RURITANIE SUR SEINE : ANACHRONISME, DÉCADENCE ET DÉCLIN DE LA FRANCE
Devant le déclin foudroyant de sa popularité et les nombreuses polémiques qui se multiplient, aussi rapidement que les réformes annoncées sur un rythme accéléré, le petit roi Macron et la reine mère ont payé une visite à Jacques Chirac, l’ex-président resté le plus cher au cœur des Français. Devenu sans doute conscient, mais sans remords aucun, Macron a voulu se faire pardonner d’avoir à Athènes accusé ses prédécesseurs de n’avoir eu aucune efficacité dans leur gouvernance : ‘Des choses qui paraissent terriblement infaisables : ..tout ce qui a fait hésiter, bégayer l'histoire en France depuis tant de décennies, nous allons le faire.’ L’homme de son temps, l’homme providentiel, Jupiter, l’élu de droit divin, le sauveur de la France ‘… notre pays ne se réforme pas’, recherchait l’adoubement de son aîné, sur lequel il exerça le charme reptilien de sa séduction ambiguë, il l’obtint sous la forme d’une statuette du Général de Gaulle. Le voilà donc inscrit dans le fil de l’histoire, lui le candidat qui s’en fut payer ses respects à la longue lignée des rois de France à la basilique de St Denis après l’annonce de sa candidature : ‘Qu'est-il venu chercher là, dans ce grand silence de marbre où dort l'âme de la France? Conviction. Onction. Transmission. Inscription. Tout cela à la fois sans doute. Les voies qui mènent aux Forces de l'esprit sont impénétrables. Le geste de Macron rappelle qu'il est deux catégories de candidat à l'élection présidentielle: ceux qui hantent les lieux de mémoire, en quête d'encens, et ceux qui occupent les plateaux de télévision, en perte de sens’. Bruno Roger-Petit, Challenges, 17 septembre 2016, https://www.challenges.fr/politique/l-imaginaire-politique-de-macron-le-pire-ennemi-de-hollande-valls-et-du-ps_438812
Les voies qui mènent aux Forces de l’esprit de Macron sont bien plus simples, un narcissisme immodéré mis au service d’un ego surdimensionné et d’une ambition personnelle démesurée, qui lui font surestimer sa propre valeur et le rendent éminemment dangereux. ‘…Le paradoxe veut qu’il semble pathologiquement normal, mais nous sommes en plein narcissisme. Macron depuis sa jeunesse nourrit une ambition hors norme, il a besoin du regard et de l’admiration des autres pour compenser un complexe d’infériorité. Nous sommes confrontés à trois paradigmes qui définissent un certain type de personnalité :
- L’idée qu’il n’existe pas de limite
- Un sentiment d’omnipotence dès l’enfance, mais encore présent à l’âge adulte
- Un narcissisme qu’il n’est pas interdit de définir comme malveillant
Que structurent ces trois paradigmes ? Ils structurent ce que l’on nomme un psychopathe’ selon l’analyse du Prof. Adriano Segatori, P.H.D en sciences sociales et en la symbolique de la communication, membre de la Sezione Scientifica Psicologia Giuridica e Psichiatria Forense ( Département de Psychologie juridique et Psychiatrie Médico-légale de l’Académie Italienne de la Science médico-légale) sur YouTube , 3 mai 2017 ,https://youtu.be/NNDgsw39m9s Il poursuit : ‘Le psychopathe n’est pas digne de confiance mais il réussit à convaincre par la fascination qu’il exerce sur son interlocuteur. Il n’a aucun remord.’
