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Hier, ça faisait tout juste 40 jours. Le 40eme jour après la mort est important en Iran. On rend visite à la personne disparue. On savait que les forces de l’ordre allaient bloquer les rues, alors les habitants de Baneh et Sanandaj sont partis de chez eux dans la nuit à pied, pour rejoindre Saqqez à temps et se rendre sur la tombe de Mahsa-Jina. Mais personne n’avait imaginé qu’il y aurait tant de monde. On dit qu’ils étaient 100 000. Des gens marchant vers le cimetière, dévalant les collines, à perte de vue.

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Hier, à Amol, la ville ou Ghazaleh Chalavi a été tué d’une balle dans la tête, alors qu’elle filmait les manifs, les jeunes ont bombé leur poitrine, interpellant les miliciens aux cris de : tire… tire ! On dit que les derniers mot de Ghazaleh sont : N’ayez pas peur, nous sommes ensemble !
Hier à Chiraz, un homme a fait irruption dans l’enceinte de Chahcheragh, un lieu de culte, en ouvrant le feu sur la foule. Bilan des victimes, 9 personnes selon les autorités, 20 selon les sources indépendantes. C’est une opération que Daech aurait fini par revendiquer, même si tous les détails diffèrent du modus operandi des attentats de Daech et que l’heure de publication de l’annonce des condoléances sur Telegram précède de 2 heures, celle de la fusillade. On dit que c’est pour que l’enterrement des victimes soit fait le samedi et donne prétexte aux autorités pour bloquer la ville, car le même jour, une grande marche est prévue vers le tombeau du Cyrus le grand, à Pasargad.
Hier à la mi-journée, ISNA annonçait qu'une partie de l’immeuble Métropole à Abadan, qui s’était déjà écroulé il y a quelques mois, s’est de nouveau écroulé.
Hier encore dans la région de Sistan-Balouchestan, Mona Naqhib, une fillette de 8 ans, a été tuée par balle.
On dit que ces derniers mots avant de tomber étaient : j’ai été touchée.
Tout cela, répandu sur les réseaux sociaux grâce aux connexions anormalement stables par ces temps de trouble, où à la moindre manifestations, l'internet est coupé. On dit que c'est fait exprès pour dévier l'attention du vrai épicentre du mouvement.
Aujourd’hui, c’est le 40e jour après la mort de Nika Shakarami, 16 ans, tuée par les forces de l'ordre et dont les circonstances de la mort ne sont pas encore élucidées.
La répression est sourde et la colère des iranien.nes flambe.
La ville de Mahabad est tombée entre les mains des protestataires, le siège du gouverneur a été pris d'assaut entre autres, mais il y aura forcément une offensive par les forces gouvernementales.
Mais malgré tout, on entend dire de plus en plus souvent que la fin est proche...