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Billet de blog 2 décembre 2024

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Main dans la main

La main de sa mère. Elle s'y accroche.Sa boussole.Elle ne croit plus au ciel. Ni aux hommes. Ni aux femmes.Ni aux enfants.Ni au soleil.Ni à la lune. Son corps est un cimetière.Sous sa peau, des cadavres. Ceux de sa famille. Et son cadavre de petite fille. Neuf ans et déjà vieille comme la folie humaine. Son cœur ridé. Une momie bat sous sa poitrine.

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Illustration 1
© Louise Bourgeois

La main de sa mère

Elle s'y accroche

Fort

Encore plus

Fort

Elle ne veut pas la lâcher 

Sa boussole

La main qui la tient

Son père

Ses deux frères

Sa petite sœur

Son chat

Plus que la main de sa mère 

Tous les autres sont morts.

Tués  d’un seul coup

Emportés par la mort venue du ciel. 

Avant, elle levait les yeux

Pour regarder les étoiles

Les toujours présentes

Et celles qui passent

Avec des vœux dans leur sillage

Elle y a cru

C’est fini

Elle ne croit plus au ciel.

Ni aux hommes

Ni aux femmes

Ni aux enfants

Ni au soleil

Ni à la lune

Ni à son miroir

Son corps est un cimetière

Sous sa peau, des cadavres

Ceux de sa famille

Et son cadavre de petite fille

Neuf ans et déjà vieille 

Comme la folie humaine

Son cœur ridé

Une momie bat sous sa poitrine

Tout est fini

Même les larmes

Ne reste que la main 

Les cinq doigts de sa mère

1,2,3,4…

Les doigts pour compter

Les jours et les fruits

La main pour caresser

Rassurer

Deux fois pour gifler

Son histoire tient dans une main

Sans elle, plus rien

Solitude sous un ciel qui tue

Elle serre plus fort

Sans voir sa mère

Pourtant très près

La main de sa mère

Hors des décombres

Boussole glacée

NB : Poème inspiré du regard d’une petite fille. Assise devant les décombres d’un immeuble. Où ?

        Sous un ciel qui tue.

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