«L'un des problèmes de notre société aujourd'hui, c'est que les gens ne veulent pas être utiles mais importants.» Winston Churchill
Il était une fois la France. Une France ouverte et très chaleureuse avec toutes et tous, sans distinction. Femmes, hommes, gosses, chrétiens, juifs, musulmans, homos, hétéros, athées, pauvres, riches, beaufs, bobos, détestables, sympas, brillants, ternes, tristes, joyeux…Tous côte à côte. Chacun offrant à l’autre un superbe cadeau: le laisser être un autre. Et acceptant le même présent en retour. Rare ces instants de vraie mixité dans l’espace public. Un parfum de joie flotte sur le pays. Tous partageant un même plaisir. Que demande de plus le peuple?
C’était un soir d’été. Une étoile brillait dans des millions d'yeux et sur un maillot bleu. Le foot apprécié ou détesté, mais indéniablement le plus grand moment de joie collective depuis la Libération. Certes éphémère. Quelle autre communion de gens si différents depuis ce jour? Les manifs Jesuischarlie. La France de tous bords réunie par Zidane et les autres bleus en 1998. Et deux décennies plus tard par les Kouachi et Coulibaly. Les étoiles républicaines et laïques en deuil.
Et le ciel continue de s’assombrir dans les urnes. Environ un mois pour choisir. Ou plutôt éliminer. Comme dit un ami (Erick Auguste pour le citer), des dizaines d’années à être des citoyens-castor: toujours à voter pour faire barrage. Ces petits animaux bien dociles des isoloirs ont fini par en avoir marre; ils sont devenus abstentionnistes. Sans pour autant brader leur révolte légitime en l’offrant à l’extrême droite. En colère mais pas masos.
Toutefois, certains -espoir encore naïf?- seraient prêts à se «désabstenir». Par exemple si Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon étaient capables de se libérer de leur «égo-président». Surtout avec « Marine en la demeure ». Pourquoi pas une association d'urgence contre les trois dangereux antisystèmes: l’extrémiste des beaux quartiers se gavant de la misère, le châtelain es emplois fictifs vêtus en «Et alors?», et un banquier mystico-libéral imposé meilleur anti virus FN. Les « petits candidats » en figuration de la présidentielle, éjectés du manège médiatique. Tout citoyenne ou citoyen âgé(e) de 23 ans, plus d’autres conditions définies par la loi, peut se présenter à la présidentielle. Possibilité que sur le papier? On sent la pub mensongère.
Comment expliquer alors que ce sont quasiment toujours les mêmes milieux sociaux élus à l’Elysée? Des ex-banquiers, des énarques et autres grandes écoles, des avocats; aucun ouvrier, employé, infirmière, agriculteur, etc. Philippe Poutou et d’autres, issus du populo ou des classes moyennes, sans appuis dans les médias (des patrons de presse roulant pour tel ou tel candidat), n’ont aucune chance. La course présidentielle réservée donc toujours aux mêmes. Un choix aujourd'hui entre le pire (imposé par la plupart des médias; adoubé même par la patronne de France Télévisions) et l'extrême pire. Le pays est parti donc pour un casting pitoyable au second tour. Sauf si la gauche -même avec ses réels désaccords-se réveille. Pas interdit de rêver. Le rêve nous coûte moins cher que certaines familles.
Se rejouer un p’tit air de 1981, sans les faux potes à montres de luxe. Pourquoi pas une nouvelle coupe du monde de foot…féminin. Dieu revenu définitivement dans le privé. Chacun libre de son culte et aussi de son cul. Liberté, égalité, fraternité, sororité, à tous les étages. Le pays des bisounours? Nulle obligation de s’aimer. Racisme, homophobie, sexisme, antisémitisme, islamophobie…Finis ces «isme» et «phobie» pour revenir au «con» et «conne». Détester son prochain sans se soucier de ses origines ethniques, sa religion, ses pratiques sexuelles...Vivre en bon et mauvais voisinage. Tous passagers imparfaits de la République.
Pour paraphraser Jacques Prévert: soyons optimistes, ne serait-ce que pour donner l’exemple. La balle de l’avenir - moins pire que celui programmé- est en partie dans votre camp, chers Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon. Sortez de votre compta purement électoraliste. Oubliez un peu votre reflet dans le miroir du pouvoir pour penser plus au peuple de gauche et d’ailleurs. Ainsi qu’à ce beau pays. Un pays meurtri méritant mieux que des querelles d’égos.
Et parce qu’on le vaut bien.