Des mains tentent de le relever. Partout sur la planète. Des mains visibles ou invisibles. Faisant tout pour qu’il puisse au moins se redresser. Parfois ces mains ont le bras assez long pour être médiatisées. Et on aperçoit tel ou tel visage face caméra. Dans quel but ? Continuer le travail de « relevage » avec des mots. Même si c’est souvent vain, dans une époque où les chiffres pèsent plus lourd. Peu importe l'état des humaines et de la terre, s'ils ont les dividendes. Pourtant, ces porteurs de parole insistent. Déterminés à essayer de convaincre de l’urgence. Si perdure la folie humaine planétaire, le monde restera au sol. Et avec lui toute l’espèce humaine. Dont les forcenés des dividendes. Des mains et des paroles releveuses essaiment sur toute la surface du globe. Elles œuvrent ici et là. Une toile de mains releveuses. Mais elles sont très peu visibles. Et leurs voix phagocytées par le bruit des grandes gueules.
Celui d’autres mains. Elles aussi sans frontières. En l’occurrence, on parlera plutôt de pieds. Ils sont en train d’achever le monde au sol. Que ce soit avec la barbarie terrorisante ou militarisante. Ainsi qu’avec des mots de haine face caméra. Des pieds adverses se haïssant à mort. Pourtant avec le même but. Lequel ? La fin de l’humanité. S’en rendent-ils compte ? Peut-être certains en ont plus ou moins conscience. Pourquoi continuent-ils alors de scier la branche sur laquelle ils vivent ? Une multitude de raisons. Dont sans doute la lâcheté d’accepter de critiquer leur famille et camp. Et il y a les plus dangereux : les pieds qui ne se rendent pas compte de la destruction en cours. Aveugles et sourds à leur propre destruction. Rien de nouveau. C’est vieux comme le monde à terre.
Le spectacle auquel on assiste en direct quasiment au quotidien. Sur les réseaux sociaux, à la radio, sur les plateaux télé, etc. Mais aussi au comptoir, à sa table, parfois dans son miroir. Qu’on le veuille ou non, un spectacle macabre dans lequel nous sommes embarqués. Certains avec plus de recul que d’autres. Mais personne entièrement imperméabilisé à cette course à la haine de ce qui n’est pas soi, sa famille, qui ne pense pas comme soi. Même les comiques s’en mêlent : l’humour c’est moi, la discrimination c’est l’autre. Difficile, voire impossible, de ne pas être virusé par cette atmosphère fétide ? Regardez un peu sur le seuil de vos pensées et vous verrez que, parfois, peut-être de plus en plus souvent, vous vous mettez à dire tel mot, accepter l’inacceptable que vous vomissiez … Le pire peut arriver même jusque sous votre cerveau ouvert et tolérant. Et même la haine de l'autre éclore sur vos lèvres.
J’ai l’impression de devenir raciste contre les Noirs et les Arabes. Une sorte de truc irrationnel en moi qui me bouffe. Et surtout contre les musulmans. Marre de ceux qui veulent coller du religieux partout. J’ai envie de leur dire que s’ils veulent vivre dans un pays musulman, ils n’ont dégager d’ici et aller vivre dans un pays leur correspondant plus. Ce sont les propos d’une vieille copine. Mais je sais que c’est une colère passagère. Elle ne basculera pas dans les bras du RN ou d’autres obscuranationalismes. Un copain s’inquiète aussi de lui-même. Mais aussi de sa compagne. Elle est d’origine africaine. Très branchée sur les problématiques noires, elle s’est peu à peu confinée dedans. Quasiment devenue obsessionnelle sur le sujet. La même obsession inversée des identitaires blancs. Ne voyant quasiment que des gens de la même couleur qu’elle. Il a l’impression qu’elle commence à détester les blancs. Dont lui avec qui elle a eu une fille et un garçon. Je ne crois pas qu'il basculera. Mais c’est tendu.
Les mains et les pieds diviseurs jouent sur du velours sombre. Une période où il est très facile de rajouter de l’huile sur le feu d'un jeune siècle à feu et à sang. En France et sur toute la planète. Même si les diviseurs ne sont pas les payeurs ; plutôt des profiteurs se payant sur la misère et la tension qu'elle génère parmi les plus pauvres et la classe moyenne. Les pieds destructeurs finiront-ils par gagner et achever le monde à terre ? Dans ce cas, on sera tout perdants. Et le monde ne se relèvera plus jamais. Que faire pour éviter la catastrophe finale ? De plus en plus de mains releveuses pour l’aider. Sans aucun doute la seule solution pour que cesse cette période mortifère. Et ça ne se fera pas sans nous. À son petit ou grand niveau. Ensemble et individuellement. Pour relever notre monde.
Chaque main compte.