Si la manipulation de l’information et la désinformation ont toujours été les armes du monde politique, l’histoire humaine en tout temps en atteste, la manipulation malhonnête de l’opinion publique élevée au rang d’un système reconnu comme légitime est de récente origine. L’attitude du gouvernement Bush au États Unis, et de celui de Blair au Royaume-Uni, l’un et l’autre soit disant en mission divine pour éliminer un dictateur et imposer de force la démocratie afin de justifier en 2003 la violation d’un état souverain au Moyen Orient et son invasion armée à des fins plus que douteuses - avec les résultats catastrophiques que l’on sait – a ouvert une boîte de Pandore qui ne cesse de répandre ses monstrueuses effluves sur la scène politique occidentale.
Son souffle empoisonné a corrompu les dirigeants politiques occidentaux ; en mimétisme sympathique, ils ont adopté les postures et les techniques des deux politiques anglo-saxons : le mensonge effronté, la manipulation de l’opinion publique par la peur et l’appel aux plus bas instincts , l’abdication du bien général au service d’intérêts personnels, l’absence totale de principes éthiques et moraux dans la proclamation implicite, ou explicite, d’un droit divin de les bafouer au nom de leurs convictions et desseins.
Les techniques de communications des spin doctors britanniques tel Alastair Campbell qui avoua cyniquement avoir sexed-up, (rendu racoleur !) le dossier irakien pour le rendre acceptable au Parlement, on fait école. La même manipulation méticuleuse de l’opinion publique pendant des mois, répandant mensonges et fausses promesses, peaufinant la rhétorique soutenue en agissant sur les peurs ancestrales, les passions les plus viles en fouettant les haines xénophobes,a permis à Nigel Farage et son parti UKIP de faire voter le Brexit au référendum de juin 2016. Comme David Cameron, l’initiateur du référendum, Farage après avoir poursuivi une campagne personnelle contre l’Union Européenne pendant 17 ans comme député européen. a démissionné de la direction de son parti et de la politique, n’assumant en rien les résultats catastrophique de ses actions, Le chaos qui ensuit depuis dépasse toute imagination et remet en question le sort même de la démocratie et de l’Union européenne. Un référendum est-il légitime quand ses prémisses ont été faussées à grand renfort de propagande et de millions dépensés au service du mensonge, de la dissimulation, de la manipulation de l’opinion publique par les médias ? Un vote est-il valide quand les électeurs aveuglés ne sont plus en mesure d’en percevoir les conséquences réelles ? Le Royaume-Uni s’est trop tard réveillé à la fraude et à l’imposture grossière auxquelles le pays s’est laissé prendre et emprisonné, le divisant comme il l’avait été lors de l’intervention en Irak. Il semble maintenant que Tony Blair, ce prestidigitateur de la déception et de la manipulation politique, qui gagne des sommes astronomiques en répandant son credo sulfureux, ait l’outrecuidance de contester un Brexit gagné par ses propres méthodes de communication. Il y voit sans doute une voie de retour au pouvoir, lui qui a le distinct honneur d’être devenu le Premier Ministre le plus détesté du Royaume Uni .
