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Billet de blog 10 avril 2011

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POÈME. LAMENTATION SUR LA MORT DE LUIGI, UN MANOUCHE. HOMMAGE AU GRAND DJANGO REINHARDT

  LAMENTATION SUR LA MORT DE LUIGI, UN MANOUCHEHOMMAGE AU GRAND DJANGO REINHARDT. UN POÈME  

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LAMENTATION SUR LA MORT DE LUIGI, UN MANOUCHE

HOMMAGE AU GRAND DJANGO REINHARDT. UN POÈME

Pleure, pleure, ôDjango,

Sur ta guitare,

ô grand Reinhardt,

là-haut, là-haut auparadis,

tes doigts ont égrenéavec peine

les notes d’un Requiem,

pour l’un de tesfrères,

l’un des Rroms, desGitans,

des Manouches, desTziganes,

qui ont des sièclesdurant,

porté sur les rivagesd’Europe,

le savoir, la sagesse,

le pouvoir,l’allégresse,

de l’Inde, de la Grèce,

Al-Kymiã, Gyptosantique.

Pleure, pleure, ô Django,

Sur cette noble terrede France,

que tu asparcourue et aimée,

tes frères ne sont plusacceptés,

l’heure des pogroms

de nouveau a sonné.

Pleure, pleure, ôDjango,

Vos caravanes s’étirant

vers la bouche du grandfleuve

fécond et puissant,

aux Saintes Mariesviennent fêter

la Vierge Noire desopprimés,

des exclus, deserrants,

peuple consacré,éternels exilés.

Pleure, pleure, ôDjango,

Dans cette France quifut asile,

mère nourricière etprotectrice,

tes frères sontpersécutés,

pour avoir oser

défier la modernité.

Pleure, pleure, ôDjango,

Cette terre des grandssaints,

des poètes, desmusiciens,

des mystiquesilluminés,

des philosopheséclairés,

cette terre vous arenié.

Pleure, pleure, ôDjango,

Ô vous compagnons duvoyage

unis dans l’éternellequête,

de l’absolu et dusacré,

vous seuls savez vousmontrer dignes

du poète le destinétoilé.

Vous seuls savezécouter

au souffle du ventl’appel

du soir sous les hautesfutaies

des profondes etantiques forêts,

âme des druides, sagesmystiques,

qui vous chuchote ensecret

le chemin qui vous esttracé :

sous le ciel hautclouté d’étoiles

vous seuls savez mettreles voiles.

Pleure, pleure, ôDjango,

Vous seuls encoresuivez la trace

de nos ancêtresmillénaires,

guidés par les astresla lumière

vers une destinationpremière.

Entre vos mains,trésor, sommeille,

la mémoire de nos aïeux

qui dormaient etdansaient sous les cieux

à l’écoute des astreset des dieux.

Pleure, pleure, ôDjango,

Vous seuls savez encore

faire trembler surl’air la note

qui dans l’âme l’appeléveille

de la route et de sesmerveilles.

Pleure, pleure, ôDjango,

Vous les gens du voyagesans fin

sur cette terre aveztracé

des chemins semés desanctuaires

à la Grande Mèrenourricière,

à Maia, Isis, Marie,Sarah,

vous êtes vousconsacrés,

déesse d’amour riche etféconde,

son sein généreuxabonde,

mais sa survie estmenacée,

des hommes dont lacupidité,

éventre, viole enimpunité.

Pleure, pleure, ôDjango,

Vous appartenez à laterre,

Fils du Vent, de lalumière,

que vos chants etdanses vénèrent,

plainte de l’hommemenacé.

Pleure, pleure, ôDjango,

Quand tes frèresn’auront plus de pain,

de chants semés sur lechemin,

quand ils serontincarcérés

au béton armé descités,

quand ils n’auront plusaccès,

aux sentiers des migrations

de l’âme humainepérégrinations

et reflet de sondestin,

alors s’éteindral’histoire,

se voilera à jamais

la face de la luneoccultée,

qui règne sur vents etmarées,

la face de la ViergeNoire,

la face de Sarah laBelle,

servante et souveraine,

gardienne de tous lessecrets

enfouis dans l’âmehumaine.

AURORE DE SAINT-JEAN

Paris, le 22 juillet2010

MONIQUE RICCARDI-CUBITT

www.arcadiamundi.eu


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