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Billet de blog 1 avril 2025

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Je est un animal dangereux

L’animal le plus dangereux du monde c'est l'humain. Ce n'est pas un scoop. Les livres d’histoire peuvent témoigner de la férocité de notre espèce. L’humanité est encore plus dangereuse quand nous confions les clefs de la planète à certains de nos congénères. Comme c’est le cas en ce moment. En France et partout sur la surface du globe. Des clefs abandonnées entre de très mauvaises mains.

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'We Are the World' 2025 Anthem - World Leaders Unite in AI-Generated Song © Obvious Works

« On parle parfois de la cruauté de l'homme, et on la compare à celle des fauves : que c'est injuste pour ceux-ci ! Les fauves n'ont pas la cruauté artistique des hommes.»

Fédor Dostoïevski

« Je est un autre. »

Arthur Rimbaud


               L’animal le plus dangereux du monde est lâché dans mon miroir. Chaque jour. Dangereux comme vous et tous les autres humains de la planète. Guère un scoop. Une dangerosité de l'humain (surtout l'homme ; même si tous les hommes ne sont pas des tueurs de femmes, des violeurs, des harceleurs, des envahisseurs de pays, etc. ) qui ne date pas de notre siècle. Les livres d’histoire peuvent témoigner de la férocité de notre espèce. Et certaines victimes du passé ou d’aujourd’hui portent des preuves visibles ou invisibles dans leur chair. Indéniable dangerosité de notre espèce.

            L’humanité est encore plus dangereuse quand nous confions les clefs de la planète à certains de nos congénères. Comme c’est le cas en ce moment. En France et partout sur la surface du globe.  Des clefs abandonnées entre de très mauvaises mains. Suffit de faire un tour d’horizon planétaire pour découvrir la folie de plusieurs dirigeants (une minorité de femmes). Dont certains décidant d’annexer des pays et de détruire des populations. Tandis que d'autres, des puissants avec pignon sur monde, n'hésitent pas à faire le salut nazi. Ou à vouloir s'accaparer une île avec des terres rares. Pas des fous ?  Comme alors les qualifier ? De grands criminels et écocides ? 

          En effet, on a tendance (moi le premier) à employer le mot folie à tort et à travers. C’est un terme médical précis et en même temps très utilisé dans le langage courant. Dans tous les cas, certains dirigeants ne sont pas à dédouaner de leurs crimes. Toutefois, sans être psychiatre, on peut dire qu’il y a truc qui ne tourne pas rond sous leur crâne. Comme dans la tête des terroristes. Et en général la majorité des tueurs et autres destructeurs. Mais laissons ce sujet complexe aux spécialistes des nuits de nos cerveaux. Pour en revenir à ma petite interrogation du jour sur la grande capacité et imaginaire de destruction de nos espèce. Ce ne sera pas plus qu’un billet d’humeur de non-spécialiste. Juste un être devant sa fenêtre. Et qui se pose des questions. Sans prétendre avoir de réponses. Ni de solutions.

     Cette capacité destructrice de l’autre ne se trouve pas qu'en haut du panier. Pas que les individus avec du pouvoir a écraser des femmes et des hommes. La tendance criminelle et destructrice habite à tous les étages du monde. La différence est la force de frappe. Au rez-de-chaussée, des crimes isolés. Tandis que là-haut, on joue dans la catégorie des massacres et des génocides. Toutefois, l’intention de départ est identique. La destruction, toujours la destruction d’un autre. Souvent une autre ; la femme est la plus ancienne proie de l’animal humain dangereux et, même s’il y a des évolutions, elle continue de subir des violences ici ou là. La destruction va souvent de pair avec la quête du pouvoir plus plus, du fric encore plus, et la jouissance sans borne. Sans se soucier des dégâts humains. Et sur la planète.

       De l’enfonçage de portes ouvertes ? Sans doute. La planète entière sait que l’humanité est dangereuse. Autant pour elle que pour les autres espèces. Sans oublier l’environnement. L’humanité dispose de huit milliards de membres actifs qui sont disséminés sur toute la surface du globe. Sous chaque poitrine et crâne, des grenades susceptibles de dégoupiller à tout moment. Tout membre de l’humanité est un danger potentiel pour son ou ses contemporains. Fort heureusement, la majorité n’est pas atteinte de pathologie grave. Elle ne verse pas dans la destruction de l’autre au singulier ou au pluriel. La majorité des humains n’est pas confinée dans la haine destructrice. Sinon bien longtemps que notre espèce aurait disparu. Plus vite. 

