« Il y a deux façons d'enculer les mouches : avec ou sans leur consentement. »
« La question ne se pose pas. Elle en est absolument incapable : il y a trop de vent. »
Boris Vian
Rien n’est simple. Encore moins quand ça l’est. Déjà à la deuxième ligne, un souci. Pourquoi ne pas avoir écrit « encore plus quand ça l’est»? Peut-être plus judicieux. Les deux formules sont-elles valables ? NI l'une, ni l'autre ? Je dois avouer ne pas avoir la réponse. En effet, tout est complexe. Et pas meilleur moyen de perdre un lecteur ou une lectrice dès l’ouverture. Ce ne sera pas un début de roman. Ni d’un récit. Pas non plus l’entrée en matière d’un essai. De l’enculage de mouches ? Pas sûr. Qu’est-ce que ça pourrait être ?
Ce qui manque à notre époque. Quoi ? De s’intéresser aux questions. Tellement le nez sur l’écran à tracer tout de suite vers une réponse. Le ou la plus rapide a gagné. Une course entre les lignes d’un moteur de recherche. À ce propos, peut-être qu’il faudrait trouver un autre nom pour cet outil. Le renommer comment ? Moteur qui trouve. Sans que nous n'ayons à chercher. Comme un chien de chasse rapportant un gibier sans que personne n’ait donné le moindre coup de feu. Ou un appât qui ferait tout le boulot du pêcheur. Cela dit, les moteurs sont des outils très utiles. Dans de nombreux domaines. Mais pas des outils de recherche.
Les barbares modernes ont eux aussi accès à tous ces outils. Comme le « fou de Dieu » qui massacre des mécréants au nom d'Allah. Que ce soient les membres d’un journal satirique ou des jeunes écoutant de la musique ou buvant un verre en terrasse d’une ville. Outre atlantique un de leurs clones en barbarie faisait couler le sang dans une mosquée en Nouvelle Zélande au nom du grand remplacement. Les adeptes de la pureté identitaire blanche n’ont rien à envier aux fous de Dieu. Des intégristes de part d’autre. Sans oublier tous les serial-killers officiels- élus ou non - qui cherchent à occuper une bonne place dans le « Who’s’Who des Génocideurs ». Nous avons quelques champions en ce moment sur la planète. À tout moment, tous ces barbares encore vivants peuvent consulter leur page Wikipedia. Lire ici ou là le récit de leurs exploits. Celui de tueurs d’humanité. Et porteurs d’obscurité. Les ennemis des lumières de l'humanité.
Tous et toutes (quelques femmes à être aussi haineuses et violentes que leurs semblable masculins) ont un point en commun. Ils détestent la question. Pourquoi une telle détestation ? Parce qu’elle pourrait leur faire perdre du temps dans leur folie meurtrière ? Voire même les faire s’interroger. Jusqu’à les rendre hésitants. Tout ce qu’ils fuient. Éliminant autour d’eux tout ce qui peut les faire douter. La question peut embrouiller et empêcher d’aller droit au but. Contrairement à la réponse. C’est ça ou ci. Avec arme blanche, fusil d’assaut, ou missile. Certains, les plus forts, sont capables d’une réponse atomique. Avec elle, la possibilité d’un jour de pouvoir éradiquer toute question de la surface du globe. Finies ces interrogations qui empêchent de détruire l’humanité à petit ou grand feu. Une bonne guerre pour détruire le moindre germe de question. Et l’éradication aussi de toute réponse.
La question est le meilleur rempart contre tous les obscurantismes. Religieux ou économiques. Même s’il faut bien sûr apporter des réponses urgentes. Ne jamais laisser les souffrances s’installer ; elles sont le lit des vendeurs de nuit et de confusion. Nous avons nombre d’exemples. En France et ailleurs. Sans réponse, n’importe quelle souffrance finira dans les bras de celui ou celle qui la rassurera en lui proposant tel ou tel remède. Même si c’est bien sûr un leurre qui n’arrêtera pas la souffrance. Parfois même l’augmentant à terme. Après avoir apporté des réponses concrètes à toutes les populations en souffrance, revenir à la question. Elle est essentielle. Vitale pour l'avenir de notre espèce. Pourquoi pas des cours de question dès le plus jeune âge ? Ça existe déjà, me dit-on dans l’oreillette. Sous quelle forme ?
L’éducation et la culture. Ces ministères avec toujours de moins en moins de budget et de personnel ? Mais peut-être que ma question est de mauvaise langue. Ce qui n’empêche pas de la poser. Et de se demander si l’intérêt de certains serait que la réponse occupe tout l’espace. Avec encore plus de moteurs qui trouvent. Baliser tous les territoires pour que plus aucune question ne pointe son nez trop fouineur. Avec à court terme des moteurs qui trouvent greffés sous nos peaux ? Les questions n’auront plus du tout le temps de se poser. Dézingués par des snipers numériques nommés algorithmes. Une dernière interrogation en guise de conclusion.
La question : bientôt une denrée de luxe ?