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Même si elles n’ont rien craindre. Même pas du petit pantin aux cheveux jaunes. Ni des autres comme lui sur la planète. Une petite poignée s’agitant dans leur panoplie de puissants du monde. Très aimantés par les micros et les caméras. Leur agitation n’inquiète nullement les étoiles. Elles en ont vu d’autres, depuis leur présence au-dessus du monde. Et de l’humanité. Une espèce en voie de disparition ? Rien de plus naturel. Même les étoiles finissent par disparaître. Mais rare d’assister à l’accélération de la disparition d’une espèce par ses représentants. Leurs pieds très lourds sont posés sur l’accélérateur. Jouissant du toujours plus vite. Sans se soucier de l'obstacle qui se rapproche. Une accélérations avec la complicité plus ou moins active de la majorité des membres de l’espèce humaine. Chacun et chacune d'entre nous a aussi le pied sur l'accélérateur. Suicide de notre espèce en direct sous le regard des étoiles.
Que sont ces pantins officiels à l’aune des galaxies ? Pas rien. Mais qui se souviendra de leurs gesticulations dans quelques milliers d’années ? De maigres allumettes qui, à peine allumées, vont s’éteindre. Pourtant, ils (que quelques femmes) paradent en grande pompe. Avec force bruit et mouvements de mentons. Comédiens d’une farce pathétique. Celle d’homme pétant plus haut que leur QI. Au pouvoir parce que plus intelligents. Pas du tout. Parce que plus malins. Et que d’autres les ont aidé à grimper en haut de l’échelle où ils ont installé la corde autour du cou du monde. Des malins mis au pouvoir par des moins malins. Qui est responsable du suicide planétaire ? Les malins et les pas malins. L’espèce humaine au bout de la corde.
À vrai dire, la plupart des étoiles se foutent du spectacle de notre espèce. Pour elles, un épiphénomène au regard de l’univers. Et elles n’ont pas tort. Mais quelques-unes ne peuvent s’empêcher de jeter un coup d’œil sur la planète bientôt cramée par le soleil. Des témoins impuissants. Parmi elles, certaines culpabilisent. Surtout après avoir vu ce dont est capable l’espèce humaine. Que de beautés et de créations nées de l’humanité. Les citer ? Beaucoup trop long. Ces étoiles ont assisté à tous les progrès de l’humanité. Là aussi aux première loges quand notre espèce décline son abominable et horreurs. Du sang versé en masse dans des territoires en guerre. Souvent les mêmes sous les bombes. Il y aussi le sang versé au coin d’une rue ou sous un toit. Ces étoiles ne sont pas naïves. Mais atterrées.
Face au chantier du jeune siècle. Elles voient tout ce qui se passe sur terre. Partout de la destruction. Les villes et les villages. Destruction aussi sous les crânes et les poitrines. La haine et la division sont sans frontières. Même dans les pays qui ne vivent pas en état de guerre quotidienne. La communautarisation semble avoir envahi la planète. Plus que des sacs de sable visibles ou invisibles pour délimiter les territoires. Ici, c’est chez nous. De l’autre côté, chez les ennemis. Chaque individu portant en bandoulière son check-point. Des miradors mobiles toujours sur le qui-vive. De la méfiance exacerbée surtout dans les pays en guerre. Rien de plus naturel quand chaque jour, on joue sa vie, sans être sûre de finir la journée. Mais, toute proportion gardée, une méfiance de l’autre s’est aussi installé dans les pays sans conflit armé. De mon côté ou de l’autre ? Que me veut cet autre qui s'approche de mon mirador ? Méfiance à tous les coins de corps.
Pourquoi vous ne voyez que le pire de l'espèce humaine ? La question de l’étoile a surpris les autres à la même fenêtre sur le monde. D’autant plus qu’il s’agit de l’étoile la plus vieille du groupe. Et qu’elle devrait être la plus désabusée. Tu ne vois pas ce qui se passe en bas ? L’étoile – nommons-la vieille étoile – se tourne vers celle qui a posé la question. Sa cadette de plusieurs millions d’années. Si bien sûr, je vois. Comme vous toutes. Des millions d’années que j’observe le spectacle de l’espèce humaine. Pas très reluisant les humains. Depuis leur apparition sur terre, ils ont prouvé leur inhumanité. Avec un imaginaire très puissant pour détruire son prochain. En priorité sa prochaine. Je sais bien que c’est la pire espèce vivant sur cette planète. Mais je ne veux pas occulter sa belle part. Et tout ce que certains de ses membres continuent de créer de beau. Regardez plus loin que l’idée que vous avez de cette espèce. Les autres étoiles sont stupéfaites. Mais elles finissent par suivre le conseil de la vieille étoile.
Posant un autre regard. Au-delà des apparences. Pour finalement lui donner raison. En effet, pas que le pantin aux cheveux jaunes. Ni que ses collègues du toujours plus- à n’importe quel prix. Partout, des petites et grandes mains continuent de construire. Malgré la destruction organisée par le pantin aux cheveux jaunes et tous ses alliés. Même si souvent leurs actes, ici et là, sont du colmatage. Mais nécessaire pour passer à une autre phase. Après avoir fait en sorte que chaque être ait à minima le ventre plein et un toit sur la tête. Pour passer à une vitesse supérieure. La semence. Semer à nouveau de l’intelligence humaine et de la poésie là où elles ont été éradiquées. À grand coup de bombes ou de décervelage organisé. Remettre de l’humanité là où elle a été détruite l’argent roi et la folie des hommes (notamment les fanatiques religieux). Vider l’océan avec une cuillère ?
Sans doute. Pourtant des mains de toute sorte sont en ce moment à la tâche. Du matin au soir. Œuvrant même si le pantin et ses clones détruisent plus vite que leur ombre. Une destruction pour quelques dividendes de plus. Prêts à vider la terre jusqu’à ce qu’elle ne soit une coquille vide. Pas leur souci puisqu’ils pensent aller survivaliser – avec leurs proches - du côté des étoiles et autres planètes. Pendant que les sans fusées survivront sur un globe exsangue. Malgré cette perspective, elles construisent. Chacune avec ses moyens. Que faire ? Les regarder œuvrer en continuant de désespérer ? Détourner les yeux pour ne les poser que sur son chantier intime et éphémère ? Chaque main fera comme elle veut et peut. Mais plus nous serons à la tâche, plus l’arrivée contre le mur sera ralentie. Encore un peu de répit pour nous. Et les générations suivantes. Mettre la main à la pâte vaut le coup. Même en gardant son pessimisme pour soi. Au fond de sa poche. À côté de son smartphone en partie complice du suicide de notre espèce en cours… Stop constat. Plus qu’une alternative.
Côté mains ou résignation.
Des étoiles comptent sur nous. Surtout qu’elles savent que notre espèce est capable du meilleur. Quand elle sait se débarrasser de tous ces pantins parasites qui dépècent tout. Même l’espoir. Des pantins dépeceurs très efficaces puisqu'ils sont chaque fois réélus. Par qui ? Les premiers dépecés. Tout ça ; les étoiles le savent. Des millions d’années qu’elles nous voient à l’œuvre. Et pas toujours du très bel ouvrage. Alors que nous profitons de leur beauté lumineuse en toute saisons. Comme des poèmes écrits sur le ciel au-dessus de nos chairs mortelles. Rendons-leur la monnaie de leur beauté. Avec nos mains et nos actes. Chacun à son niveau. Et selon ses moyens d'action. Avec plusieurs objectifs. Dont un qui a aussi son importance.
Refaire marrer les étoiles.