Donald Trump a agi de même aux Etats-Unis utilisant le mensonge, l’insulte, la surenchère médiatique, les discours inflammatoires et le pouvoir financier dans une vulgarité assumée et revendiquée, avec les même résultats calamiteux: un pays divisé qui se recroqueville sur lui-même dans l’isolationnisme, des haines sociales, racistes et xénophobes accrues et manifestées dans une violence verbale et physique se répandant comme une peste sur le pays. Aux Pays-Bas Geert Wilders, l’allié de Marine Le Pen, se fait l’avocat du ‘choc des civilisations’ de George Bush, attisant les haines religieuses contre l’Islam, et nationalistes contre l’Europe. Marine Le Pen devient de plus en plus influente et légitime sur une scène politique française de plus en plus chaotique et désaxée. Son parti est fondé sur le pire de l’esprit français : la xénophobie, le chauvinisme, l’opportunisme voilé par l’hypocrisie, la violence physique et verbale, et un nationalisme ancré dans l’ignorance et le déni de la richesse des racines diverses et multiples de cette France profonde dont il se revendique être l’unique voix. La France du Front National est une France rapetissée, bornée, repliée sur elle-même dans un rejet suicidaire de l’autre, de sa valeur humaine, et de sa richesse intrinsèque dans sa diversité. Le Pen se positionne au-delà des lois et des institutions de la République jugeant les ‘immoraux et illégaux’ tout effort de la Justice afin d’entraver ses dérives : elle se pose en victime du système, alors qu’elle est coupable de corruption et détournement de fonds publiques dans une affaire d’emploi fictif au Parlement Européen, et refuse d’apparaître devant les enquêteurs.
Nicolas Sarkozy, le clone de Tony Blair, a agi de même tout au long de sa carrière. Il a attisé les haines raciales dans son infâme discours de Grenoble en 2010 contre les Roms, ouvert des débats oiseux et pernicieux sur l’identité nationale, insulté les citoyens en les traitant de ‘racaille’ qu’il fallait ‘nettoyer au Kärcher’, se recommandant des principes républicains de grandes figures historiques quand ils lui étaient utiles, les bafouant quand cela lui servait. Son attitude envers la Justice est toute aussi perverse et ambiguë : toutes tentatives à lui demander des comptes provoquent des protestations indignées de sa part, et des accusation de victimisation et d’acharnement contre sa personne. Lui-même se sert du dispositif judiciaire avec une efficacité impitoyable contre ses adversaires au sein même de son parti afin de les discréditer et d’éliminer toute opposition qui pourrait remettre en question sa position et son emprise. Il agit non en politique rationnel et responsable, visant à l’intérêt général de son pays, mais en chef de clan aux pratiques maffieuses propres aux gangsters et aux voyous. Déclarer publiquement à propos de Dominique de Villepin - un collègue et membre du même parti - vouloir ‘l’accrocher à un croc de boucher’ n’est pas digne de la fonction présidentielle et donne un exemple de violence verbale inacceptable.
Dans cette invraisemblable affaire Clearstream pour laquelle Sarkozy a ciblé et persécuté de Villepin, il l’a effectivement éliminé du champ politique. Pour tout observateur lucide et éclairé ce n’était qu’une vaste supercherie destinée non seulement à discréditer un homme d’état qui lui est en tout supérieur, mais aussi, en détournant l’attention publique, à créer un écran de fumée afin que ses propres activités illicites ne soient mises au grand jour. Tel le financement libyen illégal de sa campagne électorale de 2007 pour lequel Kadhafi et autres protagonistes paieront de leurs vies. Et, ainsi que l’assure une personne dans la communication, attachée parlementaire d’un sénateur : ‘Tout le monde sait que Sarkozy a un compte à l’étranger, mais il n’est pas au Luxembourg…’
Sa malveillance envers un adversaire dont il se sent menacé par son parcours, sa stature intellectuelle, morale et politique internationale, ne s’est pas arrêté là. Après avoir, selon certains commentateurs, attisé et encouragé les manifestations contre le Contrat Première Embauche (CPE) proposé par Dominique de Villepin en 2006 pour réduire le chômage, il a systématiquement miné et saboté sa campagne présidentielle en 2012, à laquelle j’ai participé, voir mon site internet : http://www.monique-riccardi-cubitt.com/ 9. Engagement politique. Jour après jour, il a débauché les soutiens de République Solidaire, isolant son adversaire dont le mouvement était devenu,selon les propos méprisant de Xavier Bertrand, le porte parole de Sarkozy dans la campagne présidentielle de 2007, ‘République solitaire’, le forçant éventuellement à renoncer à se présenter. Dominique de Villepin s’est montré une fois de plus supérieur à lui moralement et intellectuellement