Les cinq premiers mois de la présidence de Macron corroborent cette analyse. Il vit sa vie en fascination de sa propre image, génie et héro autoproclamé, il veut créer sa propre légende à coups de théâtre comme dans un roman. Il se fige dans des poses qu’il veut symboliques, en des lieux choisis chargés d’histoire, où il délivre sa prose pédante et verbeuse sans conviction profonde ni authenticité de ton. Ses discours sont truffés de citations littéraires en quête d’immortalité dans des mots dédiés à la communication, ‘en perte de sens’, visant non à inspirer, à fédérer, à rassembler dans une vision, dans une action partagée, pour le bien de la France et des Français, mais à glorifier son culte personnel. En cela il continue dans la lignée non des rois de France, mais dans celle de Nicolas Sarkozy, dont il imite la gestuelle et la rhétorique transgressive et provocatrice sous couvert de nouveauté, une ‘Révolution’ qui n’est qu’un leurre, aussi virtuelle qu’est l’art de la Silicon Valley, qui règne désormais à la Halle Freyssinet sous l’égide de son soutien Xavier Niel. Il inaugura la Station F le 29 juin 2017, dans son jargon franglais sans syntaxe, aussi fumeux que l’est son esprit : ‘Entrepreneur is the new France. Et ça commence ici.’ Il ajouta les mots mémorables : ‘il y a ceux qui réussissent et ceux qui sont rien !’, divisant en deux catégories les Français qu’il traite de ‘fainéants’ à Athènes le 7 septembre 2017, ayant au préalable déclarer à Londres durant sa campagne le 4 février 2017, qu ‘il n’y a pas de culture française, réitérant toujours à Londres le 21 février, qu’il n’avait ‘pas vu l’art français’. Depuis il a tenu des propos insultants envers l’armée, la presse, les Comoriens, les Africains, et tous ceux qui, comme le philosophe Michel Onfray, ne sont pas dupes de la vaste farce qu’est devenue la Présidence de la République française. Il traite ce dernier ‘ d’esprit triste dans l’invective permanente’ accroché à de ‘vieux schémas’.
Niclolas Sarkozy avec son élection en 2007 a été le déclencheur de cette décadence et déchéance au sein du pouvoir français, une corruption morale et politique, autant que culturelle. Sous prétexte de nouveauté, il a balayé avec mépris tout ce qui fait l’unique cachet de la France, et que représentait, dans le même parti de Droite, son rival et adversaire politique Dominique de Villepin. Sarkozy a voulu récrire l’histoire, le ‘roman national’ afin de l’orienter politiquement à ses fins, Macron opère la même instrumentalisation pour créer sa propre légende. De Villepin au contraire est un historien savant et érudit de la diplomatie française et de l’époque napoléonienne, dont les volumes font référence. Il est issu d’une longue lignée de hauts fonctionnaires et de militaires dévoués aux valeurs et aux principes humanistes républicains de l’État de Droit, au service de la France. Poète et écrivain, il s’inscrit dans la tradition très française des éminents diplomates et politiques qui sont aussi des hommes de lettres acclamés, son œuvre et les prix littéraires qui lui ont été attribués en attestent. Cette race d’hommes et de femmes a été plus ou moins éliminée du pouvoir depuis la fin de son mandat de Premier Ministre sous la présidence de Jacques Chirac. En centrant le pouvoir autour de sa personne de manière narcissique, Sarkozy a effectivement détruit la longue tradition de la diplomatie française, qu’il haïssait. Arrogant, inculte et ignorant, il a rabaissé le niveau intellectuel de la France, méprisant sa culture et ses lettres, qui comptent parmi ses plus beaux fleurons. Bernard Kouchner, nommé par lui au Quai d’Orsay, a immédiatement diminué le budget des Alliances Françaises dans le monde, dont il a fermé certains centres, alors même que Gordon Brown à Londres débloquait des fonds pour la promotion de la langue anglaise à l’étranger. Ce sabotage et cette destruction du meilleur de la France, dont la langue est porteuse, s’inscrit dans une politique sourdement menée par une certaine intelligentsia d’origine juive qui n’a jamais pardonné à la France la trahison du gouvernement de Vichy et les horreurs de la Shoah. Le Président Chirac a en fait repentance au nom de la France, ainsi que pour l’esclavage des Noirs, deux de ses plus beaux accomplissements qui marqueront à jamais l’histoire, autant que son opposition à la guerre en Irak, que porta son Ministres des Affaires Étrangères, de Villepin, avec passion et panache à l’ONU en 2003 dans un discours historique désormais célèbre. Depuis la Seconde Guerre Mondiale, la psychose qui sévit en France, un pays trop enclin historiquement à être écartelé par des luttes intestines, a été encouragée et intensifiée par l’omerta qui règne sur le passé occulté d’éminents personnages en fonction d’État, entre autres François Mitterand et ses liens troubles avec Vichy. Le journaliste suisse, Xavier Alonso, correspondant de la Tribune de Genève et des Vingt Quatre Heures de Lausanne à Paris, la définit très clairement sur le plateau de l’émission 28 Minutes d’Arte le 28 avril 2017 ainsi que les circonstances qui ont amené à l’Élysée : ‘Le mal français ce n’est pas le Front National, c’est la hantise du Front National’.
