Imagine, tu es en train de manifester contre le pass sanitaire à Nice, et tu découvres que tu es entouré de soutiens des «Patriotes» de Florian Philippot. Merde, tes potes sont dans une autre rue, avec la CGT et d'autres syndicats et mouvements qui te correspondent mieux politiquement. Ouais, parce que là, tu défiles de facto contre le pass certes, mais aussi contre le fantasmé «grand remplacement»... c'est donc de là que venait ce parfum de fosse septique qui t'incommodait. D'autant que ce cortège, auquel tu appartiens malgré toi, empêche que ne démarre une parade de la communauté LGBT locale (Pink Parade), et que certains philippotistes vomissent des insultes homophobes. Que fais-tu ? Tu cours rejoindre tes camarades politiques quelques rues plus loin, ou tu rejoins cette Pride que tu soutiens ? Disons que, comme tu es homosexuel et que lutter contre toutes les formes de discriminations est une priorité, tu intègres la marche LGBT. Ouf, te dis-tu, au moins ici tu es à ta place. Bon, d'accord les organisateurs sont des libéraux et ce rendez-vous annuel sert surtout à faire la publicité de leurs lieux marchands, mais l'honneur est sauf.
Imagine, tu marches sous les drapeaux d'une association LGBT (AGLAE - Azur & Diversités, pour la nommer, organisatrice de la Pink Parade), derrière de belles banderoles affichant «Je te ne ressemble pas, et alors ?» et «Ensemble, faisons société», mais tu t'aperçois que les organisateurs défendent avec hargne le pass sanitaire, créant même un groupe Facebook intitulé «On emmerde les antipass» (d'abord nommé «nous méprisons les antivax, antipass», puis à présent «tous vaccinés, tous protégés», ce qui est plus consensuel). Oui, des personnes qui ont lutté toute leur vie pour aider les personnes séropositives et contre la sérophobie sont aujourd'hui pour une discrimination sérologique. Incroyable ? Visiblement, ils crachent à la figure des 35% de français qui soutiennent les luttes contre le passe sanitaire, dont tu fais partie, en les «emmerdant» donc. Des gens reconnus dans le milieu LGBT niçois, des gens bien hein (à part qu'ils sont de droite et relaient les propagandes estrosistes, mais c'est leur droit), et bien ces gens-là sont pour qu'un soignant se fasse virer, qu'un enfant soit exclu de l'école, ils sont pour t'interdire l'accès à tous les lieux sociaux et commerçants, sans comprendre que leurs propres commerces vont accuser des baisses de fréquentations comme c'est déjà le cas pour les cinémas où elles sont réduites de moitié.
Imagine, tu vas sur ce groupe (parce que tu as été «invité» sur Facebook), tu poses des questions, tu avances des arguments, et tu te fais bannir parce que tu n'es pas d'accord avec eux, ni avec le nom du groupe. Tu relativises en te disant qu'ils sont simplement effrayés, ils sont peut-être âgés, fragiles, et plutôt que d'aller chercher les 3 millions de personnes vulnérables, ils préfèrent des mesures liberticides pour toute la société. Depuis le début de la crise, aucune remise en question structurelle de notre système de santé n'est engagée, les purificateurs d'air qu'on devrait installer dans toutes les classes et lieux de rencontres n'existent pas, pas plus que la société du roulement pour ne pas être tous à la même heure sur le même quai, ni la réquisition d'entreprises fabriquant des bouteilles d'oxygène ou des masques, rien n'est prévu pour affronter une quatrième vague... à part le Dieu vaccin sur lequel on mise tout. Du coup, comme ces gens-là ne s'informent pas vraiment, ils conspuent ceux qui luttent contre le contrôle permanent de la société. Voilà une cible pratique et un combat qui ne nécessite pas énormément de neurones. On continue à fermer des lits d'hôpitaux, on ne crée pas des hospices de proximité dans les quartiers populaires (les plus éloignés du vaccin et de l'accès aux soins en général), près de deux cent mille soignants ont quitté le métier par écœurement et épuisement... mais les ennemis proclamés de ce groupe sont les anti-pass.
« Le passe sanitaire et ses conséquences posent de nombreux problèmes, dont certains pourraient aggraver l'épidémie » nous dit Gérald Kierzek, médecin urgentiste, directeur médical de Doctissimo, et auteur notamment de «Coronavirus, comment se protéger ?» (Éditions de l'Archipel, mars 2020). «D'abord sur le plan éthique et sociétal, il s'agit d'une rupture du secret médical et d'une discrimination sur des données médicales extrêmement graves. Imaginez qu'il faille montrer une sérologie VIH avant d'accéder à la piscine par exemple ?». «Ségrégation sérologique» est un terme un peu fort, peut-être, mais on peut clairement parler de «discrimination sérologique» lorsqu'on interdit l'accès à un lieu ou un service aux non-détenteurs du pass. D'autant que vacciné ou non, la charge virale est la même si l'on est contaminé et la contagion avec le variant Delta est quasi-identique. Le vaccin est un super outil, mais pas LA solution.
Une chose est certaine, c'est que le gouvernement excelle à diviser les français, c'est son but, et ça marche grâce à ses éternels relais libéraux sans jugeote. Rejeter plus d'un tiers de citoyens lorsqu'on œuvre contre les discriminations, c'est désormais une réalité pour ces «militants» LGBT. Sans que cela les fasse sourciller, sans que cela n’entraîne de remontrances de la part de la «communauté» niçoise. Les antipass, un «club de losers» ajoute Roselyne Bachelot. Fraternité ? Pas avec un tiers des français. Liberté et égalité ? Pas si tu n'es pas vacciné. "Ensemble, faisons société" ? Mouais... Pourtant, le miraculeux vaccin n’empêche pas réellement la propagation du virus, les lieux réservés aux QRcodés vont continuer à propager la maladie, même dans les bars, restos et discothèques LGBT. Ils pensaient retrouver leur liberté en échange d’une sécurité liberticide, comme toujours avec eux ; ils nous font tout perdre et nous insultent «d'emmerdeurs» par dessus le marché. Une troisième, voire une quatrième dose vaccinale ? Un rappel par an, à vie ? L'apparition de nouveaux QRcodes en fonction du nombre d'injections ? C'est l'avenir mes amis, le sésame pour vous rendre dans vos lieux communautaires désormais. Tiens, un dernier sondage (Harris, pour qui 40% des personnes interrogées "soutiennent" les manifestations) nous dit que 51% des français «comprennent les revendications» des manifestants (69% des 25-34 ans et 71% de ceux qui vivent dans des quartiers populaires). Inversement, ceux qui ne comprennent pas se trouvent chez les plus de 65 ans (74%), plutôt classés à droite.
Et vous, voulez-vous dégainer vingt fois par jour vos papiers d'identité et vous faire scanner ? Voulez-vous voir des chiens qui reniflent les malades (oui, ça existe) ? Des détentions administratives sous supervision de l’assurance maladie ? Un passeport intérieur pour que les établissements et les employeurs puissent vérifier l’état de santé des citoyens ? Souhaitez-vous, comme les membres d'Aglaë, une discrimination d'une partie de la population sur une base sérologique ? Défilerez-vous encore sous les couleurs de cette association ?
* précisions : l'auteur de ces lignes est vacciné, puisqu'il faut s'en justifier.
Par Bob
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