en s’élevant au-dessus des violentes attaques de Sarkozy et des préjudices personnels et politiques qu’il a subis, afin de continuer à servir la France dans l’œuvre de paix qui est la sienne, voir son dernier ouvrage, Mémoire de Paix pour temps de Guerre. Ed. Grasset, 2016 : ‘Toute ma vie durant, j’ai voulu mettre le travail de la paix au cœur de mon action… Le moment est venu de s’atteler au travail de la paix, d’ouvrir les yeux sur les blessures du monde et de nous doter des outils pour construire un nouvel ordre, stable et juste…J’ai la conviction que la France a un rôle à jouer dans ce nouveau monde, à condition de retrouver sa vocation d’initiative, de médiation et de dialogue, fidèle à son message et à son histoire.’ Il lui a pardonné avec magnanimité et, fidèle à ses idéaux pacifiques et diplomatiques, il a offert sa médiation en Tunisie en août 2011 afin d’éviter l’intervention armée en Libye. Ce qui ne servait guère les intérêts de Sarkozy qui, émulant Blair, et poussé par l’intervention malavisée de Bernard-Henri Lévy en mal de publicité, a menti sur la situation libyenne afin d’obtenir la participation de la Grande-Bretagne et des États Unis avec l’approbation de l’ONU.
Le rapport d’une commission d’enquête du Parlement Britannique publié le 14 septembre 2016 questionne la légitimité de l’intervention armée en Libye. Elle déclare qu’elle ‘fut fondée sur des postulats erronés’, et que la menace contre la population civile fut sciemment ‘surévaluée’ afin de servir les intérêts français en Afrique du Nord. Le but était principalement de s’approprier les ressources pétrolières libyennes, et plus particulièrement de servir les intérêts personnels du Président Sarkozy, en lui conférant prestige et, on le sait depuis, en se débarrassant, avec l’approbation de la communauté internationale, d’un généreux donateur devenu un témoin gênant qu’il fallait liquider. Après avoir vendu en 2008 pour 168 million d'euros d'armes à la Lybie, la France en 2011 a dépensé 300 millions d’euros à combattre le régime de Kadhafi avec de terribles pertes de vies humaines, déstabilisant la région et créant un vacuum dont Daech, l’État Islamique a profité, forçant la population à l’immigration vers l’Italie et éventuellement l’Europe du Nord. Dominique de Villepin l’avait prédit en 2011 : ‘ Gagner une guerre, c'est une chose, gagner la paix c'est beaucoup plus difficile … Ça va demander à la diplomatie française des initiatives.. des trésors de savoir-faire pour éviter que cette révolution libyenne ne se retourne contre ceux qui les ont hier aidés.’ Contre le terrorisme qui a sévi sur le territoire français depuis, sa position énoncée en septembre 2014 sur France 2 dans l’émission Ce soir ou jamais, est inchangée : ‘La guerre contre le terrorisme ne peut pas être gagnée…, L'échec est annoncé parce que le terrorisme est une main invisible, mutante, changeante, opportuniste. On ne se bat pas contre une main invisible avec les armes de la guerre. Il faut être capable d'employer la force de l'esprit, la ruse, les moyens de la paix pour désolidariser des forces qui s'agglutinent autour de ces forces terroristes». Et d'ajouter: «Tout ce que nous savons de ce type de guerre menée depuis l'Afghanistan a conduit à l'échec…Il faut une stratégie politique, une vision politique et une capacité à penser l'action très au-delà des bombes… Ayons conscience que cet État islamique, Daech, nous l'avons nous-même en grande partie enfanté, de guerre en guerre. Il y a un cercle vicieux dans lequel nous nous sommes enfermés. Non seulement c'est inefficace, mais c'est dangereux parce que cette région du Moyen-Orient est traversé de crises, de blessures. Il est en profonde crise de modernisation’. Ses propos s’inscrivent dans la tradition de la diplomatie française qui fut l’une de ses gloires dans le passé, le français était la langue diplomatique par excellence jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale, elle incarnait plus qu’une culture, une civilisation. Ainsi le perçoit Philippe-Joseph Salazar dans son essai Blabla République. Au verbe, citoyens ! Ed. Lemieux, 2017. La rhétorique, ou l’art et la science oratoire pour persuader à la manière d’Aristote, assume aussi l’art de l’éloquence du beau discours de l’orateur romain Quintilien. Cet art de débattre avec forme et substance est devenu dans le monde moderne une ‘technologie de la parole’, une parole politique vidée de son sens premier, où les slogans brandis et les banalités énoncées tiennent lieu d’action pour une élite qui en est la maîtresse, devant des citoyens égarés par ce verbiage constant, et impuissants à exprimer leurs besoins et aspirations légitimes. . Et Salazar ajoute : ‘Depuis la Troisième République, il n’y a plus d’autorité morale en France’.