Le poids de cette psychose collective est tel qu’il a permis à un obscur petit parvenu ambitieux et prétentieux, tel Macron, de jouer sur cette dichotomie et d’accéder au pouvoir propulsé par les forces obscures financières, médiatiques et intellectuelles portés par une certaine pensée juive. Ses principaux représentants sont, entre autres, Sarkozy, Kouchner, Alain Minc, ancien conseiller de Sarkozy et maintenant de Macron, l’écrivain Bernard-Henri Levy, le révolutionnaire de mai 1968 Daniel Cohn-Bendit, l’homme d’affaires franco-israëlien Partrick Drahy. Ce dernier, un exilé fiscal en Suisse, est à la tête d’un vaste réseau d’influence ‘une pieuvre industrielle et financière qui veut contrôler l’information et la culture’ à travers Altice, maison mère de SFR, qui regroupe des entreprises de presse (Libération, L’Express), des chaines de télévision (BFM-TV, RMC), et s’investit désormais dans la production télévisuelle et cinématographique. Voir l’article de blog sur Médiapart de Henri Sterdyniak, membre du collectif d'animation des économistes atterrés. Il y dénonce l'arrogance et la toute puissance du capitalisme financier, qui saigne la France et les Français à blanc, encouragé par la politique néo-libérale de Macron, dont la suppression de l’impôt sur la fortune à but de solidarité sociale: https://blogs.mediapart.fr/les-economistes-atterres/blog/040917/un-texte-fondamental
La formidable machine mise en marche pour détruire l’unique qualité de la civilisation française, et de son rayonnement sur le reste du monde, par l’éradication systématique de sa mémoire, que recèle la langue française, qualifiée en 2014 de ‘langue morte’dans le film Casa grande du cinéaste brésilien Felipe Barbosa, a trouvé en Macron le meilleur des avocats. Sous la posture, une imposture, de sa passion pour la littérature, il pratique la ‘Newspeak’ décrite par Georges Orwell dans son roman visionnaire 1984, visant au lavage de cerveau et au contrôle total du peuple par la classe dirigeante, en réduisant la langue à un jargon incompréhensible qui rabaisse et dénature la pensée, efface la mémoire. Son franglais, ce baragouin hybride sans syntaxe qu’il impose aux technocrates qui l’entourent, fût moqué par un éditorialiste de l’Express, Christophe Barbier, le 16 août 2017. Il publia un texte de rap supposément écrit par Sibeth N’Diaye, sa conseillère de presse - elle avait envoyé un SMS irrespectueux et argotique à un journaliste pour confirmer le décès de Simone Veil - et par son conseiller spécial Ismaël Emelien :
‘Yo ! Yo ! Je suis le Prez,
Yo ! Yo ! Je suis le Kid, je suis le boss
Je suis le Prez, pour vous je bosse …
J’ai tapé Trump, t’as vu la trempe ?
Cogner Poutine, c’est ma routine …
La censure médiatique de Drahy and Co qui interdit toute critique des débordements et défaillances du Président et de sa gouvernance, opéra aussitôt. Barbier, repentant, se répandit en compliments hyperboliques et obséquieux, couchés en termes hagiographiques, dans une interview sur BFM-TV, aussi contrôlé par Altice, le 5 septembre 2017, après la publication dans Le Point d’une interview de 20 pages abondamment illustrée d’images flatteuses du petit roi Macron : ‘Macron, c'est Louis XIV doublé de Blaise Pascal’ évoquant une ‘intelligence supérieure.’ Les médias du service public ne sont pas en reste à la radio comme à la télévision. Malgré un déni public durant sa campagne, certaines liaisons influentes connues de tous, assurent au petit roi Macron la protection et l’onction officielle nécessaire à la création de sa légende, faisant agiter l’encensoir à l’autel de son culte. http://www.lexpress.fr/actualite/politique/lrem/video-macron-dement-avec-humour-une-rumeur-de-liaison-avec-mathieu-gallet_1876620.html Le jour de son investiture, les commentaires sur France 2 font des envolées lyriques dithyrambiques : ‘C’est l’investiture la plus romanesque de la Ve République… On est véritablement dans le roman, et même, osons le mot, dans l’épopée’, s’attardant sur ‘ce visage, cette gravité’. Les livres qui relaient le même spin médiatique du parcours d’un petit personnage prétentieux sans intérêt, fondé sur la tromperie, la fourberie et la déception, ne sont pas non plus en reste dans l’hagiographie, leurs titres sont éloquents de flagornerie : Un jeune homme si parfait, Un personnage de roman…. À cette conjonction les mots de Henri de Montherlant dans Les Célibataires s’imposent : ‘…chez nous rien n’est beau que le faux, le faux seul est aimable’.
