
Agrandissement : Illustration 1

La main de sa mère
Elle s'y accroche
Fort
Encore plus
Fort
Elle ne veut pas la lâcher
Sa boussole
La main qui la tient
Son père
Ses deux frères
Sa petite sœur
Son chat
Plus que la main de sa mère
Tous les autres sont morts.
Tués d’un seul coup
Emportés par la mort venue du ciel.
Avant, elle levait les yeux
Pour regarder les étoiles
Les toujours présentes
Et celles qui passent
Avec des vœux dans leur sillage
Elle y a cru
C’est fini
Elle ne croit plus au ciel.
Ni aux hommes
Ni aux femmes
Ni aux enfants
Ni au soleil
Ni à la lune
Ni à son miroir
Son corps est un cimetière
Sous sa peau, des cadavres
Ceux de sa famille
Et son cadavre de petite fille
Neuf ans et déjà vieille
Comme la folie humaine
Son cœur ridé
Une momie bat sous sa poitrine
Tout est fini
Même les larmes
Ne reste que la main
Les cinq doigts de sa mère
1,2,3,4…
Les doigts pour compter
Les jours et les fruits
La main pour caresser
Rassurer
Deux fois pour gifler
Son histoire tient dans une main
Sans elle, plus rien
Solitude sous un ciel qui tue
Elle serre plus fort
Sans voir sa mère
Pourtant très près
La main de sa mère
Hors des décombres
Boussole glacée
NB : Poème inspiré du regard d’une petite fille. Assise devant les décombres d’un immeuble. Où ?
Sous un ciel qui tue.