Dans cette cacophonie ambiante des voix sonnent encore justes, telle celle de Villepin, mais elles sont vite étouffées et sciemment discréditées, comme le dit Claude Angeli, citant d’ailleurs l’ancien Premier Ministre sur la guerre et le terrorisme, dans un entretien avec Mediapart le 12 février 2017. L’ancien rédacteur du Canard enchaîné parle de son livre Les plaisirs du journalisme, Ed. Fayard, où il dénonce : ‘une époque médiocre’, ‘une société molle’, où ‘les vérités sont discréditées’. En référence aux scandales financiers des derniers mois liés à la corruption de l’élite politique, il dit à propos de l’ancien ministre socialiste Cahuzac et du candidat à la présidentielle de droite, François Fillon, ‘Je crois que j’ai plus de respect pour les vrais voleurs…’ Il est difficile de comprendre comment la droite française peut encore soutenir un candidat qui ayant fondé sa légitimité sur la droiture et la morale ( Tweet 18 septembre 2016) , Pour gouverner un pays, ma conviction est qu'il faut être irréprochable. Je pose le principe de l'exemplarité du Président et des ministres) après des années de népotisme et de détournement de fonds publiques restés secrets, s’est parjuré à plusieurs reprises devant la nation qu’il prétend représenter. C’est une Tartufferie à grande échelle qui met à mal la religion dont il se recommande la main sur le cœur et la bouche en cœur : ‘Je suis chrétien !’, clame t-il adoptant une posture de victime à la Sarkozy, parlant d’acharnement médiatique, fustigeant la justice et les journalistes, et dénonçant même son propre parti qu’il invite ‘ à faire leur examen de conscience’.
Le système politique lui même est en cause : selon Mediapart ‘ L'Assemblée a rémunéré 52 épouses, 28 fils et 32 filles de députés en 2014’. La France a peut-être aboli l’Ancien Régime mais non ses privilèges : certains sont plus égaux que d’autres. Nul ne veut changer ce système de népotisme et de favoritisme, qui profite aux moins scrupuleux, pour ne pas dire aux plus corrompus . Et pour ceux, comme de Villepin, qui ne trempe pas dans les combines et les magouilles, on s’efforce de discréditer son intégrité en essayant de prouver qu’il a profité d’une manière ou d’une autre de l’argent libyen, ce qui, considérant les circonstances décrites ci-dessus est plus qu’improbable. Alors on invente un soit disant emploi fictif pour une société saoudienne, pour laquelle un rapport en janvier 2009 reprenait les notes d’une conférence antérieure. Ce qui n’est qu’un exemple des droits à la propriété intellectuelle d’un auteur ou d’un conférencier, dans une nouvelle prestation qui est rémunérée selon les barèmes du commanditaire. Ce qui est de même pour un album de Tintin, acheté aux enchères par un ami durant la vente de sa bibliothèque. Un objet mis aux enchères n’a aucune valeur intrinsèque, si ce n’est celle de l’offre et la demande, comme je l’ai constaté à Londres chez Christie’s et Sotheby’s, qu’il s’agisse des lunettes en diamanté d’Elton John, des dessous de Marilyn Monroe, ou de l’énorme caleçon en tartan que portait sous son kilt John Brown, le fidèle serviteur, et peut-être, dit-on, amant de la Reine Victoria - ainsi je peux désormais répondre à l’intrigante question : Que portent les Écossais sous leurs kilts ? outre les slips jaune citron et rose bonbon de Marks & Spencer que j’avais pu observer lors du tossing of the caber (lancé du caber, un tronc d’arbre) des Highlands Games Écossais ! La valeur conférée à un objet par son origine, est reflétée dans la convoitise des acquéreurs qui, par le processus même des enchères, font monter les prix. Si l’on veut mettre en doute l’intégrité d’une personne honnête, tout est bon pour jeter le doute, ce qui confirmerait l’opinion publique : ‘Tous pourris !’, et conforterait les corrompus dans leurs magouilles et dissimulations.