Jouant sur l’artifice et le spin de la communication, ces forces obscures oeuvrent à ce que Macron nomme ‘la transformation de la France’. La haine de tout ce qui fait la marque distinctive de la civilisation française pousse vers l’américanisation à outrance souhaitée par Sarkozy ‘Dommage que Paris ne soit pas New York’. Ce qu’elle aspire à devenir, et que le Brexit lui fait sérieusement envisager : prendre la place de la City de Londres en Europe. C’est l’idée maîtresse derrière le projet du Grand Paris, que les Jeux Olympiques de 2024, obtenus par Macron, on peut le supputer avec l’appui de ses soutiens financiers qui y ont fort à gagner, vont rendre possible, Médiapart :https://www.mediapart.fr/journal/france/150917/les-jeux-olympiques-beton-arme-politique-du-grand-paris . La région de l’Ile de France deviendra alors une immense agglomération urbaine, détruisant les derniers espaces verts autour de la capitale, aggravant la pollution de l’air déjà à un niveau inquiétant dénoncé par l’Union Européenne, loin des principes écologique de la COP21 que défend Macron contre Trump. Cette concentration de ressources et de moyens financiers autour de la capitale aliénera encore plus le reste du pays, dont les centres des petites et moyennes villes se dépeuplent, malgré les demandes pressantes et répétées de leurs maires auprès du gouvernement. La campagne française, c’est le terroir qui en fait sa spécificité et sa richesse historique, culturelle et gastronomique, mondialement renommée et appréciée. C’est le pays des ‘paysans’, des ‘plouks’ selon la terminologie méprisante des petits cercles parisiens - dont Macron dit ‘ne pas avoir de leçons à recevoir’ d’eux mais qu’il courtise en quête d’adoubement. Ces petits cercles superficiels, égocentriques et ingrats qu’il nourrit, le terroir en sera réduit seulement à cette fonction : remplir et satisfaire le ventre de la capitale sur des terres agricoles livrées aux investisseurs étrangers par l’accord du CETA, pour suivre la politique canadienne de Justin Trudeau avec lequel Macron flirtait outrageusement en mai 2017 durant le G7 à Taormina. Les technocrates tels Macron et sa cour, incapables de différencier un plant de tomate d’un pied de pommes de terre, apprécient l’apport du terroir seulement dans les assiettes des restaurants gastronomiques parisiens, sans vouloir reconnaître, rendre justice et améliorer le sort et la condition de ceux qui leur permettent de jouir de ces délices de la table. La dimension Hollywoodienne et Disneyland de la campagne française pour touristes en mal de couleur locale, sera désormais délivrée par des présentateurs de TV sous un format de carton pâte en technicolor, tel le fait Stéphane Bern, spécialiste des scandales de la petite histoire et des potins mondains de la royauté européenne, ami intime des Macrons. Sans aucune formation en histoire de l’art ni d’architecture, mais confident de Brigitte Macron, qui agit en entremetteuse, il vient d’être chargé d’une mission de 6 mois par le petit roi afin de recenser le patrimoine architectural en danger en France, une mission dénoncée par l’historien Nicolas Offenstadt, professeur à la Sorbonne. Bien que non rémunérée, elle fait une fois de plus polémique, et reflète le népotisme et la corruption de la Cour à l’Élysée, malgré les déclarations de ‘moralisation’ du gouvernement Macron qui en avait fait son cheval de bataille durant la campagne présidentielle. https://blogs.mediapart.fr/marc-evelyne-dumont/blog/190917/la-republique-en-bern http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20170918.OBS4778/stephane-bern-en-charge-du-patrimoine-sa-vision-de-l-histoire-est-etriquee-et-orientee.html
