Agrandissement : Illustration 1
Pour les Indiennes d'hier et d'aujourd'hui
Nue, même habillée
Sous son regard
Personne sur des km
Elle est seule
Sous le toit du ciel
Ses racines dans le sable
Signature éphémère
Effacée chaque jour
Par le vent
L’homme passe et repasse
Sur son histoire
Elle est enfermée
Entre les murs de ses yeux
Son gibier de 12 ans
Viendra-t-il ?
Chaque jour, la même question
La réponse c’est lui
Arrivant quand il veut
À tout moment
Partant quand il le décide
Parfois, elle s’éloigne
Pour sortir de la prison
Partir en cavale
Son regard la suit
Elle accélère le pas
L’homme est toujours là
Elle court
Il ne la lâche pas
Se planquer ?
S’enterrer vivante ?
Ne plus voir le jour et la nuit?
Faire le deuil de l’aube ?
Le ciel est aussi à moi, se dit-elle
Se promettant de ne pas lui laisser
Ni aux autres
Notre terre a été arrachée
À nos chairs
Mais le ciel c’est moi
Tu es nous aussi
Elle les entend souvent
Le chant des étoiles
Berceuse de milliards de mères
L’homme tourne autour d’elle
Sûr de ne jamais perdre
Sa trace
Elle est à bout de souffle
Lui jamais
Elle se rassoit
Assise sur une tombe
Longue
Sans fin
La tombe de son pays
La pluie qui tombe ?
Non
Son crachat
Leur crachat
Sur une fosse commune
Sa nouvelle adresse
Le lui cacher ?
Inutile
Il ne l'atteindra jamais
Trop loin
De ce qu’il peut voir
À des années-lumière
Du regard des hommes
Comme lui
Des hommes qui voient uniquement
Avec leurs yeux
Dans des paupières arides
Des hommes qui ne pourront le détruire
Son nouveau pays
Sous sa poitrine
Elle a tout reconstruit
Sauvant les blessés
Relevé demain
Fait ce que Dieu n’a pas fait
Ni le monde
Elle ne croit plus
En l’un
Ni en l’autre
Tout désormais entre ses mains
Même le temps
Irréductible seconde
La mort, c’est fait
Ne reste plus que la vie
Souffle debout
Elle n’a plus rien à perdre
Ni à gagner
Juste retomber moins
Avancer sur des ruines de chair
Entre des racines de sable
Ses grains de mémoire
Sentir les fantômes à ses côtés
Et le temps dans sa main
L’homme se rapproche
De plus en plus
Jamais aussi près
Elle se lève
Le drone s’immobilise
Au-dessus d’un peuple en poussières
Et d’une bâtisseuse