Ainsi se justifie la recherche de sang neuf, un soit disant franc-tireur, hors du système, qui écrit un livre sur ses intentions politiques le nommant Révolution. Le programme d’Emmanuel Macron est tout sauf révolutionnaire, en fait son slogan En Marche, utilisant les initiales de son nom, est une marche à reculons. Son plan économique repose sur le néo-libéralisme des années 80 et 90, celui de Thatcher et de Reagan, de Clinton et de Blair, un système que les économistes s’accordent à dénoncer comme pernicieux pour la société, et que dénonce même le FMI. Soutenu moralement et financièrement par les banques d’affaires, dont il tient sa richesse et son expertise, et par les grandes multinationales, Macron veut, comme le fait Trump aux États Unis, redonner aux banques tous les privilèges d’avant la crise des subprimes de 2008, qui a fait d’énormes ravages dans la vie des classes moyennes, causant des tragédies humaines. Son idée de l’Europe est aussi loin d’être originale, il reprend seulement les directives du Conseil de l’Europe. Alors même que la crise politique ambiante demande une remise en question radicale de la structure d’une institution vieille de 60 ans. Il faut œuvrer à sa reconstruction sur des bases nouvelles afin de faire face à la montée des mouvements dit populistes qui ont engendré le Brexit. Il faut trouver des solutions à la crise humanitaire causée par le terrorisme au Moyen Orient qui nourrit une migration des populations incontrôlable, aux crises environnementales et économiques avec la diminution des ressources naturelles due à leur surexploitation par ces mêmes multinationales qui le soutiennent, au réchauffement climatique au niveau mondial, et à la montée en puissance de nouveaux pays, tels l’Inde ou la Chine,
Fillon fait la grande messe de l’hypocrisie, invitant Molière sur la scène politique en jouant Tartuffe et M. Jourdain. Son image de Pater familias parangon de vertu morale, et de gentleman farmer aux valeurs du terroir, dans son manoir provincial où gambadent les chevaux de sa femme, est à jamais brisée. Il est devenu le Bourgeois Gentilhomme, dont le brillant plumage couvre une âme vénale et cupide à l’esprit mesquin et borné d’un petit notable de province balzacien ayant fait fortune à la capitale par des moyens détournés. Il a pris la nation et son parti en otage, refusant d’accepter l’inévitable, au profit de ses ambitions personnelles. Dans tout autre pays, il aurait dû démissionner et céder la place à Alain Juppé, le candidat voté second à la primaire du parti, un dénouement logique comme le faisait remarqué Dominique de Villepin. La folle obstination de Fillon a fait le jeu de Sarkozy, qui en continuant à le soutenir envers et contre tout mais avec ruse et préméditation, a barré le chemin au second candidat, afin de mettre en place ses propres troupes et de préparer son éternel retour.