Le patrimoine de la France est en effet en danger, plus encore que son vaste héritage architectural, c’est son patrimoine immatériel qui est sournoisement menacé sous le couvert de modernité et de nouveauté. L’homme providentiel qui assurera sa sauvegarde tout en guidant le pays dans le vingt-et-unième siècle, tant espéré dans la tradition bonapartiste dont s’inspire la Ve République, n’est certes pas le petit-roi Macron dénué de charisme et de vision, qui traite la France comme une entreprise à la manière de Trump aux États Unis. Il n’est en fait que le Président Directeur Général d’une direction constituée d’un triumvirat, lui-même la chapeautant, avec pour sbires et complices son conseiller spécial, Ismaël Emelien, et Alexis Kohler, son homme de confiance et nouveau secrétaire général de l'Elysée. Le Premier Ministre, comme sous Sarkozy, est rendu impuissant, lui et les membres de son Cabinet ne sont que des pions sur l’échiquier, des figurants relégués au second plan. Macron n’a jamais eu de programme politique original dans une vision personnelle. Comme Sarkozy, il grappille ici et là de façon hétéroclite les idées des autres, opportuniste et ouvert à tous vents, selon le précepte résumé dans sa célèbre formule attrape-mouches et attrape-nigauds ‘en même temps’. Son programme politique et social est emprunté de toutes pièces aux recherches de l’Institut Montaigne, et s’appuie sur le carnet d’adresse de son directeur, Laurent Bigorgne : https://www.mediapart.fr/journal/france/240717/laurent-bigorgne-et-l-institut-montaigne-les-cerveaux-de-la-macronie

Le paradoxe est que ces trois protagonistes soient tous directement issus des grandes écoles, l’incubateur des futurs dirigeants français, Ismaël Emelien de Sciences Po, Macron et Kohler de l’ENA, un parcours traditionnel pour les politiques français avec lequel Sarkozy devait supposément rompre en représentant le succès d’un ‘enfant d’émigrés’, hors norme, et hors classe. C’était la critique familière à l’époque de Chirac et de Dominique de Villepin, à qui ce dernier Macron est comparé par une presse soucieuse de valoriser le cadet en l’investissant des qualités humaines, politiques et littéraires de l’aîné, sans fondement aucun. Il ne peut y avoir comparaison entre l’authenticité, l’envergure et la stature de chef d’État, le charisme, la puissance de la pensée, et le rayonnement politique et littéraire d’un homme qui a nul besoin de symboles pour trouver sa place et s’affirmer dans le monde, et la superficialité d’un être immature et narcissique, dénué de toutes ces qualités et accomplissements, qui crée son personnage au jour le jour par coups médiatiques. Macron cannibalise les symboles historiques d’une royauté de pacotille revue et corrigée, une faction, mélange de faits et de fiction, qui s’apparente plus à la Ruritanie, le royaume fictif du roman de Anthony Hope, Le prisonnier de Zenda, publié en 1894, qu’à la réalité historique de la France. La royauté française est entrée dans le monde de l’opérette, le technicolor de Disneyland où les symboles deviennent, comme son couple hautement médiatisé avec la reine mère, une image artificielle montée de toutes pièces, vide de toute signification. La France vaut mieux que cet opéra bouffe, et les Français méritent mieux que cette caricature d’un couple de petits-bourgeois prétentieux qui se veut royal. Le cardinal de Richelieu le disait :’On ne saurait le mal qui arrive à un État quand on préfère les intérêts des particuliers aux publiques… Si tous ceux qui sont dans des emplois publiques en étaient dignes, les États seraient non seulement exempts de beaucoup d’accidents, qui troublent leur repos, mais jouiraient de félicité indicible’ ajoutant ‘ Les Français sont capables de tout pourvu que ceux qui les commandent soient capables de bien leur enseigner ce qu’il faut qu’ils pratiquent’
Certains êtres ont un destin, qui s’inscrit dans l’histoire malgré eux et malgré tous les obstacles et les difficultés rencontrés sur le chemin, qui leur sont autant de coups d’éperons et d’étapes initiatiques. D’autres comme Sarkozy et Macron ont une ambition, qu’ils réalisent à force de volontarisme, de manigance et de corruption. Ayant usurpé leur position, ils tomberont cependant dans l’oubli de la médiocrité, sans que leur nom ne passe à la postérité. Le gouvernement Macron répète le modèle familier du système de clan et de la corruption courant sous Sarkozy . Emélien et sa compagne sont tous deux intimement liés à Havas, et à l’organisation d’événements VIP, dont celui de Dallas, à la gloire des start-up françaises du numérique le 6 janvier 2016, autour de Macron encore Ministre des Finances à Bercy, qui fait polémique pour son coût élevé et le manque d’appel d’offres. https://www.mediapart.fr/journal/france/050917/havas-tisse-sa-toile-autour-de-macron
