La question du siècle ? Nul besoin de la poser. Elle est déjà présente. Partout et tout le temps. À chaque instant, cette question peut venir couper une conversation. Générer un silence gênant et chargé de suspicion. Comme très bien incarné à travers cette vidéo. Elle m’a fait beaucoup rire. Sans doute que certains et certaines n’apprécieront pas. Et c’est tout à fait leur droit de ne pas apprécier l’humour. Se marrer à tout prix: la nouvelle religion dominante ? On a le droit de ne pas rire de tout. Le premier degré n'est pas une honte. Même si ça peut créer des conflits. Et des malentendus. Mais pas toutes et tous tous obligés d'emprunter le sens de l'humour. A chacun chacune sa ou ses voies. Tant qu'on n'empêche pas les autres de choisir le sens de l'humour.
Celles et ceux n’appréciant pas pourront creuser la vidéo pour y découvrir tel ou tel sous-entendu. Et même une manipulation. De l'humour de propagande ? C'est possible. Mais on peut apprécier l'humour même d'adversaires politiques. Et reconnaître qu'ils ont réussi à nous faire rire à tel ou tel sketch. En ce moment, l'humour se fait beaucoup en chapelle et communautés contre d’autres chapelles et communautés. Revenons à nos sous-entendus; , à force de chercher, on finit toujours par en trouver un ou plusieurs. Rien de très grave. Quoi que si en réalité. Quel est le souci généré par cette traque du sous-entendu ?
Ça crée un problème d’audition. Même la prothèse auditive la plus perfectionnée est inopérante. À force de se concentrer sur ce qui est à interpréter, on perçoit de moins en moins l’entendu. Tout à fait normal puisque nous passons le plus clair de notre temps à fouiller sous lui. Jusqu’à finir par complètement l’oublier. Et peu à peu, l’entendu se transforme en une sorte de musique de fond. Comme la parole de celle ou celui oublié en fond de table. Ce qui paraît important en notre époque est tout ce qu’on n'entend pas. Pour l’utiliser comme ingrédient dans sa propre cuisine. Pourquoi une telle quête du non entendu ?
C’est tout bénéfice pour soi. On peut engranger dessus. Avec un très rapide retour d’investissement sur interprétation. Qu’il s’agisse de like, pouces levés, ou de prendre du grade ici ou là. Un non entendu aussi bénéfique pour sa famille d’ idées. Pourquoi se priver quand il s’agit juste de détourner tel mot ou telle phrase du contenu d’ensemble. Avec un peu de maquillage et d’intelligence artificielle, ça passe comme une fake news à la toile. Contrairement à l’entendu. Incontournable bloc de mots écrits ou dits. On peut y revenir et prouver la réalité du propos. Nécessaire donc de le contourner.
Un contournement par l'interprétation. L’objectif est de fouiller les propos de l’adversaire pour trouver ce qui peut le mettre en faute. Avec la technique de la création d’un sous-entendu artificiel. Un non dit mais peut-être pensé ( un flou pouvant ouvrir à toutes les interprétations ) auquel on peut faire dire ce qu’on veut. Créer une forme d’impalpable. Une atmosphère sans frontières entre la réalité et le ressenti. Le vrai et le faux mêlés. En plus, le sous-entendu ne demande jamais de droit de réponse. Pas dit, pas pris. Une belle manne pour les créateurs et créatrices de brouillard et confusion. Et la pensée en meute ( toujours étrange d'écrire cette expression) qui va fouiller dans le moindre recoin d'une parole. Pour la réduire à ce qu'elle n'est pas sur le fond. La meute sans la pensée ?
Cela dit, il existe. Indéniable que certains entendus ou mal entendus cachent du sous-entendu. Dire sans dire. Une technique utilisée par certains grands spécialistes de la parole publique. Pour rester incritiquables et balancer du poison invisible dans les cœurs et les cerveaux. Pour ça que le « vous êtes raciste » ou « vous êtes antisémite » est à tel ou tel moment plus que légitime ; saine réaction face à la réalité du propos entendu ou lu. Ce n’est pas de l’interprétation avec des desseins précis. Pareille légitimité pour « vous êtes sexiste », « vous êtes transphobe », et autres accusations fondées. On peut se marrer avec cette vidéo. Sans nier la réalité de certaines violences. Les visibles. Elles sont plus facilement détectables. Et donc avec possibilité de les dénoncer et les combattre. Plus compliqué avec toutes les violences planquées en sous-texte.
Toutefois inutile de plonger dans les profondeurs du sous-entendu. Une perte de temps de chercher le pire dans le « pélagique « d’une conversation ou d’un texte. Vous pouvez ôter votre scaphandrier d’océanographes du sens. Tout est déjà souvent en surface de la conversation. Le meilleur ou le pire à fleur de mots et de phrases. Il suffit de bien tendre l’oreille. Ou lire attentivement le texte sur papier ou écran. Tout y est dit. Si on se concentre sur l’entendu. Certes, une concentration complexe. Déjà difficile de comprendre ce qui est dit.
Mon vieux ami, m’ayant envoyé la vidéo, ne pense pas comme moi. Sur le plan politique. Pour la poétique et l’ivresse des mots et du reste, nous avons beaucoup d’accord. Son vote est sans doute aux antipodes du mien. Nous avons eu quelques polémiques. Pas longue. La vie est courte. Et donc l’amitié aussi. La nôtre perdure. Irréductible. L’amitié me semble être essentielle à conserver. Même à privilégier. À mon avis, elle est beaucoup plus importante que n’importe quelle querelle politique. Autant ne pas perdre son temps en querelles parfois sans aucun sens, si ce n'est de tenir le crachoir et le centre. Pathétiques polémiques surtout quand il s'agit de commenter des spectacles pathétiques d'egos de tout bord. Loin de ce que mérite vraiment le politique. Et nos solitudes passagères. Plus nourries par l'amitié, l'amour, etc. Autrement dit : l'essentiel d'une existence.
Qu’est-ce que vous sous-entendez du temps qui passe sans revenir ?
NB: En écho avec la vidéo d'illustration:
Le réquisitoire de Pierre Desproges est visible ici.