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Billet de blog 6 novembre 2024

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Nous sommes tous des Amer.....s

Goût amer au radio-réveil. Cinq lettres viennent de tomber. Vingt-trois années après le gros titre « Nous sommes tous des Américains »  barrant la une du Monde. Avec toujours des années après, le fameux «  que faisiez-vous ce jour-là ? » Et lui qu’est-ce qu’il vient foutre là ? Avec un livre à la main. C’est son «  Cauchemar climatisé ». Finalement toujours d’actualité.

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Illustration 1

                  Goût amer  au radio-réveil. Comme une grande partie de la planète. Cinq lettres viennent de tomber. Vingt-trois années après le gros titre « Nous sommes tous des Américains »  barrant la une du Monde. Avec toujours des années après l'horreur en direct, le fameux «  que faisiez-vous ce jour-là ? » Et lui qu’est-ce qu’il vient foutre là ? Je ne l’ai pas invité. En plus un sale matin pour le monde. Guère envie de causer bouddhisme et poésie. Pourquoi le grand Henry remonte à la surface ? Je ne m’attendais pas du tout à son soudain retour. Surtout dans ma cuisine à écouter une nouvelle chute (des électeurs récidivistes) des États-Unis. Cette fois, sans avion. Une chute démocratique dans les urnes. Et le voilà qu’il re-débarque. Le Henry Miller avec son éternel sourire aux lèvres.  Il a un livre à la main. C’est son «  Cauchemar climatisé ». Finalement toujours d’actualité.

           Que dire de plus ? Rien qui puisse changer quoi que ce soit. Autant reprendre le fil du texte en cours. Celui écrit en écoutant les nouvelles des élections américaines. Paraît qu’il peut y avoir un renversement. Que le pire soit écarté. Comme en France aux dernières élections. Étrange planète où les individus et les peuples rêvent de moins pire. Prêt même à le fêter. Je fais partie de ces rêveurs du moins pire. Et ça me déprime. Quand le champagne a un goût de vinaigre. Exit tous les rêves du monde meilleur  pour tout le monde ? Fini de parier sur l'intelligence de notre humanité ? Juste se contenter de colmater les brèches du cauchemar planétaire. Installer des digues. Pour ne pas être accusé de non assistance à monde en danger ? Gagner du temps. Plus que ça. Pourquoi ? Continuer de rêver encore du moins pire. Et de l'aider à se réaliser. En attendant la fin de notre espèce.

            Et qu’est-ce que tu faisais le 6 novembre 2024  ? Moi ? Oui, toi. Que faisais-tu quand le monde a basculer dans une nouvelle nuit ?Euh… Rien. En réalité, pas tout à fait rien. Je taquine le clavier en espérant attraper dans mes filets une perle. Ne serait-ce qu’un instant poétique sur écran. Une poignée de mots qui guérissent ? Non. Les mots ne guérissent pas. Même s' ils valent beaucoup mieux que les non-dits. Mais, aussi beaux et forts soient-ils, les mots ne soignent jamais la chair. Ni le monde. Les mots ne ressuscitent pas non plus les morts. Pourtant, dès le réveil ;  je reviens à eux. Des mots inutiles.

           Certes avec de rares fulgurances. Quand on a l’impression que telle ou telle phrase aura une petite utilité. Être dans le meilleur des cas un baume sur la souffrance d’un regard inconnu. Peut-être parvenir à distraire. Même si, comme cela a souvent été répété ; la littérature et l’art en général ne sont pas là pour divertir. Ni non plus convertir. À quoi servent alors tout et toutes ces  artistes ? Je n’en sais rien. Un mensonge, car j’ai la réponse. Ça ne sert à rien. Mais sans cet inutile, on serait encore moins. Et il aurait encore plus gagné. Et le monde plus perdu. Qui est ce vainqueur ?