Tous deux montrent la même cruauté de comportement et violence de paroles envers les faibles et les déshérités, ‘ceux qui ne sont rien’ dixit Macron, ‘à éliminer au Kärcher’ dixit Sarkozy. Depuis Sarkozy, et désormais avec Macron, la France a le singulier honneur d’être le seul pays au monde où, non seulement le Président insulte les citoyens avec un arrogant mépris sans aucune impunité, mais il se permet la plus grande des licences, celle de le faire à l’étranger, en rabaissant l’image et le prestige de la France au regard du monde entier. Toute autre démocratie exigerait leur démission immédiate, mais le système quasi absolutiste monarchiste et bonapartiste français ne le permet pas. L’État prime sur tout et sur tous, il a toujours raison, et son Président a tous les pouvoirs. La France est devenue un pays totalitaire et policier depuis l’ère Sarkozy, renforcé sous Manuel Walls, Premier Ministre de Hollande, qui appartient au même acabit de petit tyran vicieux, abusif et autoritaire que Sarkozy et Macron, prônant et imposant des mesures liberticides au nom de la sécurité de la nation et des citoyens. Prenant prétexte des attentats terroristes à Paris, certains militants écologistes se virent assignés à résidence durant la COP21 de 2015 afin de montrer aux chefs d’État étrangers que l’ordre régnait dans le pays. L’état d’urgence fut déclaré et persiste encore malgré les dénonciations des défenseurs des Droits de l’Homme atterrés de voir, parmi d’autres mesures, une présence militaire constante sur le territoire. Tous s’accordent à dire qu’elle n’a aucun effet dissuasif contre le terrorisme, même l’armée qui s’insurge contre la pression accrue sur les soldats. Cet état d’urgence permet aussi les perquisitions à domicile de nuit, et l’assignation à résidence de personnes supposées suspectes, sans l’autorisation d’un juge. Et depuis Walls, quiconque est convoqué dans le cadre d’une plainte au commissariat, aussi anodine soit-elle, est traité en criminel, ses données photographiques et digitales entrées dans un fichier. Macron entend faire entrer les mesures de l’état d’urgence dans la Constitution, ce qui dénie les droits démocratiques des citoyens les plus fondamentaux, à l’encontre des principes des Lumières qui sont les fondations mêmes de la République : Liberté, Égalité, Fraternité. Il poursuit la politique de la peur de ses deux prédécesseurs pour mieux asseoir son pouvoir et son autorité, qui restent très précaires et de plus en plus fragilisés par sa gouvernance brutale, arrogante et incohérente. Il a déjà agi anti-constitutionnellement en achetant la loyauté et le soutien des députés de son parti, En Marche. Il leur interdit sous peine d’expulsion du parti de voter pour les propositions de loi de l’opposition, aussi bien fondées soient-elles, en revanche ils ont l’ordre d’approuver toutes les motions du gouvernement. Voir le blog d’Alexis Poulin sur le Huffington Post du 10 juillet 2017, Derrière l'imposture et en même temps le spectacle, Macron prépare la mise au pas des Français : http://www.huffingtonpost.fr/alexis-poulin/derriere-limposture-au-pouvoir-et-en-meme-temps-le-spectacle-m_a_23022012/et l’article de Médiapart du 16 septembre 2017 relatant les propos de l’avocat et écrivain François Sureau: Nous nourrissons et cajolons la bête immonde https://www.mediapart.fr/journal/france/160917/francois-sureau-et-la-loi-antiterroriste-nous-cajolons-la-bete-immonde
On est en droit de se demander comment il a été possible d’abaisser à un tel niveau de médiocrité un pays aussi riche en ressources naturelles et humaines ? La France est une grande nation au passé glorieux. Elle a eu une influence culturelle déterminante sur la civilisation occidentale par son art de vivre, par sa langue porteuse de mémoire, qui encourage la pensée discursive, par le génie de ses artistes et artisans, l’inspiration de ses poètes et de ses saints, la rigueur de ses savants et de ses scientifiques, la lumière de ses philosophes, la vision politique et diplomatique de ses chefs d’Etat. Certes l’esprit de cour qui entoure la figure quasi monarchique du Président de la Ve République, instituée par De Gaulle, a encouragé