Sans doute trop en demander. Pour ne pas dire utopique. Surtout en ce début de siècle des illuminés et bas de plafond. La connerie humaine et Dieu sont partout sur la planète. La première, même si elle ose tout, est très difficile à géolocaliser. Insaisissable, elle change souvent de forme et de couleur. Parfois là ou personne ne l'attend. Rares en plus ceux qui se revendiquent comme cons.Contrairement à la religion, nettement plus affichée. Aujourd'hui, je n'ai plus d'animosité contre Dieu et ses fidèles. Devenu, au fil du temps,un athée tolérant. Même si je continue de penser que Dieu, malgré son inexistence, reste pour le moins un sacré irresponsable. Sauf s'il est aveugle, sourd, ou complètement débordé par la bêtise humaine née de sa volonté.Dans ce cas, il devrait céder sa place à l'un de ses assistants plus efficaces que lui.Ou à une remplaçante; ça nous changerait des barbus plus vieux que la mer morte. Dieu a le droit aussi de bénéficier d'une retraite. Pourquoi lui, décrit comme si puissant, n'agit-il pas contre les monstres sanguinaires qui tuent et blessent en son nom ? Il ne bouge jamais son doigt divin pour les museler et empêcher leurs carnages sur terre. Éternel impuissant ou complice de ces barbares ? Normal de se poser des questions sur ses capacités de gestion. Un bilan de compétences pour Dieu ?
À la place de ses fidèles, mécontents de leurs conditions de vie sur terre, je déclencherai une grève de la foi. Églises, mosquées, synagogues, et tous les autres lieux de culte, désertés, ou occupés à la façon des usines. Avec des défilés unitaires, toutes les religions derrière la même bannière. Tous ensemble, pour demander des comptes à leur grand Patron. Sans ses fidèles, Dieu n'est rien du tout. Qui le fait vivre et l'alimente au quotidien? Quels sont celles et ceux qui passent une partie de leur temps, à genoux, à l'étudier ou à transmettre sa parole? Des milliards d'individus font ce qu'il est depuis des millénaires. Son poste est le résultat de la sueur d'ici-bas, du pratiquant de base aux grands pontes des clergés. Pareil à un capitaine d'industrie, citoyen lambda sans les petites mains anonymes en bout de chaîne. Grève générale de tous les croyants de la terre. Une première qui, osons l'espérer, secouerait quelque peu sa somnolence. Plus la moindre célébration dans tous les lieux de culte, ni de prières à domicile ; avant d'obtenir des avancées concrètes. Pas des promesses jamais vérifiées sur terre. Du concret.
D'abord le contrôle de tous ces ( créés par lui) fous furieux qui invoquent son nom à chaque massacre. Pourquoi pas les ramener à lui, dans son territoire de l'au-delà, avant qu'ils ne commettent leurs massacres ? Qui suis-je, simple mortel, pour donner des conseils à Dieu? Il est assez grand pour savoir comment agir. Puis, après s’être occupé de ce problème, il pourrait aller mettre son nez dans les petites affaires des pédophiles officiant toujours au sein de son église. Sans oublier de changer urgemment le regard de toutes les religions sur les femmes. Le seul point sur lequel elles sont toutes d'accord : l'asservissement de la femme. La liste est longue des problèmes à résoudre. Du pain sur la planche d'un monde en très sale état. Mais c'est bien lui qui a créé la terre et tout l'univers. Donc à lui d'assumer le service après-vente. Tous les religieux affirment que Dieu, en plus d'être tout puissant, est aussi amour. Sans doute venu le temps d'en redistribuer sur terre. Une denrée qui, contrairement à la haine, manque en ce moment sur notre chic planète. Bon courage pour ce vaste chantier du XXI ième siècle.
Pourquoi pas créer des fanzone divines où les fidèles de Dieu se retrouveraient. Bien sûr, chaque religion avec son territoire. Derrière des sortes de «murs de Berlin» du culte. Car, à part à quelques époques comme celle du Médecin de Cordoue, elles ont toutes une fâcheuse tendance à se foutre sur la gueule. C'est plus fort qu'elles. Daesh en est un des exemples les plus sanglants ; leur soi-disant Califat n'est qu'une base de mercenaires chargés de massacrer les membres des autres cultes. Pas les seuls, le grand commandeur auto-proclamé des chrétiens nommé Bush a agi d'une façon identique ; une sorte de Califat sans frontières du Christo-dollar. Ce président-croisé américain, avec certains alliés es armes de destruction soi-disantes massives, sont plus responsables que Dieu dans cet enfer planétaire. Combien de millions de morts depuis l'invasion de l'Irak ; un dictateur sanguinaire multiplié par plusieurs. Une très mauvaise solution que de cloisonner les croyants? Rien de pire que d'ériger des murs ?C'est vrai que l'idéal aurait été une cohabitation sur le même territoire, avec une protection de chaque culte par une espèce de cordon laïc. Mais ça fonctionne peu ou pas du tout. Guère d'autres solutions que chacun son Dieu, chacun son bout de terre sous le ciel. Pour que les fidèles de toutes les religions nous foutent la paix. Qu'ils vivent leur « fiction », entre eux. Et pendant ce temps, les nombreux autres, sans Dieu ni maître à penser ou dépenser, peuvent profiter à temps complet de leur court passage sur terre. À l'abri du regard et des querelles des sujets de Dieu. Les athées et agnostiques enfin peinards
Quoique Dieu n'est pas le seul responsable de ce sac de nœuds qu'est devenue la planète. Trop simpliste de tout lui mettre sur le dos. Le terrien, même moyen et sans le bras long, a son infime part dans ce vaste merdier. Les drapeaux de la connerie et de la haine flottent au vent mauvais, bien longtemps avant ce début de siècle - en très bonne position pour rattraper le pire du précédent. Depuis quelques années refleurissent les bouts de tissus, si souvent amateurs de sang impur, comme d'autres, ogres décérébrés et nus sans leurs kalaches, se nourrissent de celui de mécréants. Ces identitaires et leurs clones « fous de Dieu » - les plus meurtriers du moment- ne sont pas majoritaires. Mais, si bruyants et sanguinaires, ils savent occuper le devant de BFM TV et autres médias. La presse adore ce genre de bons clients, générant buzz et audimat assuré. Tous les habitants du globe à mettre dans le même sac à conneries nationaliste et islamiste ? Non. La plupart des individus, d'ici ou d'ailleurs, athées ou croyants, n'emmerdent pas leurs contemporains. Si ce n'est que par des incivilités ou mesquineries, banalement humaines. Des êtres pas meilleurs, ni pires que les autres. Juste capable de vivre sans vouloir convertir leur prochain. Ne cherchant pas à le contraindre à aimer leur drapeau ou se prosterner devant leur dieu. Des adeptes du bon voisinage.