        Toutefois, il me semble important de rester vigilant. On peut à tout moment basculer. Nul n’est à l’abri de se retrouver un jour ou l’autre dans la position du destructeur. Notamment avec l’accession au pouvoir, le fric, et souvent ce qui va avec : la certitude de détenir la seule vérité et être incritiquable. À notre petit niveau, nous avons déjà été témoins de ce genre de bascule ; des proches passant de l’ombre à la lumière - même très mince - qui reproduisent le pire qu’ils dénonçaient. Ce qui s'appelle avoir le melon ou la grosse tête. Parfois dans notre miroir. Vigilance sur sa part d’animal humain dangereux. Et qui peut rendre destructeur. Comment ne pas se retrouver dans la gestuelle et pensée du « salaud » tant combattu ?

          En balayant devant le seuil de sa pensée. Surtout quand on l’entend ronronner. En écho avec les autres ronronnements de notre entre-soi. À ce moment-là, il faut secouer sa pensée. Jusqu'à ce qu'elle se réveille.  Que faire quand elle a ouvert les yeux ? S’extraire de notre inclination naturelle à se considérer comme un animal humain parfait. Pourquoi ? Parce que l’animal humain parfait n’existe pas. Sans doute une des raisons d’essayer de résister - surtout contre soi - pour tendre vers la meilleure des imperfections. Avec comme arme principale : le doute. Et effectuer souvent des contrôles techniques de son humanité. Au bout de combien de kilomètres de certitudes ?

       Danger : planète Terre. Le lieu le plus dangereux de l’univers ? Difficile de répondre. Cela dit, faire pire que notre espèce humaine relèverait d’une grande prouesse. Pourquoi tu ne balances que des saloperies sur notre humanité ? Facile de sortir toutes ses ardoises. Plus compliqué de mettre en avant ce que notre espèce a fait de beau. Très beau. Et elle continue d’offrir du beau et du bon. La langue, les œuvres d’art, la poésie, la musique, les inventions, les vaccins, les constructionstant de belles choses au crédit de notre espèce. Ma voix optimiste vient de s’immiscer dans ce billet. Les guerres de religions, l’esclavage, les tranchées, les camps de la mort, les goulags, Hiroshima, les féminicides, les incestes, la pollutionEt la liste n’est pas exhaustive. Ma réplique semble lui avoir cloué son bec optimiste.

          Pas longtemps. Pourquoi continues-tu de vivre ? Pourquoi huit milliards d’individus ne sont pas flingués ? Pourquoi des êtres continuent de mettre au monde de nouveaux mondes ? Parce que toi, d’autre, et moi, on l’aime cette putain d’humanité. Même si on a souvent envie de fuir loin d’elle. Pourtant, on reste. Sauf bien sûr, les trop désespérés ou en grande souffrance physique décidant de la quitter volontairement. Mais la majorité des humains ne lâche pas l’humanité. Et pourquoi s’y accroche-t-elle ? L’humanité est notre plus grand cadeau de mortel. Le plus essentiel. Avec à l’intérieur de l’emballage, plus ou moins caché : le bonheur. Plus exactement sa quête. Rares celles et ceux qui courent volontairement après le malheur. À chaque mortel de faire ce qu’il ou peut de son cadeau. Se débrouiller avec sa solitude. Et son chantier passager à ciel ouvert. Ma voix a eu le dernier mot.

         Même si l'humanité reste l'animal le plus dangereux  et destructeur de la planète.  Mais comme dit la voix optimiste : l’humanité est notre cadeau de mortel. Rien sans ce présent. Essayons d’en jouir du moins mal possible. Sans chercher à vouloir le briser  ni à s’approprier le cadeau du voisin ou de la voisine. Certes pas facile de réfréner notre ego, notre nombril, et nos capacités destructrices. Mais pas impossible. Et ça vaut le coup. Ne serait-ce que pour éviter tant de gâchis humain. Notamment de la violence contre la moitié de l’humanité. Plus tous les autres écrasements visibles ou invisibles. De la maltraitance humaine sur toute la surface du globe.

         Immense gageure de vouloir apprivoiser cet animal dangereux. Ça ne se fera pas du jour au lendemain. L’animal a pris des habitudes depuis la nuit des temps. Pourquoi chercher à l’apprivoiser ? Pour le rendre docile et obéissant à un nouveau pouvoir ? Certainement pas. Le but serait qu’il devienne un animal le plus libre possible. Libéré aussi de certains de ses démons. Libre sans avoir besoin d’écraser ni de s’aveugler dans une course au pouvoir et au fric. Sortir de la tendance actuelle au toujours plus. Pour accéder au summum. Le stade le plus supérieur de notre humanité.

      Accéder à l'élégance animale ?

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