Hier, ce 14 janvier, les familles des condamnés à mort se sont rassemblées devant l’administration judiciaire à Téhéran pour implorer les autorités de cesser les exécutions. Les enfants que vous voyez dans ces images crient « N’exécutez pas ! ». Ils ne sont pas endoctrinés, mais font ce qu’ils peuvent pour sauver les leurs. La violence et le désespoir de la situation est frappante. Une fillette qui n’arrive même pas à parler et ne fait qu’essuyer ses larmes, tient une pancarte orange où l’on lit « Ne tuez pas mon père ». La caméra tourne et l’on voit deux femmes en tchador qui tout en pleurant, priant et font ce geste envoûtant de tourner les mains comme pour défaire une pelote invisible, pour que le fil de la vie d'un des leurs ne soit pas brisé.
Combien faudra-t-il encore de cris, de larmes, ou de prières ? Combien d’enfants doivent devenir orphelins avant que ce monstre de République Islamique soit terrassé ?

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Hier encore les autorités iraniennes ont de nouveau pris le monde de court en annonçant l’exécution d’Alireza Akbari. Cette fois, la victime était l’un des leurs. Akbari, un quinquagénaire avec le parfait profil de technocrate produit de la République Islamique. Chemise col mao, et portant même la fameuse marque de prière sur le front. Ce triangle marron censée être dû à la pratique intensive de la prosternation. Mais ni ce stigmate de pratique religieuse, ni son casier d’ancien vice-ministre à la défense de 1997 à 2005 sous le ministère d’Ali Shamkhani, et ni même sa double nationalité irano-britannique ne l’ont sauvé des charges d’espionnages retenues contre lui. Sans doute un message à usage interne pour mettre de l’ordre dans leurs troupes, mais aussi montrer au monde entier, jusqu’où ils sont capables d’aller.
Cette dernière exécution en Iran montre, s’il était besoin de le monter encore, à quel point le régime iranien est réfractaire à toute règle de diplomatie et à toute notion de fidélité, que ce régime n’est pas réformable et que toute négociation menée avec les pays occidentaux est dans le but de gagner du temps dans sa course effrénée vers la bombe atomique.
La révolution iranienne vient d’entrer dans son 5e mois avec plus de 500 victimes et presque 20000 détenus et même si la courbe des protestations a des hauts et des bas, c’est loin d’être fini. Le prochain but annoncé de la contestation étant que l’IRGC (les gardiens de la révolution) soit ajouté à la liste des organisations terroristes.Si l’Europe et les États-Unis s’obstinent à fermer l’œil sur ces demandes légitimes, et poursuivent les négociations avec le régime actuel, espérant arriver à un accord nucléaire ou fantasmant sur de l’énergie fossile bon marché, le jour viendra, où l’on se réveillera pour découvrir un régime iranien doté d’arme nucléaire. Et ce jour-là il sera trop tard.