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Billet de blog 26 janvier 2017

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Fukushima : les voix silencieuses

documentaire réalisé par Chiho SATO et Lucas RUE Entretien avec la réalisatrice. Ce film sera projeté à Lyon, en 3 lieux, à l’occasion des manifestations autour du 6e anniversaire de la catastrophe. Les jeudi 23, vendredi 24 et samedi 25 mars 201.

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Chiho SATO vit en France depuis 2010. Elle est née à FUKUSHIMA. Ses parents et grands-parents, ainsi que l’ensemble des membres de sa famille vit encore à 60 km de la centrale de FUKUSHIMA DAIICHI dans ce que l’on appelle : « La zone d’évacuation volontaire ». Plus de cinq ans après la catastrophe, la radioactivité, invisible, mais omniprésente a peu à peu disparu des esprits des habitants.

Votre film se présente comme un document ethnographique sur le quotidien d’une famille au sein de laquelle les liens sont à la fois très affectueux et empreints d’un grand respect de l’un pour l’autre. Vos grands-parents de 90 ans cultivent encore leurs terres comme avant, juste gênés par ces contrôles d’État sur les légumes qu’ils produisent « inutiles, puisque tout va bien ! »

C.S. J’ai voulu montrer aux Français le quotidien d’une famille de Fukushima, loin des images dramatiques et anxiogènes montréesfréquemment en Europe. En premier lieu on constate qu’à Fukushima-city la plupart des gens n’ont pas peur de vivre, de respirer, ou de manger dans un environnement pourtant contaminé. Il est très difficile de se protéger contre quelque chose qu’on ne voit pas, qu’on ne sent pas et qui ne nous fait pas souffrir dans l’instant.

Dans le documentaire, vous êtes l’enquêtrice qui pose les questions et en même temps la petite-fille, la fille, la sœur, la nièce et vous vous comportez en toute intimité avec chacun. J’ai été très touchée par cette double position que vous assumez avec un parfait naturel. Touchée aussi par votre façon d’accepter le point de vue exposé par le locuteur.

C.S.Mon objectif est effectivement de rouvrir le débat sur la situation en incluant la voix de ces habitants qui font face au danger avec une tranquillité apparente, encouragée par le discours gouvernemental.

Et vous-même, au cours de la réalisation de ce film,considérez-vous que vos points de vue ont été modifiés ?

C.S. Au fil de mes recherches et des discussions, la mauvaise gestion de la crise par les autorités japonaises et TEPCO m’ont rendue beaucoup plus critique vis-à-vis de certains aspects de la culture japonaise.

Il y a quand même un personnage dans une réunion publique qui s’exprime avec une franchise crue qui tranche.

C.S.Vous voulez parler de la jeune fille qui dit que sa vie est déjàcompromise par le risque d’avoir des enfants malades ?Elle interpelle l’assemblée par ces mots : « Et pourquoi continuerais-je àme protéger puisque mes parents et l’État ne s’en préoccupent pas ? »

J’ai eu l’impression que certains membres de votre famille sont passés d’une position de refus : « nous ne voulons plus entendre parler de cet accident », à l’aveu de leurs peurs. Avez-vous ressenti cetteévolution ?

C.S.Oui, particulièrementde ma mère. Elle a rejoint des groupes de réflexion qui s’interrogent sur les répercussions de la catastrophe ! Et dans le cercle familial, elle exprime désormais son opinion comme jamais je ne l’avais entendue le faire. J’en suis àla fois surprise et très heureuse ! Mais j’ai l’impression que cette nouvelle énergie effraie un peu mon père…

Considérez-vous que les Français ont des positions très différentes des Japonais sur ce sujet ?

C.S.Je pense que la parole française est beaucoup plus libre. L’éducation pousse les enfants àréagir, àdonner leurs opinions sur tous les sujets. Contrairement au Japon oùles voix sont presque imperceptibles. Mais en France les militants deviennent peut-être inaudibles du fait du nombre de causes soutenues et de la vigueur avec laquelle elles le sont... Que faire lorsque l’idéalisme de nos convictions rencontre la réalitéde ce que certains appellent « la post-démocratie »ou « la démocratie molle » ? Je n’ai pas de réponse. La parole militante va peut-être évoluer de la contestation vers l’éducation afin de nous éclairer, non pas àla bougie, mais àla lumière de toutes les autres énergies alternatives et propres.

Projections :

Le 23 mars à 20 h Alternatibar, 126 montée de la Grande Côte 69001

Le 24 mars à 20 h L’Aquarium, ancien vidéoclub, 10 rue Dumont 69004

Le 25 mars, 2 séances en après-midi, à l’Espace Japon, 16 rue Bellecombe 69006

Les réalisateurs seront présents pour le débat.

Coordination, informations complémentaires : relai local de la revue S!lence (écologie, alternatives, non-violence)

monique.douillet@sfr.fr 04 26 63 28 99

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