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"Quand les blés sont sous la grêle
fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au cœur du commun combat."
Louis Aragon
Qui sont-ils ? Des candidats à l'élection présidentielle 2022 . Personne ne les connaît ? C'est très étrange car ils sont dans tous les plis et replis du pays. On ne voit qu'eux. Difficile de ne pas les croiser. Certes, ils ne sont jamais invités sur les plateaux de télé et radio. Mais les lumières et le buzz ne sont pas leur tasse de convictions. Des politiques aussi discrets que déterminés. Ils se prénomment aussi Joseph, Mohamed, Julie, Malika, François, Marie... Des centaines de milliers de candidats et candidates à la présidentielle sillonnent la France de long en large. Avec un point commun: tous et toutes (exceptés les vendeurs de chaos et haine) derrière la même bannière.
Espoir encore.
C'est le moteur principal de Jeanne et Olivier, Etc. S'inquiétant que les plus démunis le soient encore plus à l'issue du scrutin. Toujours moins pour toujours plus de gens. Mais leur inquiétude ne se limite pas au "pouvoir d'achat" ( l'existence réduite à un ticket de caisse ?) d'une grande partie de la population. Les deux candidats pensent aussi à l'avenir de l'éducation, de la culture, des relations humaines dans les villes et les campagnes, de la liberté de la presse, de l'état de l'air, les mers crevant la gueule chargée de plastique, de la sécheresse, un toit pour tous... La liste est longue de leurs préoccupations 2022.
Mais nulle inquiétude pour leur quotidien; un couple de nantis. Même s'ils ne sont pas du tout dans le haut du panier doré des grandes fortunes de France. De bons revenus, une belle maison avec piscine, des boulots intéressants, des enfants heureux, des copains et des copines; autrement dit, tout va plutôt très bien pour eux et leur famille. Et tant mieux. Quel que soit le Président ou la Présidente à venir, ils n'auront rien à craindre sur le plan social et économique. Bien protégés socialement. Pourquoi alors s'échiner dans cette course à la présidentielle au lieu de profiter de leur jolie vie ?
Parce qu'ils sont aussi nantis d'empathie. Des adeptes et praticiens de la citation de Gabriel Garcia Marquez: "J'ai appris qu'un homme n'a le droit d'en regarder un autre de haut que pour l'aider à se lever." Empathiques comme Coluche, l'Abbé Pierre, et de nombreux autres - personnalité publique ou inconnu -aujourd'hui, ils voient plus loin que leur petit confort; conscients de tout ce qui manque à l'autre en Insuffisance Respiratoire Sociale. Jamais indifférents à l'asphyxie sociale d'une femme, d'un homme, d'un couple, d'une famille, de l'autre côté de la rue, plus loin dans la ville ou le pays, de l'autre côté de la frontière. Toutes ces ombres qui tendent la main ou baissent la tête à l'intérieur de leur histoire dégringolée; écrasés par une époque préférant engraisser les portefeuilles et CB des communicants que remplir les frigos de dizaines de millions d'êtres. Pas un scoop. Rien de nouveau sous le ciel du tiroir-caisse.
Avec en supplément, cerise sombre sur l'horizon bouché, les dictateurs sanguinaires, les nationalistes à bras levés, les intégristes religieux, les mépricommunicants, les pollueurs de cerveaux et de planète... Sans oublier les testés négatifs au doute, persuadés de détenir la vérité gravée dans le marbre de leur nombril numérique. Un certain nombre à vouloir rajouter du feu sur notre époque qui crame déjà beaucoup, ici et ailleurs sur le globe. N'en jetez plus, la cour de la planète est pleine de haine et de connerie humaine. Une ère ouverte qu'aux murs et impasses de tout bord ?
Que veulent les candidats Jeanne et Olivier, etc ? Du nouveau- meilleur- sous le ciel au présent. D'abord pour celles et ceux qui en ont le plus besoin, les prioritaires sur la balance de la redistribution. "Il faut prendre l'argent là où il se trouve, c'est-à-dire chez les pauvres. bon d'accord, ils n'ont pas beaucoup d'argent, mais il y a beaucoup de pauvres." Ce duo en course pour l’Élysée veut inverser la phrase du grand Alphonse Allais. Reprendre à la minorité qui a beaucoup pour redonner à celles et ceux qui ont trop peu. Rétablir un équilibre. Pour que Liberté Égalité Fraternité ne soient pas une formule fossilisée au fronton de la République. Et Marianne reléguée au rang de potiche officielle pour décorer les mairies. Leur objectif est simple: redistribuer les richesses. Retirer à ceux qui en ont trop pour transmettre à ceux qui n'ont pas assez ou rien du tout. Sans pour autant supprimer la première classe.
