Une formule de plus en plus difficile à employer. Comme le jour d'horreur en Belgique. A chaque journée, son cortège de morts et de blessés. Dieu a-t-il délocalisé son enfer sur terre ? Nombre de tueurs de masse et décapiteurs ( les terroristes et certaines légions d’honneur princières) se réclament de lui. Même si on sait qu’ils pourraient se revendiquer de n’importe quoi d’autre qu’une religion, mercenaires et commanditaires du néant. Juste besoin d’un prétexte, plus parfois un bon lavage de cerveau, pour faire surgir leur haine de la vie. La leur et celle des autres. Pensées solidaire pour leurs victimes en Belgique et ailleurs sur la planète.
L’athée que je suis plaint aussi la majorité des-vrais-musulmans. Ils vont encore s’en prendre plein la face. Coincés entre intégristes et bas du front de souche. L’image du gosse portant un carton «Sorry for Brussels» est émouvante et révoltante. De quoi ce jeune réfugié syrien serait-il responsable, lui déjà à genoux ? Un gosse qui fuit le même genre de barbares dans son pays. Les musulmans condamnés encore à se désolidariser d’une bande de meurtriers?
Bonne et journée me semblent avoir de plus en plus de mal à cohabiter. Pourtant, il va falloir aller jusqu’au bout de la journée. Aujourd’hui, demain, après-demain… Se réveiller chaque matin aux sons du «Requiem du Monde en sang » à la radio. Boire son café, donner les croquettes au chat et effleurer machinalement l’écran de son Smartphone. Regarder le visage du plus proche de ses contemporains à côté de soi dans la cuisine, puis peu après le sien dans le miroir. Un être débutant sa journée dans les allées d’un cimetière. Déjà poissé par la revue nécrologique internationale. Habituelle annonce quotidienne de morts inconnus. Pas des militaires en armes ou des hommes et des femmes tutoyant la mort par désir ou volonté, simplement des passants pris dans une toile invisible de meurtriers. Quidams avec leurs qualités et défauts. Nos doubles abattus par la folie obscurantiste d’individus. A cause aussi d’apprentis- sorciers de haut vol , cachés, derrières certaines raisons d’Etat obscurs pour le citoyen lambda. Gâchis humain.
Rester plaqué sous la couette? Se cloîtrer avec ses plus proches, soudés loin de la violence? Une erreur de fuir immobile derrière la porte de chez soi. Même si le beau ciel de printemps derrière la vitre ressemble certains jours à un linceul sur la planète. Sortir et affronter le jour qui se lève en ville. Le soleil a besoin de nous pour briller. Prendre le métro ou marcher, les jambes pesantes d’une irrépressible appréhension. La peur pour ses proches et soi. Que va-t-il se passer encore aujourd’hui? Chaque rue et transport en commun tels des dangers potentiels. Franchir des check point invisibles. Contrairement à d’autres lieux où la violence et la mort sont visibles, depuis des décennies. Les immeubles dévastés et d’autres preuves du passage de la haine sauvage en témoignent. La présence du sang versé quasi permanente dans le décor. En France, Belgique, et dans d’autre pays, elle avance masquée. Difficile de la pointer du doigt. Insituable dans notre espace de vie urbain ou pas. Le tueur se réclamant de Dieu peut-être partout. Ici ou là. Et et en soi.
Les bombes explosent dans les lieux publics. Elles tuent et amputent des êtres n’ayant pas décidé de mourir à ce moment là. Pas comme un suicide ou un inévitable accident. En plus des victimes dans leur chair, ces bombes implosent plus ou moins fortement en chacun. Elles continuent leur travail de terreur sous notre peau. Des rafales de kalach comme en suspens dans le silence. Chaque regard porteur d’un danger. Les uns et les autres sur le qui vive. Pantins hagards tenus en laisse par des assassins qui courent même après leur mort. Une course au cœur de nos vies et nos villes. Leur bombe mobile nichée au creux de notre ventre comme ses animaux qui pondant leurs œufs sous la peau de leur ennemis. Habités par la trouille. Ces assassins, morts ou encore en vie, incrustés dans notre intimité. Nous bousillant de l’intérieur.
Comment évacuer cette trouille? Pas facile. Même pas peur! Menteur ou sacrément courageux ceux qui le prétendent. Chacun réagit comme il peut et sent. A mon avis, la trouille -à divers degrés - s’est installée dans l’inconscient collectif. Une trouille différente pour chacune et chacun, parfois entretenue et par certains politiques et médias qui en tirent des bénéfices. Tous ensemble et séparément dans une espèce d’urgence, un rappel au quotidien que l’existence ne tient qu’à un fil. Le présent redevenu éphémère. Plus que la trouille, la présence permanente de la mort. Alors qu’auparavant, excepté les accidents, les meurtres (la plupart des homicides sous son toit par un proche) sur la voie publique, certains suicides avec lettre d’explications, ou brusque attaque cardiaque, elle prévenait plus ou moins à l’avance. Nous laissant le temps de nous préparer. Aujourd’hui, notre mort peut être programmée à l'avance dans tel ou tel lieu. Elle nous accompagne dans le moindre de nos déplacements. Prête à nous mettre le grappin dessus au coin de la rue ou d’un quai de métro. Une mort donnée par des hommes et des femmes qui viennent de la même planète que nous. Pas des extraterrestres venus semer la terreur.
Comment ne pas être terrorisé en permanence? Ne pas céder à la paranoïa de la bombe que les kamikazes laissent sous notre poitrine? Retrouver une peur de la mort naturelle? Pas celle semée depuis des années par des sans cerveaux, lâches incapables de se suicider seul face à leur créateur. Décérébrés qui veulent même nous ôter notre mort. Quels actes concrets pour résister à ces attaques extérieures et intérieures? Ce sera dur mais, pour soi et ses proches ou pas autant sidérés que soi, il faudra rester debout au milieu de la tourmente. Continuer de vivre petits et grands moments en attendant la mort. Pas celle orchestrée par de lâches meurtriers.
Reprendre son sillon quotidien de mortel. S'aimer, se détester, se réconcilier, se re-quitter, s'engueuler sur la politique ou la tauromachie, se marrer autour d'une bonne bière fraiche, se planter, réussir, se contredire, partager un vrai silence... Bref, continuer de se lever chaque matin et vivre une journée de plus. Ne pas laisser le soleil se lever tout seul. Vivre chaque jour comme si c’était le premier serait le plus beau bras d’honneur à faire à ces barbares. Et à leurs commanditaires partout sur la planète. L’honneur de rester du côté de l’humanité.
Bonne journée !