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Billet de blog 25 mars 2015

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Elkabbach invente le nom à consonance suicidaire ?

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                                                                                                                    Mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde.

                                                                                                                                                                                        Albert Camus

         « Dans les noms que vous avez des passagers, y en a pas qui viennent d’endroits où on pourrait soupçonner qu’ils sont en mission suicidaire ?»

            Plus fort que le délit de faciès, Jean-Pierre Elkabbach invente le délit de nom suicidaire. A quels  noms fait allusion ce  journaliste au long cours  sur les ondes? Des noms bretons? Anglo-saxons? Espagnols ou suédois?  Évidemment que non. Les porteurs de ces patronymes n’ont aucune tentation suicidaire. Que des fous amoureux de la vie. Pas comme ceux qui se nomment... Comment déjà ?

         Sa question met dans le même panier tous ceux dont le nom est proche de celui des tueurs du mois de janvier: les frères Kouachi  et Koulibali. Et les autres barbares se réclamant de l'islam. Combien de noms avec des origines de ces "endroits à kamikazes" en France ? Des millions de citoyens français ne se prénomment pas non plus François ou Jean-Pierre. Ainsi que des centaines de millions d'individus sur la planète. Pas facile de surveiller la tendance suicidaire de tant d'êtres ne se nommant pas Martin ou Johnson. Un psy et un flic derrière chaque nom suicidaire?

          Dès la sortie du ventre de sa mère, Mohamed sera habité par la tentation suicidaire. Un penchant développé avant sa venue au monde. En lecture intra-utérine, il aura sans doute déjà dévoré «  Notre besoin de consolation est impossible à rassasier ».  Un bon début pour entamer une carrière dans le domaine du suicide. Grand lecteur, il se sera jeté aussi sur  « Précis de décomposion » et «Le livre de la pauvreté et de la mort ». Puis, quelques jours avant sa naissance, il potassera « Suicide Mode d’emploi » et finira par "L'homme qui penche". Ultra précoce dans son désir de mettre fin à ses jours, avant d'en avoir vécu un seul.  Prêt à se foutre en l’air en quittant son premier domicile. Aura-t-il eu le temps d'apprendre le maniement de la kalache ?

       A propos de naissance, les noms suicidaires se transmettent-ils génétiquement ? Ou suffit-il de changer son patronyme pour espérer échapper à la tentation du suicide ?  Avec Marc, Pierre ou Marie comme prénom d'un patronyme suicidaire, le désir effréné du suicide est-il quelque peu amoindri.  Et dans quelle case doit on inscrire les occidentaux pure souche convertis à l'islam ? La liste des potentiels suicidaires s'allongent et leur localisation géographique s'élargit. Partout sur la planète.

         Qu’arrive-t-il à Jean-Pierre Elkabbach ? Particulièrement incompréhensible une telle question - en direct- d'un  grand habitué du micro. Porteuse de tellement de sous-entendus. On dirait presque du Philippe Tesson ou du Jean-Marie Le Pen avec ces perles nauséabondes très médiatisées. Il y a même un zeste de Dieudonné mêlé à une pointe de Zemmour. Que de grands humanistes oeuvrant pour le bien vivre ensemble. Maladresse ou volonté de sa part ?

       Même s'il s'agit d'un attentat, pourquoi l'imputer insidieusement à des centaines de millions de gens innocents ? A la manière de tous ces décérébrés dégueulant sur les comptoirs et sur le Net. Crachats numériques antisémites, racistes, homophobes, sexistes...Rien de nouveau sous le couvercle de l'obscurantisme. Mais tous ces anonymes haineux, contrairement à un journaliste, ne se se prévalent pas d'une déontologie. Tourner sept fois sa langue devant le micro ? 

       Difficile de croire que ses propos aient pour but d'en rajouter une couche à la haine des musulmans. D'aucuns affirmeront que c'est un dérapage contrôlé avec arrière-pensées. Même si ce journaliste n'est pas ma tasse d'infos, j'ai dû mal à le croire capable d'une telle abjection. Pas comme ce député UMP se lâchant ignoblement après la terrible tragédie du crash. Suis-je naïf ? Personne n'est à l'abri d'une maladresse. Jean-Pierre Elkabbach a aussi le droit au bénéfice du doute.

        Certains hésiteront entre le rire ou la colère face à une telle sortie. Même Georges Marchais en serait resté muet. Le direct ne fait pas de cadeaux. Comme d'ailleurs "la tyrannie de l'imprimé". Contrairement au texte numérique qui peut se modifier et s'améliorer. S'expliquera-t-il sur ses propos? A lui de décider. Quoi qu'il en soit, des interrogations légitimes restent en suspens. Et sa question n'en demeure pas moins choquante. L'abus de micro génère-t-il des dégâts ?

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