En 1989, Rostropovitch jouait du violoncelle à Berlin. Un mur venait de tomber. Fin de la guerre froide. L’optimisme, à ce moment là, était plus fort que le reste. Beaucoup, même les plus pessimistes, ont vraiment cru à un changement. Peut-être pas à un monde meilleur. Mais sans doute moins pourri. Très belle page historique tournée.
26 ans plus tard, un violoncelliste joue à Bagdad, après l’explosion d’une bombe. Des morts et des blessés. L'horreur presque routinière de l'Irak. Des murs sont tombés. Pas pour ouvrir sur un nouvel horizon. Au contraire. Les barbares massacrent au nom de leur créateur, visiblement aveugle ou sourd. Pas au courant ? Etrange qu'un être omiscient comme lui ne sachent pas que ces carnages sont organisés en son vénéré nom. Peut-être est-il surbooké, en burn out? En tout cas, jamais joignable. Dieu est-il complice?
« Tant qu'il y aura des hommes il. Y aura des tanks qu'il y aura des hommes il y aura. » Claude Nougaro, dans son dernière album, n'avait pas l'air de croire en la paix dans le monde. « Un jour ou l’autre, il faudra qu’il y ait la guerre. On n’aime pas ça, mais on ne sait pas quoi faire. On dit c’est le destin. » chantait Nino Ferrer. Pas la brigade du rire ces chanteurs. Ces artistes ont-ils raison ou tort ? En tout cas, tous deux avaient du talent. Et ils nous laissent un bel héritage.
Et nous pauvres mortels: optimistes ou pessimistes sur l'avenir de la planète et de ses habitants ? Sans doute nombreux à passer d’un état à l’autre. Osciller entre espoir et désespoir. Parfois, un signe donne l’impression que c’est possible. Et même que la connerie, apparemment inépuisable et renouvelée, peut avoir une fin. On se met à y croire. D’autres fois, on a l’impression que la planète est l’hôpital psychiatrique central de l’Univers. Rien à faire. Les humains sont éternellement cons. Des abrutis à perpétuité. Plus qu'une envie: oublier nos sept milliards de colocataires. Cultiver son nombril ?
Ou continuer chacun à son niveau? Comme ces deux violoncellistes au pied du mur. Ainsi que Daniel Baremboim et Edward Said qui proposèrent la même partition à des musiciens juifs et arabes. Alors que d’autres, sur la planète entière, ne jouent qu'avec les notes de la haine et du sang. Partitionner les êtres et les terres. Ce sont les plus bruyants. Plus entendus que le son du violencelle.
Merci à ces deux musiciens face à nos murs ! Et à tous les individus, artistes ou pas, qui croient encore -sans doute plus que ce billet du jour- en cette putain d’humanité. Malgré le gros boulot, ils œuvrent au quotidien pour ralentir la progression des obscurantismes aux différents masques. Chaque jour, leur oeuvre se trouve à la merci d'un événement pouvant détruire tout le travail accompli. Sisyphes d'un monde moins pire. Ils font du bien en ces temps où le plafond est très bas. Nos empêcheurs de ruminer en rond.