Étonnante cette vidéo découverte en trainant sur le Net. Je n'avais jamais entendu ce sketch. Un petit clin d’œil ironique post mortem ? Une ultime minute de monsieur Cyclopède ? L'auteur de l'excellent «Vivons heureux en attendant la mort.». Bel exploit de l’humoriste de remonter sur une scène virtuelle. Avec en plus un sujet d'actualités. Le même auteur ayant repris deux tourteaux après l’annonce de son crabe. Chapeau bas pour sa capacité d’auto-dérision. Avait-il anticipé l’arrivé de ce virus ? Comment lui, Coluche et d’autres, auraient réagi à ce virus mortel ? Sans doute comme certains humoristes d’aujourd’hui. Avec l’anxiété derrière le masque de clown.
Tout ces clowns, tristes ou pas, qui nous aident dans notre voyage de mortel. Relativisant notre suffisance d’animal soi-disant le plus intelligent et puissant de la planète. Parfois c’est leur métier. Mais ils peuvent se trouver parmi nos proches. Ou l’être soi-même. De Devos à Guillaume Meurice en passant par Blanche Gardin et l’oncle en bout de table. Chacun, selon son culture, son éducation, ses ouvertures, ses fermetures, appréciera ou pas tel ou tel humour. Pour ma part, j’ai les zygomatiques très élastiques; capable de me marrer de l’humour le plus intello à la pire vanne de comptoir ou de fin de soirée. Difficile en ces temps d’arbitrage permanent des élégances. Avec les vérificateurs de bon ou mauvais humour. En général, ils en profitent aussi pour vérifier le reste. Que vous soyez conforme. En conformité avec leur morale.
Quel est aujourd’hui une grande part du boulot des clowns, des caricaturistes, des écrivains, des cinéastes, et de tous les autres créateurs ? Échapper à ces grillages invisibles. Qu’il soit tendu par un docteur en littérature comparée ou un intégriste de n’importe quelle religion. Sans oublier tous les «commissaires du sens» ne voyant le monde que de leur chapelle. Pour autant leur vision peut-être fort intéressante. Si c’est juste un point de vue. Un regard sensible, cultivé, bousculeur, violent, tendre, buté… Acceptable tant qu’il devient pas celui d’un juge ou procureur. Comme il y en a de plus en plus. Capables de décider que tel film ou tel livre a le droit d’être considéré comme une œuvre et respectée en tant que telle. Distribuant les bons et mauvais points aux créateurs. Comme des maîtresses et maîtres d’école avec des gosses qu’il faut éduquer. Restons des sales gosses. Sans dieu ni maître. Et pas non plus d’allégeance aux nouveaux douaniers de la création. Les mêmes prônant la tolérance et la liberté d’expression. Sauf si l’expression ne convient pas à leur cahier des charges.
Merci en tout cas à tous les créateurs qui résistent. Une résistance à toutes les censures. Qu’elles soient visibles ou invisibles. Avec notamment celles se servant de combats légitimes et nécessaires. Bien sûr moins violentes que lors d’un 7 janvier massacreur. Comparaison n'est pas raison. Mais avec aussi la volonté de faire taire ce qui ne leur convient pas.« C’est une censure pour la bonne cause». Une phrase entendue dans un train. Par un couple de trentenaires, elle prof et lui webmaster. Libération et les Inrocks sur la tablette devant eux. J’ai regardé par la fenêtre. Les nouveaux censeurs ?
Sans oublier toutes les autres censures. Que ce soit avec le fric ( distribué ici et jamais là) ou d’autres moyens d’étouffement de création. Plus parfois son autocensure. Qu’en penses-tu de tout ça Desproges ? Si tu as un peu de temps, on peut aller se manger un plateau de fruits de mer. Un ministre me dit dans l’oreillette que ce n’est plus possible. Désolé, tous les bistrots son fermés. Paraît que c’est à cause du virus transmis par ton Toto le pangolin. Tant pis, on se fera livrer à domicile. Ma brasserie a changé de propriétaire et de nom, Désormais « Chez Confinement».
Combien de tourteaux ?