Macron quant à lui officie en grand prêtre d’un culte narcissique au service du dieu Mammon, avec pour vestale une déesse mère qui joue Pygmalion : ‘Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires’ . C’est le guru d’une secte qu’il manipule et fait entrer en transe en utilisant les méthodes de lavage de cerveau et d’hystérie collective qu’utilisaient les sociétés américaines de la fin du vingtième siècle pour motiver leurs employés. Ses lieutenants, des jeunes gens endoctrinés et conditionnés à réagir aux SMS de commande d’un chef chauffeur de salle, docilement acclament le candidat au moment voulu. Leur récompense sera une soirée au frais du parti dans une boîte de nuit locale. On achète leur loyauté, on les dirige dans un jargon franglais incompréhensible, issu du monde des affaires, leur donnant l’impression d’appartenir à un cercle d’initiés, un club exclusif avec son propre langage. ‘Je connais la grammaire des affaires’ dit Macron, il en offre l’évidence dans sa recherche de marché qui a servi à composer son programme politique, et dans sa manière de conduire ses meetings. Le 10 décembre 2016 à la Porte de Versailles, il se laisse emporter par son zèle messianique en hurlant à la fin de son discours : ‘ Ce que je veux, c’est que vous partout vous alliez le porter parce que c’est notre projet. Vive la République, vive la France’. Sa surprenante posture rappelle la prestation de Leonardo di Caprio dans le film Le loup de Wall Street endoctrinant ses traders dans les années 80 à la Bourse de New York : I want you to deal with problems by becoming rich, we are going to be f…telephone terrorists… Je veux que vous surmontiez les problèmes en devenant riches, nous allons être des putains de terroristes au téléphone…La violence des mots, l’hystérie collective sont dignes des meetings évangélistes américains qui s’appuient sur des moyens financiers et médiatiques considérables pour attirer, endoctriner et manipuler psychologiquement leurs adeptes. La Macronie a le même effet hypnotique sur le public et les médias, c’est une imposture à grande échelle appuyée par de puissants soutiens financiers et de douteuses éminences grises, tel Alain Minc, qui a longtemps conseillé Sarkozy.
Macron n’a donc rien du petit génie créateur qu’il se croit être lui-même, et que les médias veulent présenter. Le petit Mozart de l’Élysée, après trois ans de Conservatoire, (même Mozart n’en a pas fait autant !) a encore à nous offrir sa version de La Flûte enchantée. Son Papageno est plutôt Le Flûtiste de Hamelin, ou en anglais le Pied Piper, qui est beaucoup plus évocateur. Le mot pied se réfère aux oiseaux de plumage multicolore, comme la pie noire et blanche. Quant au sens de l’expression Pied Piper, elle décrit : 1. Une personne qui offre aux autres de forts attraits illusoires, des miroirs aux alouettes et 2. Un chef qui fait des promesses irresponsables. Dans les deux cas, comme dans le conte, la fin inéluctable mène à la destruction et la mort, dont le flûtiste est le symbole caché.
Ce M. Macron au plumage politique multicolore est un oiseau de sinistre augure. Il y a d’ailleurs autour de ce couple une aura d’artifice et de factice qui inquiète par son étrangeté. Il serait aisé de décrire ce malaise en termes Freudiens, le complexe d’Oedipe est trop évident. Macron a effectivement éliminé et tué la figure paternelle en épousant une femme, son professeur, de l’âge de ses parents, et en adoptant la profession de banquier de son premier mari, dont il a dérobé la famille en s’installant dans son nid comme un coucou. Il ne témoigne aucune loyauté envers les hommes qui l’ont mis au pouvoir, tel François Hollande, qu’il tue symboliquement en aspirant à sa fonction de président (Sarkozy a fait de même avec Pasqua et le Président Chirac). Un bel exemple à la jeunesse qu’il prétend guider, de trahison sans aucun scrupule, de manque d’éthique et de principes. Mais Jung suggère un profile plus subtil, celui du syndrome de Peter Pan : l’homme immature dans ses émotions, l’éternel adolescent narcissique, aux émotions contradictoires, au comportement imprévisible, aux pulsions irrépressibles et aux réactions irrationnelles, dont Sarkozy est aussi un exemple ainsi que Donald Trump. Il existe d’ailleurs au niveau physique et psychologique, une étrange corrélation entre le couple politique formé par Donald Trump et Ivanka, sa fille ‘La femme que Donald Trump aime par dessus tout’ selon Newsmax et qui est son éminence grise, et celui des Macrons. Le couple Trump dans leur relation père/fille semble être le verso ( épouse-mère/fils) du couple Macron, jusqu’à une ressemblance physique troublante entre Trump et Brigitte Macron dans l’artificialité de leur image qui remonte aux années 80 : même chevelure blonde surmontant un teint au bronzage orangé permanent.
