Fille de 12 violée parce que Juive.
H + H.
Femme Rom enceinte tuée parce que Rom.
H + H
« 2024, les Arabes au four crématoire » bombée sur la maison d’un homme parce qu'Arabe.
H + H
Jamais de rupture de haine dans ce magasin. L'enseigne du magasin est H + H : Haines + Horreurs. Vous pouvez commander non-stop sur la toile. On ironise pour ne pas chialer devant une telle déferlante. Notre seul choix est de constater. Solitaire impuissance face à nos écrans. À chaque jour, son abominable au pluriel. Pas une journée sans une haine ici ou là. Meurtre, viol, agressions verbales… Avec une accélération des haines en cette période d’extrême confusion. Notre pays, deviendra-t-il une vaste surface marchande du pire de notre espèce humaine ? Bientôt une chaine de magasins de H + H partout en France ?
Force est de constater qu’il y a déjà beaucoup de franchisés. La haine n’est pas le monopole des grandes villes. Elle se développe dans le moindre recoin de France. Comment se fait-il que la haine se soit autant implantée ? Grâce à la vente directe et quotidienne. Suffit d’ouvrir son écran pour se servir. Et certaines chaînes font des promos permanentes sur la haine. Elles sont très fortes dans ce domaine précis. Capables de livrer de la haine sur un plateau dans toutes les régions de France. Des livraisons même dans les villages les plus paumés. Apportant de la haine même là où il n'y a pas ou très peu de problèmes. Faut dire que les commerciaux de H + H sont très forts. En plus bien épaulés par certains médias. Grande braderie de haine nationale.
Inutile d’épiloguer sur le sujet. Nombre de billets et articles évoquent cette extrême montée du double H. Avec sans doute plus de pertinence qu’un billet d’humeur d’un citoyen atterré par l’accumulation des horreurs. Comment ne pas être dévasté par le viol de cette fille de douze ans ? Comment ne pas être sonné par le meurtre de cette femme enceinte ? Comment ne pas être touché par cet homme découvrant un tag lui souhaitant les camps de la mort. Malgré la différence de la violence subie, ces trois victimes ont un point en commun. Important de le souligner en une période de plus en plus jumelée avec une autre du siècle dernier. Ces trois victimes ont été agressées à cause de leur différence avec leurs agresseurs. La fille de douze ans parce que juive. La femme enceinte parce que Rom. Et l’homme parce qu'Arabe. Banalisation de la haine contre ce qui n’est pas soi. Plus que le sang pur de son miroir. Tous les autres dans la case : à détruire. L’autre, différent de soi, est-il devenu une cible potentielle ?
Qui après les Juifs, les Musulmans, les Arabes, les Noirs, les Roms, les communistes, etc ? La question que tout un chacun chacune devrait se poser. Même les bons clients de H+H. La haine est mobile et sait s'adapter. Elle a besoin de se déplacer pour se nourrir. Même celles et ceux pensant être à l’abri la verront patrouiller autour de leur domicile. Mais à bonne distance. Ne frappant que chez des voisins pas très honnêtes. Contrairement à vous qui ne dérogez pas aux règles. La patrouille se rapprochera de plus en plus de votre domicile. Jusqu’à ce qu’elle pousse la porte. Un rapide coup d’œil pour voir si tout est conforme. Continuez comme ça. Bonne soirée. Vous poussez un ouf de soulagement. Sûr qu’ils ne reviendront pas. Vous êtes du bon côté. Avant de les revoir débarquer. Pourquoi cette affiche au-dessus de la cheminée ? C’est quoi ce dessin au mur ? Encore abonné ce journal ? Vous bredouillerez une réponse et tenterez de vous justifier. Mais trop tard.
Au fil du temps, la liste des cibles à atteindre s’agrandira. Les homos, les LGBT, les végans, les handicapés, les pas du bon côté de la rue… Le double H a déjà ces cibles répertoriées. Au début, il opère toujours en douceur. Puis tout s’accélère. Et là plus de gants. Le double H n’hésitera pas à utiliser la violence d’État. Traquant tout ce qui n’est pas conforme à son programme. Toutes ses opérations auront un objectif. Lequel ? Un très large réassortiment de tous les magasins de haines du pays. Pour qu’ils ne manquent pas de stock. La population, tellement divisée, pourra se servir en haine de l’autre. Chaque groupe aura son magasin attitré. Des vitrines différentes selon les haines à vendre et acheter. C'est quasiment déjà le cas. Chaque citoyen et citoyenne avec sa haine en bandoulière.
De nos jours, même le pessimisme semble être un produit de luxe. Ne parlons pas de l’optimisme. Très rare et hors de prix. L’espoir est encore plus inabordable. Pourtant, que lui qui pourra nous sortir de cette impasse de haine contre haine. Certes pas tout seul. L’espoir, sans action, n’est qu’un doux rêve noyé dans la boue de la réalité. Pourtant, il est incontournable. Sinon à quoi bon se lever chaque jour et apporter sa part quotidienne au monde. Que ce soit sa participation modeste ou de plus grande envergure. Contrairement à ce qu’on peut penser, le pays regorge plus d’intelligence du cerveau et du cœur qu’on ne croit. Mais ils sont souvent inaudibles dans une époque où les grandes gueules sont persuadées d’avoir un QI ultra élevés, confondant intelligence et nombre de followers. Pourtant, ces bâtisseurs et bâtisseuses du quotidien sont bien présents. Et fort actifs. Œuvrant sur le chantier de notre maison commune. Quel est ce lieu ? Une très grande maison : France et Monde.
La haine finira par mettre la clef sur la porte. Même si elle continuera de se vendre et être achetée ici ou là. Les actionnaires de ces magasins ne vont pas lâcher leurs dividendes sur la haine et l’horreur. Mais ce ne sera plus avec la force de frappe commerciale de la chaîne de magasins qui s’est développée en quelques années. Comme après chaque période sombre, ils fermeront un à un. La haine redeviendra un produit très peu vendu. Surtout si d’autres magasins viennent prendre la place libérée. Pour y vendre quel produit ?
De la pensée complexe, du sens, du doute… Ainsi que bien d’autres produits alimentant nos cerveaux. Et nos imaginaires. Pour pouvoir sortir des rayons de la haine. Et se méfier de tous les magasins - même ses préférés - qui savent attirer la clientèle. Ôter parfois sa casquette client.Ne plus se contenter de dépenser. Et, même si ce n'est pas simple ; remonter à la hauteur de ce que nous pouvons être.
Une humanité qui se pense.
NB : La citation d’un très grand poète. Sa réflexion est d’actualité. « Sur la plupart des sujets dits de société, les Français ne pensent plus qu'en bande, et chaque individu est sommé de faire sienne une opinion collective. » Baudelaire.