Après l’algorithme de recommandation culturel, voici celui du renseignement. Un outil chargé de pister les comportements suspects. Plus besoin de balancer son voisin à la police. Il le fera tout seul comme un grand. Suffit juste de lui laisser son mobile, une tablette, une connection internet, une page FB, une adresse mail, l'accès au réseau twitter… Et bien entendu la liberté de parole.
Bref, tous nos mots seront tamisés par Algorithme ( mot arabe pour traquer les djihadistes) qui les triera au quotidien. Chacun de nos échanges sur la toile contrôlé à une frontière virtuelle. Après cette fouille au corps sémantique, nous serons étiquetés sur les étagères virtuelles des services de renseignements. Bien rangés. Catalogués selon le degré de Richter d’une dangerosité calculée par des techniciens. Police Linguistique du Net ?
Prénommé Abdel ou Fatima, tu pars déjà de très haut sur cette échelle. Ta petite vie, même très banale, intéressera les services de renseignements nationaux et peut-être même internationaux. Les citoyens avec des "noms et prénoms de souche" passeront aussi sur le gril. Oui, toi, qui est persuadé que ton existence est si nuelle qu'elle ne ne peut intéresser personne. Détrompe-toi : des individus sont prêts à l'écouter du matin au soir. Sans se lasser.Pas que tes proches, des psys, ou le conseiller de Pôle Emploi... Tu es devenu quelqu'un sur le Web. Des oreilles ouvertes 24h sur 24 pour t'écouter.
Djamel, djihadiste en mal de sexe se paya une pute ukrainienne complètement cocaïnée près de l’ambassade des Etats Unis. Pendant ce temps là, ces amis de Vitry, après avoir chouré plusieurs voitures, doivent braquer une bijouterie et deux banques. Lui, sa petite affaire terminée, grimpe sur son scooter et les rejoint à toute vitesse. A peine arrivé sur l'un des lieux de braquage, un flic le met en joue. Sur le champ, Djamel braque sa Kalache. Une explosion retentit...
Le scénariste, très satisfait de la scène qu’il vient d’envoyer à sa boîte de prod, se sert un whisky et grignote quelques pistaches. Un peu de réconfort après l'effort. La musique à fond, il n'entend pas les bagnoles se garant devant chez lui. Nul besoin d’ouvrir. Des ninjas se dressent dans son salon. Sa villa de Neuilly fouillée de fond en comble. Pendant ce temps, un homme cagoulé du Raid lui pose des questions. Quels sont ces liens avec Djamel ?
Halte au flicage ! Toujours un peu étonnant de gueuler contre le flicage en le faisant par texto, tweet ou mail. A partir du moment où nous acceptons l'utilisation de ces différents sans fil à la patte, nous signons quasiment la fameuse case à cliquer: j'accepte toutes les conditions, etc. Acceptation tacite. Comment ne pas s'auto-fliquer ? Difficile à moins de vivre sans mobile ni ordi, réglant tous ces achats en liquide… Je ne connais personne échappant à ces nouveaux outils très utiles et nécessaires à notre vie privée et publique. La technologie est le seul flic planqué dans notre poche. Réalité incontournable ?
A la lecture des articles sur l’action des Cyber gendarmes, nous avons vraiment l’impression qu’ils sont relativement efficaces. Et qu’ils disposent déjà d'un nombre important d’outils légaux. Pourquoi donc vouloir rajouter une « loi sur le renseignement »? Affirmer que le gouvernement se mobilise contre la barbarie terroriste ? Un moyen de plus s’immiscer dans notre petite intimité virtuelle ? Traquer tout vocable qualifié de menace virtuelle. Devrons-nous tourner plusieurs fois sa souris dans la main avant de cliquer. Et tous ceux les " non Charlie" suspects d'office ?
Cette loi sur le renseignement plus efficace que celles déjà existantes ? Nombre d'observateurs, pas que des dangereux anarchistes où râleurs professionnel, pensent le contraire. Et ils mettent en garde sur les dérives liberticides d'une telle loi. Quitte à surveiller, pourquoi pas pister aussi les échanges entre certains banquiers et gros industriels: terroristes de l'économie mondiale. Délocalisation, magouille, blanchiment, compte à Singapour, et d'autres mots pouvant être repérés par l'algorithme. Mettre autant de moyens pour pister les capitaux en cavale ?
Une sale époque pour celles et ceux qui ne boivent pas, ne fument pas, ne draguent pas, mais... qui tweetent ! Si quelqu'un peut m'expliquer l'intérêt - peut-être pas compris ?-de cette nouvelle loi sur le renseignement, je suis preneur pour ne pas tweeter idiot. Et aussi sur l’interdiction de la cigarette en cellule. Une dée fumante de plus? Le fond de l'air des libertés individuelles sent-il de plus en plus le roussi ?