Jeanne, Olivier, Etc, bientôt sur les marches de l’Élysée et dans toutes les très bonnes cantoches de la République ? Pas du tout leur souhait. Le pouvoir et les ors de la République ne les intéressent pas du tout. Que font-ils alors dans la rue, leurs tracts à la main ? Le duo oeuvre pour la candidature qui leur semble la plus encline à rétablir l'équilibre. Même s'ils restent critiques et ne sont pas d'accord sur tout les points avec le candidat de leur choix. Notamment sur un ego parfois débordant, si fier de de son cerveau brillant, jusqu'à confondre briller et éclairer. Aurait-il besoin d'une piqure de rappel d'humilité et de reconnaitre ses petites et grosses erreurs ? Mais, nos miroirs jamais dupes le savent; les idées, les individus, les groupes, ne sont jamais parfaits. Certains et certaines sont nettement plus habiles que d'autres en comédie public. Mais avoir une belle ou sale gueule n'est pas l'essentiel pour ce sujet. Le nom de leur candidat est-il en fait Espoir ? En tout cas, Jeanne, Olivier, Etc, ne sont pas des grenouilles d'isoloir.
Pourquoi se battent-ils avec autant d'ardeur ? Pour entre autres ne pas revenir une énième fois à la même situation: un second tour récurrent et déprimant. Un avenir coincé entre la mâchoire cynique du fric et celle de la bête immonde maquillée en républicaine. Quarante années du même combat de catch, arbitré par certains ( pas tous pourris) journalistes à l'éthique monnayable. Avec toujours un seul grand gagnant: le dégoût électoral.
Plusieurs décennies que je m'abstiens. Et toujours d'accord avec un certain Pierre Desproges: " Les enfants croient au Père Noël, les adultes votent." Populiste l'humoriste ? Non, réaliste. Electeur échaudé craint même les nouvelles promesses. Voter semble de plus en plus un leurre dans la vitrine démocratique; les résultats déjà prêts dans l'arrière-salle. En plus, le vote blanc - seul moyen de participer sans cautionner les vieux et jeunes acteurs de la tragi-comédie du pouvoir- n'a pas voix au chapitre électoral. L'abstention: seul moyen de ne pas accepter le partage en coulisses. Merci à la démocratie de ce pays d'offrir la " laïcité du vote". Chacun chacune lire de croire au culte électoral, d'être agnostique en votant blanc, ou être athée avec l'abstention. Remarquons que les abstentionnistes ne votent jamais pour le pire.
Cette fois, je m'interroge: faire une infidélité à la majorité des absents volontaires ? Ne serait-ce que pour l'éviction au second tour des amis de Pétain et autres adeptes de la bête immonde relookée. Et faire plaisir aux copains et copines qui y croient encore... Premier principe: se méfier de tous les pouvoirs. Certains plus que d'autres. Mais tout est foutu. Voter, ce billet, ne sert à rien ? Les habitants du pays, de la planète, ont pris de mauvaises habitudes, depuis trop longtemps. Ça ne sert à rien ? Mais ne rien tenter, ne rien penser, ne rien rêver, ne rien projeter, sert encore moins. Croire - une dernière fois ? - au Père Noël de Printemps. ?
Voter pour celles et ceux qui ne se résignent pas à la résignation. Mettre dans l'urne un bulletin Jeanne, Olivier, Mamadou, Martine, David, Abdel, Jacques, Marianne, Vincent, Nicolas, Fatima, etc. Leur rendre la monnaie de leur engagement, une action dans l'intêret commun; pour eux, leurs enfants, et chacun d'entre nous et nos proches. La politique c'est d'abord eux: les petites mains portant une parole d'espoir, ici ou là, pour améliorer la vie de l'autre et la leur. Des militants et sympathisants ( pas des professionnels des jeux de pouvoir et d'appareil politique) voulant la première classe pour tous et toutes. Et changer un pays ( une planète) roulant à deux vitesses.
Direction République par Monde meilleur?
NB: Une entaille ( avant de retourner à la fiction) à la fermeture de ce blog. Sans doute pathétique et ridicule de fermer et rouvrir.
Mais les blés de l'avenir sont sous la grêle...