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Billet de blog 12 mai 2017

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Hommage aux vivants

Pas un jour sans un tweet ou un mail d’hommage à un mort. Le RIP fleurit très bien et en toutes saisons sur la toile. Les disparus vivent fort longtemps sur nos écrans. L’hommage posthume est-il la maladie du siècle ?

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Parabellum - Noir sur Bleu ♫ [ with Lyrics ~] © AkuSaiyuki

              Pas un jour sans un tweet ou un mail d’hommage à un mort. Le RIP fleurit très bien et en toutes saisons sur la toile. Les disparus vivent fort longtemps sur nos écrans. L’hommage posthume est-il la maladie du siècle ? Une maladie à laquelle je n’échappe pas non plus. Pourquoi cette course, parfois fébrile et pathétique, à vouloir honorer la mémoire d’un mort. Certains voulant être les premiers. D’autres se disputant même la palme du meilleur hommage. Qui a droit à ce traitement de faveur post mortem ? Bien entendu les personnalités connues médiatisées. Les seules dont la mort intéresse une majorité d’inconnus n’ayant pas leur numéro de portable. Toutefois, on retrouve aussi ce phénomène pour les disparitions sans visibilité publique. « Les morts n’en ont rien à foutre des hommages. Ils ont ripé du territoire. Les médailles posthumes ne réveillent pas les cadavres. ». La colère d’un colocataire de comptoir en lisant le canard du matin. Nombre d’habitués le détestaient. Pour ma part, même si nous avions eu des prises de bec, je le trouvais intéressant et attachant dans son nihilisme couleur Ricard. Mais, à sa mort, il eut le droit à sa petite médaille de départ. L’un des rares à rappeler ses travers reçut une volée de bois vert. L’ardoise de sa  mémoire bien nettoyée. Pas celle qu’il devait au patron.

      Comment rendre hommage aux vivants ? Sans doute plus difficile que de parler des morts. Pourtant nous sommes entourés de vivants. Chacun le vivant d’un autre. Félicitations pour un diplôme ou une promotion, un prix d’interprétation, une réussite aux élections, une première place en athlétisme….  C’est faux d’affirmer qu’on ne rend pas hommage à nos contemporains. De nombreux bons points et autres médailles sont distribués ça et là. Et tant mieux. Important de récompenser et éclairer la réussite. Mais il existe aussi d’autres façons d’honorer nos proches ou plus lointains voisins de planète. Pas uniquement au moment d’une réussite.  Comme tenir compte de leur présence – aussi passagère que la notre- sur la planète. Des mortels en devenir, croisés sous son toit ou au coin de la rue. Pas des amis fictifs, êtres de chair et pixel. Mais ceux parfumés à Humanité  No 7 milliards. Mais aussi puant les pires odeurs de la connerie humaine. Une connerie dont nous sommes co-propriétaires.

        La politique. Une période où l’on en parle beaucoup. Plus des politiciens que de la politique? Comme des millions d’autres, j’ai préféré m’abstenir d’être déçu. Une déception prévisible à la vue de ce feu d’artifices d’égos pour être au premier plan ou le rester. Sans oublier les baratins de part et d’autre. Rien de vraiment nouveau. Même ceux qui, ayant apparemment des propositions nouvelles, ont fini par noyer le nous dans leur je. Excepté quelques candidats, sans immunité mais avec une grande humilité se fondant dans le nous, la plupart m’ont semblé guère enclins à vouloir transformer un système qu’il dénonce en tendant leur écuelle républicaine. On pourra me rétorquer que ces candidats, si humbles et proches des citoyennes et des citoyennes, n’avaient rien à perdre puisqu’ils ne veulent pas gagner. Tout à fait vrai. Mais la majorité de leurs adversaire, majoritairement sincères au départ, perdent souvent en privilégiant le gain ponctuel issu des urnes sur le fond. C’était donc ma minute populiste, poujadiste, complotiste, tous pourri sauf mon miroir… Ma culture politique plus proche du « Bar des Sports » que de Science Po, je préfère arrêter là sur ce sujet et revenir à cette notion d’honorer le vivant. Rendre hommage à son contemporain en temps réel. Essayer, sans angéliser, de faire en sorte que son passage sur terre soit le plus agréable possible. Tout du moins ne pas le pourrir. Ni rajouter à la pourriture du monde et l’obscurantisme de certains fous de Dieu et-ou-du CAC 40. Utopie à la con? Sans doute. Mais ça ne mange pas plus de pain que le reste. Et n'empêchera pas le jour de se lever.

     Honorer les vivants est tout à fait possible. En réalité, chacun le fait à son petit niveau. Que ce soit à travers l’amour de ses gosses, de sa compagne, de son compagnon. Ou la vraie amitié. Même le bon voisinage de bureau ou de quartier. Les vivants se comportent entre eux que ce billet cherche à affirmer. Pourquoi d’ailleurs une telle affirmation ? Désir inconscient de tout noircir ? Plus facile de pointer la merde que la beauté ? Soumis au diktat de la morosité ambiante du tout va mal ? Sans doute un mélange de nombreux éléments. Donc, ça va mieux que ce qu’on croit. L’avenir a de beaux jours devant lui pour les vivants. Suffit d’y croire et d’agir. Chacune et chacun peut y travailler dans son espace vital. Mais qui peut l’élargir à un plus grand cercle ? Réussir, sans attendre le changement de demain matin,  à honorer les vivants de France et de la planète. Vaste programme que d'honorer d’abord le vivant.

   C'est bien le rôle de la Politique ?

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