Grâce à la grève de Radio France, aucune info faisant déborder le café matinal. Rien que de la musique. Presque l’impression d’être sur FIP. Cette grande antenne radiophonique que la direction semble vouloir mettre à la porte de la Maison Ronde. La voix des contrôleurs de gestion n’adoucit pas les mœurs. Problème de fric à résoudre ? On ne peut pas jouer avec les deniers publics. Et le jeu très coûteux de la bonne image du capitaine?
Quoi qu’il en soit, le réveil France Inter se fait plus en douceur depuis une semaine. L’oreille bercée au rythme de chansons et musiques d'une très grande diversité. Ca change du ton monocorde des politiques, des spécialistes,des journalistes…. Tous avec la même voix, les mêmes silences. Sincères ? Sans doute certains ont vraiment des convictions. Mais, à force de filtrage, ils en deviennent insipides. Leurs conseillers les rendent-ils inaudibles?
Cette absence de langue aseptisée au sortir du sommeil fait du bien. Quelques politiques et animateurs de médias, plus malins que les autres, ne cessent de critiquer l’hypocrisie. La langue de bois c’est toujours les autres est un bouclier imparable. La grève repose les oreilles. Plus de force de vente de jours meilleurs dans les oreilles. Le "silence imposé" de ces commerciaux, souvent les mêmes depuis des décennies, parfois, de père en fils, ou filles, laisse place à une forme de rêve. Pas ce rêve tactile que nous effleurons au quotidien. Sans applis intégrées. Juste un bout de soi échappant à google. L'intime sans réseau.
Une lucarne sur soi et le monde. A une époque, les radios, la presse écrite (numérique aussi), parfois la télé, interrogeaient et rendaient compte de notre présent. Quelques émissions offrant même beaucoup plus qu'une lucarne. Chaque individu pouvait se construire et s’interroger grâce notamment à des voix de radio. Ces voix d'inconnue(e)s si proches et indispensables. Avant qu’une grande partie de l’information ne verse dans la com. Un buzz tu l'as vaut mieux que deux infos de fond tu l'auras. Le coach audimat a le dernier mot. Combien de points d'audience ou de clics hier ? Faut augmenter aujourd'hui.
Encore la rengaine du c’était mieux avant. Ce discours de nos aînés que nous détestions. En fait, pas mieux avant. La différence est la force de frappe de nos jours d' Euro SCG et de ses clones en com. Vraiment très forts. Capable même de supplanter le service communication d’une structure comme la Maison Ronde. Si t’as pas un coach de chez - même un ex - Euro SCG avant 50 ans, t’as raté ton image. Un homme de l’onde pour Radio France ?
C’était mieux avant ou pas ? La réponse est en général liée à son âge, son passé, sa position sociale, ses frustrations, son avenir, et d’autres paramètres; trop long à développer dans un p'tit billet. Vivre c’est s’obstiner à achever un souvenir, écrivait René Char. Souvenir qui irrigue notre présent mais, à plus ou moins grande échelle, nous injecte de temps en temps des doses de « vieuxconnisme ». Suffit d’ouvrir les yeux et de constater que c’est bien aussi aujourd’hui.
Même dans les médias que les uns et les autres accusons souvent à la va vite de tous les maux de notre société. Le bouc émissaire le plus voyant. Nous avons tendance à oublier ceux qui combattent la dictature du Buzz. Parmi ces professionnel de l'info, nombre de jeunes carte de presse. Grâce à eux, des émissions de télé, de radio, des articles, nous informent sans rien nous vendre. Pas simple d'échapper aux griffes dorées des annonceurs.
Comme par exemple le « Bondy Blog » donnant un grand coup de jeune à la famille des journalistes - trop souvent - customisés en série dans les mêmes centres de formation. Trop peu d’autodidactes dans ce métier ? Beaucoup de professionnels chargés de notre information, issus de ces grandes écoles, sont très bons dans leur domaines et intègres. Mais baignant trop dans les mêmes habitus que les politiques ou grands dirigeants d'entreprises qu'ils interrogent ou sur lesquels ils enquêtent. L'objectivité sûrement plus compliquée avec des puissants nous ressemblant. Solidarité de classe parfois inconsciente.
Voilà pourquoi l’arrivée de plumes d’encre et numérique nouvelle ne peut que faire du bien. Des plumes, loin des ruses et coutumes du milieu, pas soumises aux mêmes intérêts. Si ce n'est celui d'informer. Trop loin- combien de temps ? - des "Diners du siècle" visibles et invisibles pour être inféodées à Pierre Bergé ou d’autres. Jusqu'où aller trop loin avec les financiers de ton canard qui te virent ton salaire mensuel ? Bienvenues donc à ces nouvelles voix prouvant que c’est toujours mieux aujourd’hui- quand on crée et agit. Pourvu qu'un conseilller en com ne vienne pas y mettre son grain de fric.
Saluons aussi l'arrivée du 1 pour nous informer. Un canard qui, d’accord ou pas avec les auteurs des papiers, ne se contente pas de poser des questions. On a le droit à des réponses. Et, cerise sur le gâteau, il offre en le refermant plus de questions et de doutes qu’au moment où vous l’avez ouvert. Pas le but de la presse ? Dommage qu’il coûte autant que plusieurs baguettes. Mais, comme quelques autres organes de presse, il nourrit bien son âme. Et ça vaut le coût.
Pas que les grands dirigeants qui ne jurent plus que par leur conseiller en com. Chacun cherche son coach ? La question peut se poser quand on voit l'explosion du coaching. Les conseillers en relooking remplacent de plus en plus le coiffeur traditionnel. Certes, il ne s'agit pas là de deniers publics. La gestion de notre image et maintenant de notre e-réputation paraissent vitales. Sans elles, point de salut. Incapables de prendre la moindre décision sans un technicien de la com ? Même plus le plaisir de se planter tout seul.
Ce billet écrit à chaud, sans doute bancal, est en tout cas garanti sans apport de coach ajouté. Pas soumis au nouveau Dieu Audit. Sûr qu’un conseiller en com et son équipe auraient changé le titre, relooké les paragraphes, changer la police et certains formules, traquer les coquilles, calibrer le message… Rien laissé au hasard. Tout calculé pour happer l’internaute et le conserver jusqu’à la fin. Trop tard pour ce coup là.
Notre société a-t-elle vraiment autant besoin de ces communicants? Depuis l’arrivée de ces conseillers en chrome, seule la carrosserie semble avoir un intérêt. Le moteur du véhicule confiné au garage. Des conseillers en immobilisme ?