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Mouloud Akkouche

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Billet de blog 25 juillet 2015

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Ma mémé chez les «racailles»

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

 «Seuls les gens qui échappent au fer à repasser de leur milieu m'intéressent.»

Pierrot

         Pourquoi avoir accepté ? Mémé l’avait dit qu’à moi. Personne d’autre au courant chez nous. Bizarre de me la confier à moi. Pas du tout comme mes cousins et cousines qui sont  bons à l’école. Eux savent plein de trucs; moi je me suis arrêté en quatrième. Mes frères et sœurs ont des supers boulots. Y a que moi qui fout rien. Mes parents ont fini par lâcher l’affaire et me laisser vivre comme je veux. Ma mère a eu un héritage et m’a acheté un studio à la cité. Au moins, t’auras un toit sur la tête.  Je sais que mon père préfère les enfants de son  premier mariage. Il se trouvait trop vieux pour avoir un autre gosse. Lui et ma mère ont déménagé dans une autre ville. On se voit très rarement. Rien à se dire. Bref, tout le monde m’a laissé tomber. Sûr que je suis pas un cadeau.  Avec mes colères et mes conneries. A 18  piges, j’ai déjà usé tout le monde. De mes parents aux éducs. Sauf Mémé.

C’était la seule de la famille qui venait me rendre visite. Marrant de la voir débarquer avec ses deux cannes, dans la cité. Toujours sapée très classe. Tout le voisinage savait quand elle arrivait à cause du grincement de sa boîte de vitesses. C’est Mémé chez les « racailles». Les gars du quartier la respectaient vachement. Elle arrivait chaque fois avec des gâteaux. Moi je lui faisais un café. Et on parlait. De plein de choses. Jamais autant parlé avec quelqu’un. On était bien.

Mes potes aimaient bien venir aussi l’écouter. Pourtant, elle était très différente de nous. Pas les mêmes mots, pas les mêmes manières. Comme d’une autre planète. Elle nous racontait plein de trucs sur la science et l'histoire. Mais elle nous écoutait aussi. Pas une bisounours Mémé. Un jour, elle a piqué une de ces colères contre moi. Je savais plus ou me foutre. J’étais dans la rue quand elle s’était garée sur le parking. Vite, j’avais lâché mon affaire pour aller la voir. On est montés ensemble. Elle avait rien dit dehors mais  qu’est-ce que j’ai pris dans la tête dès que la porte était fermée. C’est ton Dieu qui t’envoie vendre de la drogue en plein ramadan. Ça servait à rien d’essayer de l’embrouiller. Elle voyait tout. 

Mémé croyait pas en Dieu mais elle m’avait jamais fait une seule remarque. Mes potes, moi aussi d’ailleurs, on arrivait pas à comprendre qu’elle croit pas.  Elle n’en parlait que si on l’interrogeait. Les gars, vous passez votre temps à dégainer votre Dieu toute la journée. Je ne vous gave pas moi avec mon athéisme.  On parlait des après-midi entières. De toutes sortes de sujet. Parfois, on l’énervait. La curiosité, c'est comme ta muscu Sofiane: ça se pratique tous les jours. Faut pas arrêter, sinon tu deviens le roi des cons. Il était parti en claquant la porte. Grosse raciste, islamophobe ! Elle agitait sa main pour lui dire envoir. En entendant sa bagnole  la semaine d’après, Sofiane est revenu au «goûter ». Ils sont bons les cadeaux de l’islamophobe ?  Il avait la honte grave. Elle lui avait tapé sur l’épaule en se marrant. Il avait sauté sur l’éclair.

Ma mère trouvait qu'elle faisait vieille instite qui sait tout. Pas d'accord: elle nous faisait pas la  leçon. Même si elle m'énervait parfois, je l’aimais beaucoup Mémé. La seule de la famille qui m'a jamais pris pour un naze parce que je suis nul à l’école. Et que je passe mon temps avec des racailles. Des racailles qui se sont cotisées pour lui payer des fleurs. Un énorme truc qu’a couté de la caillasse. On avait l’air de cons à débarquer avec la grosse gerbe. Je savais pas qu’elle voulait pas de fleurs, ni de couronnes. Juste entendre ses chansons préférés « Est-ce ainsi que les hommes vivent ». Moi, j’ai jamais aimé ses chansons à Mémé : trop triste et je comprends pas tout. Puis son cercueil aspiré dans  la mâchoire de feu. J’étais contre qu’elle brûle, fallait qu’elle retourne à la terre. Je voulais pas qu’elle parte ; mon café aura plus jamais le même goût. J’ai chialé comme un gosse. Ma famille a fait la gueule en me voyant débouler avec mes potes. Pourtant aucun a foutu le bordel.  Mes potes savent se tenir, surtout quand c’est quelqu’un qu’est mort. Ce jour là, j’ai repensé à ce que Mémé m’avait dit. Elle comptait sur moi. Je devais tenir ma parole.