une corruption morale et intellectuelle dans des intrigues byzantines assassines où le temps et l’énergie sont dépensés en flatteries, trahisons, dénonciations. Il semble que plane encore sur toute l’Administration l’ombre empoisonnée de Vichy qui a dressé les Français contre les Français, dans les intrigues fratricides, les dissimulations et les mensonges. Le second mandat de Mitterand atteint de cancer, que son entourage cacha au pays, tout comme l’existence de sa concubine et de leur fille illégitime, Mazarine, élevée aux frais de l’État, en est un exemple flagrant. Ces débordements ont fait école, et ont permis, entre beaucoup d’autres, à Fillon de profiter du système de népotisme et de corruption encouragé par une Administration pesante et labyrinthique. Mais c’est l’intervention de Sarkozy qui a précipité la chute de la Droite, non la candidature de Macron qui demeura incertaine avant que François Bayrou ne la soutienne par vengeance personnelle. Macron n’a rien à voir avec l’implosion du parti UMP/Les Républicains. Sarkozy n’avait pas accepté sa défaite à la Primaire devant Fillon, son ancien Premier Ministre, et il s’est ingénié à le démasquer publiquement dans la Penelopegate et dans l’histoire des costumes avec l’aide du donateur, l’avocat franco-libanais Robert Bourgi, spécialiste de la Françafrique, l’un de ses proches: http://www.lepoint.fr/politique/costumes-de-fillon-j-ai-appuye-sur-la-gachette-confie-robert-bourgi-07-07-2017-2141544_20.php
Devant la déconfiture publique de Fillon dans la campagne présidentielle pour cause de corruption, Sarkozy aurait pu sauver le sort de la Droite en soutenant Juppé, ce que préconisait Dominique de Villepin. Fidèle à lui-même et à ses méthodes maffieuses, il a continué d’apporter publiquement son soutien à Fillon, tout en le poignardant dans le dos dans l’ombre, l’éliminant ainsi que Juppé de la course. Il a préféré voir Macron gagner la présidentielle, plutôt de laisser l’un des membres de son parti accéder à la fonction dont il était désormais privé. Il avait déjà exercé ce comportement répréhensible et amoral de chef de clan maffieux en mettant de Villepin au pilori dans la fumeuse affaire de Clearstream, ce qui lui a permis toutes les licences d’invectives et de violence verbale envers un adversaire de taille, menaçant de ‘l’accrocher à un croc de boucher’. De même il sabota de manière insidieuse et détournée sa campagne présidentielle de 2012. De Villepin a toujours eu la sagesse et l’élégance de ne jamais s’abaisser au niveau de son tortionnaire, ni d’ailleurs d’aucun de ses détracteurs, préférant, en parfait diplomate et homme d’État responsable, s’en tenir dans ses écrits comme dans ses déclarations publiques au droit chemin et au bien général de la France, plutôt qu’à des critiques au particulier.
La responsabilité de la décadence et déliquescence du système politique français de ces dix dernières années doit en partie être imputée aux femmes qui ont joué un rôle déterminant derrière le siège du pouvoir. Ce sont elles qui ont fait élire ces hommes, tels Sarkozy et Macron, pathologiquement atteints d’une dangereuse perversité narcissique, sans aucun scrupule ni dans leur ascension sociale et politique, ni dans leur exercice du pouvoir entièrement centré autour de leur personne et de leurs intérêts. Sarkozy fut élu avec le soutien inconditionnel de Bernadette Chirac, qui se vengeait ainsi de son mari et de Dominique de Villepin qu’elle détestait. Cécilia Sarkozy propulsa son mari à la Présidence pour pouvoir lui soutirer 3 millions d’euros pour son divorce, que son élection lui permit de quémander à l’Émir du Quatar. Hollande accéda au pouvoir grâce au soutien de sa compagne de sept années, la journaliste politique de Paris Match, Valérie Trierveiler. Ségolène Royal, la première compagne de Hollande et mère de ses enfants, candidate à l’élection de 2007, aurait sans toute été une meilleure Présidente que lui. Cependant, il n’est ni dans l’esprit ni dans la tradition de la France d’avoir une femme au pouvoir suprême. Il n’y aura sans doute jamais une Présidente française, mais les femmes traditionnellement ont toujours œuvré dans l’ombre en éminences grises, exerçant un pouvoir réel incontestable.

