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Billet de blog 22 novembre 2013

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ROMA CULTURA. LA MAISON DE LA CULTURE TSIGANE ET GENS DU VOYAGE DE FRANCE

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COMMUNIQUÉ DE PRESSE 2. 

ROMA CULTURA. LA MAISON DE LA CULTURE TSIGANE ET GENS DU VOYAGE DE FRANCE

A la question POURQUOI une maison de la culture tsigane en France,  doit répondre la question POURQUOI n’existe t-elle pas DÉJÀ,  alors que la culture tsigane est reconnue, appréciée et célébrée depuis des siècles dans des pays plus éclairés ? Dans la Russie des Tsars, des artistes tsiganes étaient anoblis et couverts d’honneurs et de biens, ainsi la famille de la mère de l’artiste peintre Constantin NEPO, mari de la danseuse étoile Yvette CHAUVIRÉ. Poursuivant la tradition,  l’État Soviétique créa à Moscou en 1931 le premier théâtre de la tradition rom au monde, le Théâtre Romen. En 1992  le Théâtre Romathan fut créé sur son modèle à Košice, en Slovaquie.

Il s’agit donc d’effectuer en France une reconnaissance concrète de la richesse et de l’originalité d’une culture artistique issue de l’Inde ancienne, dont l’expression dans  les mythes, la danse, la musique, rassemble la mémoire des peuples et pays rencontrés, durant les pérégrinations d’un millénaire, au Proche et au Moyen Orient, en Russie, dans les Balkans, et finalement en Europe occidentale. 12 millions de personnes partagent en Europe la souche commune de la langue romani, dont environ 500 000 en France, qui mieux que tout autre pays, rassemble sur son territoire tous les aspects de la culture tsigane, qu’elle soit manouche, gitane, kalo, sinté, yéniche, kaldérache. Ces groupes, de diverses confessions, ont en commun le même panthéisme hérité de l’hindouisme, qui se traduit dans l’acte sacré de la musique et de la danse du culte de Shiva, le Seigneur de la Danse. Cette expression dionysiaque est  la manifestation de la force créatrice féminine Shakti, qu’incarne la déesse mère Kali. L’inspiration artistique que les Tsiganes ou Bohémiens apportent à la culture occidentale depuis leur apparition en Europe à la fin du Moyen Age, repose sur cette expérience extatique de la vie qui favorise la créativité à tous niveaux. En ce sens la culture tsigane a été un ferment créateur fondamental, et ses formes et ses mythes, qui appartiennent à la mémoire collective européenne, se retrouvent dans tous les arts, que ce soit dans la littérature et dans la poésie, dans la peinture, et bien sûr dans la musique. 

La France a uniquement contribué à ce rayonnement en utilisant depuis le 17ème siècle le mot bohémien pour désigner, selon son créateur Tallemant des Réaux en 1669 dans ses Historiettes, un esprit libre, en marge de la société, qui se différencie d’elle, non seulement par son attitude critique et éclairée, mais par sa manière de vivre et de se vêtir. Ce mot a depuis fait fortune, et le concept fait partie des mœurs de la culture occidentale, que le 19ème siècle diffusa. Le 20ème siècle essaya de pallier aux sévices subis par la communauté tsigane durant la Seconde Guerre Mondiale en célébrant certains aspects de sa culture. Ainsi en 1968 se tint le premier festival Django Reinhardt, le génie créateur du jazz manouche, à Samois-sur-Seine, la ville où il vécut et mourut en 1953. Ce festival, annuel depuis 1984, est un rendez-vous incontournable des amateurs, et de la communauté manouche. D’autres suivirent, tel le festival de musique tsigane d’Angers en 1992, et en 2002 le festival Swing41 à Salbris, où Django se maria en 1943. En 1985 le ministre de la culture Jack Lang organisa une exposition à la Conciergerie, la Première mondiale d’art tsigane, et de même, lança, par son soutien, la carrière internationale des Gypsy Kings. LA MAISON DE LA CULTURE TSIGANE ET GENS DU VOYAGE s’inscrit dans cette démarche, et a pour but de poursuivre la grande tradition de solidarité et de liberté par l’éducation pour tous, conçue par André MALRAUX et le critique d’art Gaétan PICON dans les années 30, pour lutter contre le fascisme, et qui a été émulée dans le monde entier. La première Maison de la Culture, cette moderne cathédrale, d’après MALRAUX, fut dirigée à Alger en 1937 par Albert CAMUS. Il est temps qu’une telle cathédrale célèbre dignement la culture tsigane sur le sol français, et soit un vivant témoignage de la vision et de la mission généreuse et humaniste, qui a été, et reste, celle de la France. 

Paris, le 17 novembre 2013

MONIQUE RICCARDI-CUBITT

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