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Billet de blog 19 novembre 2022

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Dieu Arc-en-Ciel

« Au nom du Dieu Arc-en-ciel ». C'est ainsi que Kian Pirfalak (10 ans) commençait sa vidéo devenue virale depuis sa mort, où il montrait son invention. Tué à Izeh par les forces du régime le 16 Novembre. Sa mère a dû faire du porte-à-porte pour rassembler assez de glaçons et conserver ainsi la dépouille de son fils à la maison pour ne pas que son corps soit volé par les forces de l’ordre à la morgue.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

« Nous sommes les gens du Moyen Orient. Certains d’entre nous sont tués en guerre, d’autres en prison, d’autres encore sur la route, ou en mer. Même les montagnes les plus hautes prennent leur revanche sur nous. Car nous sommes nés pour mourir. » Voici le dernier post de Kumaj Daroftadeh (16 ans) sur son compte Instagram. Il a été abattu par les forces de l’ordre du régime iranien le 30 octobre à Sanandaj.

En 65 jours de révolte, depuis le 16 septembre dernier date de la mort de Mahsa Zhina Amini, 

plus de 59 enfants ont été tués en Iran par les forces de l’ordre de la République Islamique. Nous ne sommes pas ici dans un contexte de guerre civile, ni d’occupation étrangère, nous parlons bien d’enfants visés par des tirs directs et tués par balle. Par enfant, nous entendons tout individu de moins de dix-huit ans à qui l’on doit protection, d’après les définitions de la convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), célébré le 20 novembre.

Citons ici les premiers des  54 articles : 

  • le droit d’avoir un nom, une nationalité, une identité
  • le droit d’être soigné, protégé des maladies, d’avoir une alimentation suffisante et équilibrée
  • le droit d’aller à l’école
  • le droit d’être protégé de la violence, de la maltraitance et de toute forme d’abus et d’exploitation
  • le droit d’être protégé contre toutes les formes de discrimination
  • le droit de ne pas faire la guerre, ni la subir
  • le droit d’avoir un refuge, d’être secouru, et d’avoir des conditions de vie décentes
  • le droit de jouer et d’avoir des loisirs
  • le droit à la liberté d’information, d’expression et de participation
  • le droit d’avoir une famille, d’être entouré et aimé
    Tous ces articles sont bafoués par la République Islamique.

Faut-il parler de Javad Pousheh, 11 ans tué par un tir reçu à l’arrière de la tête, alors qu’il se promenait au centre de Zahédan ?

Doit-on parler de Mona Naghibi, 8 ans, tuée par balle en allant à l’école avec sa sœur. Ces derniers mots furent : « je crois que j’ai reçu une balle »...

De Nika Shakarami et de Sarina Esmailzadeh, toutes deux 16 ans, tuées par de violents coups de bâton sur la tête. Nika et Sarina qui aimaient tant chanter et dont la voix sonne dans nos oreilles… Nika et Sarina dont les dépouilles n’ont pas été rendus à leurs familles, dix jours durant. On ignore toujours ce qu’elles ont subi pendant leur enlèvement. 

Ou de la toute dernière victime du régime, Kian Pirfalak, 10 ans, tué à Izeh lorsque les gardes ont ouvert le feu sur la voiture de ses parents. Kian ce petit génie passionné de robotique, que l’on voit sur une vidéo présenter son invention en saluant le « Dieu Arc-en-ciel ». Kian dont la mère a dû faire du porte-à-porte pour rassembler assez de glaçons et conserver ainsi la dépouille de son fils à la maison jusqu’à la mise en terre. Pour ne pas que son corps soit volé par les forces de l’ordre à la morgue, comme ce fut le cas des dépouilles de Nika et de Sarina. La mère de Kian a été obligé depuis, de faire des aveux forcés, se déclarant membre de la Mossad, sans doute pour sauver son mari, grièvement blessé.

La république islamique condamne les enfants à subir des violences perpétuelles, en perdant leurs camarades, leurs frères et sœurs ou leurs parents. Comme la fille de Fereshteh Ahmadi tuée par balle à Mahabad, l’image de cette petite fille empoignant la poussière sur la tombe de sa mère les yeux pleins de larmes nous met face à notre silence ... 

Le régime islamique a pris un peuple entier en otage. Un peuple qui ne veut plus de lui et qui se lève tout entier, partout et de tout âge.

Nous appelons les instances internationales d’observation et de protection des droits humains et les médias à redoubler de vigilance, car la coupure d’internet qu’exerce le régime iranien, rend beaucoup plus difficile le recensement des victimes.  

Nous demandons à l'Unicef qu'elle sorte de son silence au sujet des enfants assassinés, emprisonnés, torturés, violés par le régime iranien et qu’il honore sa devise "Pour chaque enfant".

Nous demandons enfin à l’État français d’aller au-delà de simples « paroles de soutien » et d’accompagner son refus par d’actes concrets. De cesser d’accorder la moindre forme de légitimité à un régime qui enfreint de façon systématique et non dissimulée toutes les règles que la communauté internationale a faites siennes et en prenant toutes les mesures nécessaires.

Jusqu’à quand la communauté internationale va-t-elle se taire et laisser ce massacre se perpétrer ? 

Avons-nous déclaré forfait de notre humanité ? Ou bien ces enfants ne sont-ils pas considérés comme des « enfants » protégés par la CIDE, juste parce qu’ils sont nés en Iran ? Est-ce que les articles de cette convention changent de sens lorsqu’il s’agit de faire commerce avec un pays dont on convoite les ressources naturelles, quelqu’en soit le régime ? 

Si nous ne faisons rien face à cette barbarie, notre humanité n’aura plus de sens.

Une veillée sera tenue demain 20 Nov, Place du Châtelet du 18h à 19h. Venez nombreux avec des cierges et signez la pétition. Votre voix compte.

Cliquez ici pour signer la pétition.

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