Pour l'instant, nous, la majorité, sommes coincés. Pas uniquement à cause des intégristes religieux. Sous d'autres formes que religieuse, la connerie de ses contemporains, ainsi que la sienne plus dure à repérer - voyageuse clandestine dans son miroir-, fait écho à celle des bigots et autres barbares priant en direction du AK 47. Au fil du temps, le nez passé dans nos smartphone, aspirés par nos psychés numériques, nous n'avons pas vu le monde se déliter. Complices par négligence ou paresse intellectuelle de ce délitement ? La catastrophe n'est pas arrivée du jour au lendemain. Nous voilà donc, à l'insu de notre plein gré, dans une vraie impasse; en plus internationale. Où donc se réfugier et souffler un peu sur cette planète ? Un lieu pour échapper à la boue et au sang. Respirer un autre air, ni pollué, ni mortifère. Loin de la connerie de proximité ou planétaire. Ce territoire existe.
C'est la Beauté, sans la laisse de Dieu ni du Cac 40, qui peut rendre moins con et obtus. Libérée du poids du religieux, fort bien nourrie par le spirituel mécréant. La création, hors des ministères culturels de Dieu, existe fort heureusement. Où peut-on la trouver ? Ses lieux de cultes sont des cinémas, des librairies, des théâtres, des terrains de sport… Elle officie dans la littérature, la musique, le cinéma, la peinture, le sexe, les rires, les larmes, les doutes…. Sans oublier le monde à portée de mains, de l'autre côté de sa fenêtre. Sous ses draps. Ou à des milliers de kms. La Beauté enfouie au creux de chaque seconde, la lumière d'un soleil levant ou couchant, l'érotisme d'une silhouette sur un trottoir ou une plage, la couleur d'une peinture classique ou contemporaine, l'énergie d'un beau poème, certaines douleurs, le goût fruité d'un verre de vin, un sourire gratuit, un café-clope en terrasse… Le combat de la Beauté contre les tissus de mensonges et le bourrage de crâne récurrent des individus. Plus ancienne résistante du monde ?
Qui sont les alliés de la Beauté ? Ce sont souvent ceux qui ne prennent pas pour argent comptant tout ce qu'on leur raconte, depuis leur naissance. Nombre d'entre eux résistent à la pression des drapeaux, des minarets, des clochers d'église, des grands halls de prière des synagogues, des autels bouddhistes, des cellules de partis, des sections de syndicats, des bureaux de grands groupes financiers, de son éducation... Même s'ils sont membres actifs d'une ou plusieurs de ses corporations citées. Mais, pour leur santé mental et celles de leurs contemporains, ils savent sortir de leur famille; pour retrouver l'individu en eux. Voir à travers le regard unique d'une femme, d'un homme, d'un transsexuel... Pas uniquement avec les yeux de son groupe. Redevenir un ou une seule. Une solitude au cœur du monde. Seul avec sa naissance et sa mort.
Nul besoin du prêche d'un journaliste, de discours des commerciaux de Dieu ou d' Orange, des injonctions d'un gourou bio, bien ou mal pensant, pour se comprendre et interroger son époque. Vivre en soi, au bord des autres. Tour à tour égoïste et altruiste. Porteur du meilleur et du pire de l'humanité. Mais toujours avec des questions en stock ; ces interrogations qui vous permettent de douter. Remettre en cause la main qui vous nourrit, penser aussi contre soi. Comment y parvenir? La plus performante des applis reste encore son cerveau. A chacun de s'en servir. Installer un bon GPS sous sa peau, avec localisation des arnaques divines, celles aussi des communicants politiques ou des vendeurs d'obsolescence programmée. Se dégrouper. Écrire sa page intime. Incarner, ne serait-ce qu'un court instant, sa fiction personnelle.
Vivre sans Dieu ni connerie humaine.