            L’homme qui voyage léger. Pourtant d’une incroyable lourdeur. Bourrin de chez bourrin. Mais il voyage toujours léger sous son crâne. Il ne se charge pas de bagages. Juste le minimum. Rien dans la soute. Et en cabine à peine une poignée de pensées. Toutes les plus simples possibles. Quelques mots à balancer avec le menton en avant et le poing en érection. Surtout jamais d’idées trop longues. Toujours réduire. Encore plus. Au maximum un minimum de mots. À la manière poétique du haïku ? Rien à voir Excepté l’économie de mots. C’est même l’exact contraire. Pas de poésie, pas d’interrogation, pas de doute… Se débarrasser de l’inutile. Tout ce qui peut alourdir et ralentir la marche. Dans quelle direction ? Vers le vide. L'objectif, c’est lui. Atteindre le vide. Pour remplir son caddie. Et les poches de quelques-uns. Dont les siennes déjà pleines à craquer. Toujours léger sous le crâne. Mais beaucoup de bagages dans sa poche.

            En effet, ce billet est inutile. Encore des mots qui enfoncent des portes ouvertes. Sans créer de ponts et de passerelles. Ou de changer la face de notre jeune siècle. Docteur es inefficacité. Contrairement à Cerveau léger capable d’ériger des murs. Et de tordre la face du siècle. Diviser pour régner sur le monde à bord de son « Vide air force ». Pendant que je distille de l’inutile, il engrange de l’utile pour lui et ses proches. Pas le seul dans ce cas. La quasi-majorité des dirigeants de la planète sont du même bois de la même langue du vide. Toutes et tous sont atteints du même virus : la com utile. D’abord communiquer, puis communiquer encore… Peu importe les convictions et les idées. Elles finiront bien par suivre. On les attend toujours… Et c’est toujours le vide qui suit et obtient la victoire. Celui qui mène notre planète droit dans le mur. À vitesse grand vide. 

            Comme ce matin où nous sommes tous des amers. Ce n'est pas tous à fait la réalité. Pas tous des mars. Des millions  de gagnants ( la perte suivra) se félicitent de la victoire annoncée d’un des plus grands patrons du CAC 40 du vide. Et pas le moins pire. Contrairement à son adversaire. Avec elle au pouvoir, la face du siècle n’aurait pas beaucoup changé. Notamment pour les plus pauvres et écrasés - sous la précarité ou les bombes - de la planète. Mais avec elle, au moins un espoir. Lequel ? Qu’on puisse continuer de ne croire qu’au moins pire. Mais dans un climat plus apaisé. Avec plus de subtilité (facile face à la lourdeur de son adversaire) au moins dans la langue face caméra. Contrairement aux éructations de Cerveau léger dans son « Vide air force ». Le moins pire a perdu.

            Encore un grand coup dans la gueule du monde. Pas le premier, ni le dernier. Le monde s’en relèvera. Mais, comme à chaque fois, encore plus désespéré. À quoi bon se relever pour retomber dans les mêmes bras de la même nuit. Pour paraphraser une chanson : Qu’est-ce qu’elle conne notre espèce. Au fil du temps, on s’use à devoir se relever. Indéniable que le moral s’érode. Pourtant pas d’autres solutions que de se relever. Ne serait-ce que pour ne pas embouteiller le trottoir des lamentations. Un coup d’œil à gauche. Puis à droite. Vers où se diriger ? Commencer à faire un pas. Pour vérifier que la mécanique fonctionne encore. Et dans la foulée, tester son cerveau. Complètement vide ? À moitié plein ? Sur la réserve ? Se poser la question est déjà un bon signe. Puis un deuxième pas. Une autre question. Un autre pas. Sous les encouragements des étoiles. Avancer est important. Mais ça ne me semble pas l’essentiel. Comme de vouloir refaire le monde. Ça ne marche jamais. Qu’est-ce qui est essentiel. L’urgence est d’être debout. Mettre les pieds dans le plat du siècle.

           Pour faire le monde.

         NB : La Statue de la Liberté est inquiète. Après la colère, l'inquiétude. Pour qui ? Les femmes de son pays.  Celles qui auront le malheur de subir un viol. Une horreur qui arrive trop souvent. Ou, toutes proportions gardées, toutes les femmes subissant une grossesse non désirée. Les seuls à devoir décider de leur corps. La statue de la Liberté contrainte un jour de devoir s’exiler pour avorter ?

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