On est le 24 juillet. Ça me prend vraiment la tête mais je dois respecter sa mémoire et ma parole. Elle m’avait  demandé de le faire tous les 24 juillet. Un jour par an, c’est pas mortel quand même, mon p’tit Kamel. Je supportais pas qu’elle m’appelle  mon p’tit. Quelle honte, surtout  devant les potes. Aujourd’hui, je donnerai tout pour l’entendre dire «mon p’tit». Trêve de tchache, je dois y aller. Sûr que tout le monde va penser que j’ai pété un câble. Ça me fout les boules de me promener toute la journée avec  ce truc sur moi. Obligé d’expliquer pourquoi  je le fais. Raconter toute l’histoire depuis le début. Mes potes, eux, comprendront qu’une parole, ça se trahit pas. Je suis connu ici et respecté.  Moi, ce qui me fout le plus la trouille, c’est les vannes. S’y en a un qui manque de respect à Mémé, je le massacre sur place. Pas de cadeaux. Personne te vannera, Mémé.

Pourquoi tu me l’as dit ? T’auras pu raconter ça à quelqu’un d’autre. Ou même rien dire. C’était du passé. Depuis que tu m’en as parlé, je suis plus le même. Avant que tu me le dises, j’étais sûr de savoir qui j’étais. Depuis que tu me l’as dit, j’ai compris que je suis pas que ce que je suis si sûr d’être. Je sais même plus… Mémé, t’as vraiment  foutu le bordel dans ma tête.  J’ai la trouille de retomber comme avant… Quand j’ai déliré très mal. Tu l’as jamais su, Mémé, mais y a deux piges, j’étais si paumé dans ma tête que j’ai failli partir combattre en Syrie ; heureusement que mes vrais potes étaient là pour m’en empêcher. Tout ce que j’avais réussi à ranger dans ma tête est de nouveau complètement mélangé.  Retour à la case doute total. Le brouillard de cerveau. Faut pas que je remette à mal délirer.

 Penser à autre chose ? J’ai essayé mais j’y arrive pas. L’histoire de cette petite fille me bouffe la tête du matin au soir. Certains jours, j’ai l’impression d’être elle, de voir même avec ses yeux. Etre triste et avoir la trouille comme elle. De me retrouver moi aussi à attendre sur le trottoir où elle est restée toute seule… Et j’ai envie de cogner. Tous les massacrer.

Pourquoi c't'histoire me tombe dessus? Je me serai bien passé de ces merdes qui viennent de loin. Ça me regarde pas. Des histoires du passé qui ont rien à voir avec ma vie. En parler avec mes parents ? Surtout pas ; ils vont encore me gonfler avec leurs conseils. Et me dire d’aller voir un psy. Ou me répéter que Mémé était devenue barge. Tout raconter aux  potes ou à ma copine ? Je me sens pas. En plus, pas facile du tout à expliquer.  Sûr que personne va me croire.  Je sais bien que Mémé était pas comme avant, sa lumière plus toujours dans ses yeux. Au début,  j’ai cru qu’elle délirait.  Une erreur d’aiguillage dans sa mémoire. En vérité, c’était pas des conneries. Elle était lucide quand elle en parlait. Elle m’avait tout expliqué dans les détails. Un truc vraiment ultra important pour elle et la petite fille. La vie de Mémé avait été chamboulée. La mienne aussi maintenant. Et pour toujours.