‘Au royaume des aveugles les borgnes sont rois’ selon la définition dans Le Robert Dictionnaire des expressions et locutions françaises, ed. 2017 : ‘Même un médiocre paraît remarquable, au milieu de gens sans aucune valeur’, replaçons les deux derniers mots par valeurs au pluriel, et voici la description de la Macronie. Elle mènera la France au désastre, en fera un vaste Disneyland pour touristes, où fleuriront sur le terroir les panneaux publicitaires invitant à la consommation à la manière de Las Vegas (Ce projet de Macron fut refusé par le gouvernement Hollande). On peut aussi s’attendre à voir la campagne française éventrée par les forages pour en extraire le gaz de schiste. Et cette culture française inexistante selon lui : ‘ Il n’y a pas de culture française’ déclare t-il à Londres le 4 février 2017, sera diluée, dénaturée en un ersatz de la culture américaine sous la domination de l’argent roi. Loin d’être un innovateur, l’homme lui-même est un ersatz, disant tout et son contraire, adoptant des postures selon les occasions à la manière de Sarkozy. En Algérie, il parle de ‘crimes contre l’humanité’ à propos de la colonisation, et empruntant les mots du Général de Gaulle termine par ‘Je vous ai compris !’. Poursuivant cette veine patriotique, lui qui n’a aucun sens de la mémoire et de l’histoire collective, ce technocrate sans empathie envers les autres cite à Lyon les mots de René Char sur la Résistance dans Les feuillets d’Hypnos : ‘J’ai aimé farouchement mes semblables cette journée là, bien au-delà du sacrifice’. Ce n’est même plus du théâtre, c’est du Grand Guignol indécent de tromperie et de supercherie.
Toujours à Londres, le 21 février, sans doute pour flatter ses hôtes britanniques, il réitère l’absence de culture française, ajoutant qu’il n’a pas vu ‘d’art français’. Ce qui est étonnant considérant qu’ayant travaillé à la banque Rothschild il soit encore ignorant du fait que la branche britannique de la famille possède dans le Buckinghamshire l’une des plus importantes collections britanniques des arts décoratifs français du 18e siècle, et de tableaux du 17e et du 18e siècle, avec la Wallace Collection à Londres. Waddesdon Manor fut construit de 1874 à 1889 sur le modèle des châteaux de la Loire par un architecte, historien d’art et collectionneur français, Hippolyte Destailleur. Les Britanniques, en amateurs et collectionneurs éclairés, ont toujours apprécié et collectionné l’art français, qui a influencé le leur depuis l’arrivée des Huguenots au 17e siècle après la Révocation de l’Édit de Nantes. Les deux grandes maisons d’enchères, Christie’s et Sotheby’s ont fondé leur renom et leur fortune sur les ventes royales et aristocratiques françaises à la suite de la Révolution. M. Macron est un philistin ignorant et inculte, malgré la soit disant ‘culture inouïe’ de sa femme. Vain et fat, il fanfaronne et fait la roue, se faisant l’écho de Chérie Blair, la femme de l’ancien Premier Ministre, qui durant les pourparlers concernant la ville des Jeux Olympiques de 2012 avait déclaré : ‘Et qu’est-ce que Paris connaît à la culture ?’ C’est André Malraux en 1959 qui a créé le concept d’un Ministère des Affaires Culturelles qu’il dirigea jusqu’en 1969. Il inscrivit la culture dans les plans de modernisation économique et sociale de la France sous De Gaulle. Son exemple fut suivi mondialement.