Agrandissement : Illustration 2

Dans l’attente de celle qui doit être obéie… Emmanuel Macron à l'Hotel de ville, à Paris, le 14 mai 2017. Photo CHARLES PLATIAU, AFP
Brigitte Macron, l’obscure petite provinciale professeur de français en est la preuve la plus récente. Elle a réussi à force d’intrigues et de manigances l’exploit, non seulement de faire oublier qu’elle est coupable d’avoir à 39 ans séduit un mineur de 15 ans sous sa charge, un adolescent inexpérimenté compagnon de classe de sa fille, mais aussi de l’avoir réduit à un état de dépendance psychique et émotionnelle totale. Les Italiens ont un mot pour désigner ces hommes immatures, éternels adolescents, qui n’ont pas rompu avec le cordon ombilical, le mammone, le fils à maman. Berlusconi, grand expert en liaisons amoureuses illicites, le perçut : ‘Macron a una belle mamma chi lo porta in giro…’, ‘Macron a une belle maman qui le mène par le bout du nez…’À travers ce travesti de mariage, une mascarade habilement maquillée pour la forme, elle a voulu exorciser, selon ses propres mots dans une interview de Elle en août 2017 ‘sa terreur de la mort’, en vampirisant la jeunesse de son mari. Elle l’a propulsé dans le monde financier par ses contacts dans le milieu de son premier mariage, quand elle a, toujours selon elle, ‘fais souffrir ses enfants’, avant d’utiliser adroitement et sans scrupules, les réseaux d’influence dans les sphères mondaines parisiennes de la politique, des affaires, de la finance, des médias et du spectacle, pour le hisser à l’Élysée, où elle peut désormais jouir sans vergogne d’une vie de luxe aux frais de l’État. Ce à quoi elle et son mari se sont d’ores et déjà montrés particulièrement doués. Selon un livre Dans l’enfer de Bercy, en 2016 au Ministère des Finances, le couple aurait dépensé en huit mois 120 mille euros d’argent publique du Ministère, en frais de bouche, courtisant de potentiels soutiens pour la fondation de leur mouvement politique En Marche. En remerciement pour services rendus, Macron a voulu sanctifier son épouse en lui assignant le statut de Première Dame, qu’il voulait faire inscrire dans la Constitution, ainsi qu’un budget. Il allait non seulement à l’encontre d’une pratique profondément ancrée dans la tradition française, mais aussi à la loi de la moralisation de la vie publique, sur laquelle il avait assuré son élection après les scandales des emplois de conjoints et de parents dans le milieu politique, qui firent échouer Fillon. Macron se heurta au refus véhément et catégorique du pays, qui se mobilisa autour d’une pétition, le forçant à abandonner son projet : https://www.change.org/p/contre-le-statut-de-première-dame-à-brigitte-macron/u/21325648
Churchill a dit ‘Nous sommes tous des vers, mais je sais que je suis un ver luisant’. Il faut se rendre à l’évidence que loin de produire des lucioles ces dix dernière années, le système politique français a engendré deux vers de terre : Sarkozy et Hollande. Malheureusement pour la France et les Français , Macron en sera un troisième du même acabit, ainsi le décrit Prof. Chris Bickerton de l’université de Cambridge dans une analyse lucide et mordante, publiée par le New York Times le 7 septembre 2017 : https://www.nytimes.com/2017/09/07/opinion/emmanuel-macron-popularity.html
Mais il se peut qu’il soit le dernier à jouer les petits potentats abusant d’un pouvoir monarchique quasi absolu anachronique, ainsi le voit l’avocat au Barreau de Paris, Vincent Brengarth sur son blog de l’Huffington Post, le 16 juillet 2017, Pourquoi la présidence d’Émmanuel Macron pourrait aboutir au renversement de la Ve République :http://www.huffingtonpost.fr/vincent-brengarth/presidence-emmanuel-macron-renversement-cinquieme-republique_a_23026569/
Monique Riccardi-Cubitt, Paris, le 21 septembre 2017
Cette analyse est le résumé d’une série d’articles sur le déclin de la situation politique actuelle en France en préparation d’un volume sur le sujet.
https://blogs.mediapart.fr/monique-riccardi-cubitt/blog/160317/mensonges-et-deceptions-postures-et-imposture
https://blogs.mediapart.fr/monique-riccardi-cubitt/blog/230317/lies-and-deceits-postures-and-imposture
https://blogs.mediapart.fr/monique-riccardi-cubitt/blog/050617/l-inquietant-m-macron
https://blogs.mediapart.fr/monique-riccardi-cubitt/blog/020717/qui-veut-commander-doit-servir
https://blogs.mediapart.fr/monique-riccardi-cubitt/blog/170717/des-devoirs-et-des-privileges-ni-sasservir-ni-se-servir-mais-servir
https://blogs.mediapart.fr/monique-riccardi-cubitt/blog/310717/sic-transit-gloria-mundi-vanitas-vanitatum-et-omnia-vanitas-ecclesiaste
https://blogs.mediapart.fr/monique-riccardi-cubitt/blog/210817/ubu-roi-2017-kitsch-burlesque-grotesque-deites-de-plastique-le-regne-des-yuppies