La médiocrité des prestations des candidats à la présidence française fait frémir quant à l’avenir du pays. Et si l’on peut juger la stature morale d’un homme à la manière dont il traite les femmes en général, et la sienne en particulier, Fillon et Macron ne brillent, ni par la galanterie, ni par la courtoisie, que l’on qualifie de françaises. Déjà Sarkozy traitait sa femme comme un trophée en exhibant ses charmes à l’admiration du public comme un animal de foire. Fillon, pour maintenir sa position, a fait commettre un parjure à sa femme qui a toujours déclaré publiquement dans le passé n’avoir jamais travaillé pour lui. Quant à Macron, il a accusé sa femme de ‘maladresse, de bêtise,’ quand il lui fut reproché un interview donné à Paris Match. Trois autres ont suivi depuis sa parution, dont Mme Macron se dit satisfaite des photos ! Son mari ne semble guère concerné par ses sentiments. La plaisanterie sur l’infidélité concernant le Prince de Ligne, qu’il jugea bon, avec un air complaisant et satisfait, d’inclure dans son discours à Lyon est particulièrement indélicate envers son épouse de 24 ans son aînée. En plus d’être cabotin Macron est un goujat. Son manque de considération pour autrui et d’éthique personnelle et professionnelle est reflété dans son parcours ministériel. Il négligea ses fonctions de Ministre des Finances pour créer son parti politique utilisant son temps et le budget du ministère pour ses propres intérêts. En bref il n’est en rien différent dans son absence de scrupules et d’éthique que Sarkozy ou Fillon. Il a menti à la nation en cachant la privatisation totale de l’aéroport de Toulouse dans la vente de 2015 à un investisseur chinois, alors que l’État français, la région et la ville devaient y conserver des actions. Pour ce mensonge, une faute professionnelle grave, dans un tout autre pays que la France, il aurait dû démissionner de son poste. Il est aussi responsable de la vente de l’usine ferroviaire Alstom de Belfort. Cette usine, qui date du XIXe siècle et a donné naissance au TGV, va cesser son activité en 2018 suite à la vente organisée par Macron au groupe américain, General Electric, qu’avait bloqué son prédécesseur à Bercy, Arnaud Montebourg, 450 salariés et presque autant de sous-traitants vont perdre leur emploi. Macron brade la France et ses atouts aux plus offrants, qui lui deviennent redevables à l’avenir. Il n’agit pas pour le bien du pays, mais bien pour ses propres intérêts.
Sa femme dit qu’il ‘se prend pour Jeanne d’Arc… qu’ il vient d’une autre planète’. En mission divine, la main sur le cœur à l’américaine comme Fillon, pour bien signaler sa sincérité, les yeux fermés, il chante La Marseillaise à Lyon. C’est embarrassant de cabotinage, c’est du pur Hollywood. Lui et sa femme vivent un fantasme dans la bulle à l’eau de rose d’un roman feuilleton qu’ils ont tous deux créé, et qui est relayé quotidiennement par les médias: le monde du Magicien d’Oz. On s’attend à les voir partir en technicolor, main dans la main vers une aube nouvelle, sautillant comme Judy Garland au son de Somewhere over the rainbow, en compagnie de l’Épouvantail sans cerveau, le rôle même que jouait Macron au lycée à16 ans dans le spectacle monté par le professeur de français devenue sa femme, visible en vidéo sur visible en vidéo sur YouTube : Macron fait l’éouvantail.
MONIQUE RICCARDI-CUBITT
Paris, le 15 mars 2017
NB. Monique Riccardi-Cubitt travaille à un essai sur le déclin de la culture et du prestige français.