Je me mate dans le miroir. Quelle connerie de me balader avec ce truc. Personne m’ a collé  un calibre sur la tempe pour que je le fasse. Laisse tomber ces conneries. Tant pis pour ma parole. Un cadeau plutôt moche que tu m’as laissé, Mémé. Tu me fous dans la merde.  Si je sors avec ça, sûr que je vais me fâcher avec des potes. Pas avec tous évidemment.  La plupart  ont un cerveau ici et savent s’en servir. Ils vivent pas avec  des livres mais c’est pas des cons. Je risque d’avoir des galères avec les autres qui ont juste une Wii sous le crâne.  N’importe qui fait ce qu’il veut de ses lascars.  Ils croient tout ce qu’on leur raconte. En plus, ils ont pas d’humour. Pas envie de me prendre la tête, m’embrouiller pour ça. Après tout, Mémé est morte. Elle viendra pas m’engueuler dans ma piaule. Je laisse tomber l’affaire.  Je vais sortir sans ce truc.

A peine arrivé dans la cité, je sens déjà les regards. Puis ça fait le tour des halls. Très vite, y a un paquet de lascars autour de moi. Des anciens aussi. Mêmes des filles et des femmes s’en mêlent.  C’est une vraie ou une imitation ? Je peux toucher ?  Enlève ça. Tous matent l’étoile accrochée à mon blouson. Au début, ça parle calme, tranquille, puis ça part en vrille. Le gros Nadir veut se battre avec moi et me traite de suce feujs. Lui, le jour ou Dieu distribuait l’intelligence, il devait être encore scotché sur sa Play ou un porno. Ta mémé aurait dû crever avec les autres dans les camps! J’ai les boules. C’est toi enculé qui va crever ! Je me mets en garde devant lui. Nos fronts sont à  quelques centimètres.  La trouille mouille ses yeux. Il la ramène moins  maintenant. Je suis balèze en free fight. Cet abruti va regretter ce qu’il a dit de toi, Mémé. Je vais le ruiner.  Je lève mon poing…

Arrêtez-vos conneries les jeunes ! C’est Farid, un ancien. Je le connais depuis que je suis tout gosse. Il était à l’école avec mon père.  Un ex voyou qui a fait 12 piges de placard. A sa sortie, il était allé combattre au Liban, avec les palestiniens. Un dur de chez dur. Paraît qu’il sort pas sans calibre. Ici, c’est un lascar respecté, dans la rue, à la mosquée, à la mairie… Même par les condés. Lui, il a un cerveau qui marche bien. Il se met entre nous deux et nous demande de nous asseoir.  Nadir et moi on se mate un peu avant de s’asseoir.  

Farid reste au centre du groupe et  se met à parler. Ce mec là, je sais pas ce qu’il dégage, mais dès qu’il tchatche, tout le monde l’écoute ; du branleur sur son scooter jusqu’au maire en passant par l’imam. On dirait que la vie et les gens peuvent pas la lui raconter. Comme savait lire dans les pensées et les gestes. Nous écoutons toujours ses conseils. Il me demande de lui expliquer l’affaire.

Mon p’tit Kamel, je vais bientôt mourir. De l’autre côté, je crois qu’il a rien. Toi et d’autres, vous croyez qu’il y a une autre vie que sur terre. Pas moi. Bref, on ne va se remettre à polémiquer… alors que je n’en ai plus que pour quelques jours. Avant mon dernier voyage, je veux te raconter l’histoire d’une p’tite fille que sa mère emmena un matin à l’école. Un beau matin d’été. Comme tous les jours, elle l’embrassa sur la joue et dit «Travaille bien ma chérie. A ce soir ! ». La petite fille rentra dans son école. Sa mère ne revint pas la chercher le soir. Ni les autres soirs. Ses parents avaient été raflés et déportés. La petite fille ne les revit plus jamais.

Par contre, une voisine déportée en même temps que sa mère était revenue des camps. La mère de la petite fille lui avait dit : « Donne mon étoile jaune à ma petite fille adorée. Elle en fera ce qu’elle voudra. Mais, dis lui, que j’aimerais que cette étoile serve à éclairer les générations futures, pour qu’elle ne retombe jamais plus dans la nuit. Plus jamais ! ». La voisine me tendit l’étoile que portait ma mère. Elle avait été gazée  exactement le 24 juillet 1943. Deux jours après mon père.

Pourquoi n’en avoir parlé à personne ? Ni a mes enfants, ni à mes amis. Peut-être par superstition, la peur que,  en convoquant les fantômes du passé, la chaîne du malheur et de la douleur ne s’arrête jamais. Trop jeune pour devenir résistante, je suis devenu résiliente : ma résistance à la douleur et aux fantômes qui m’a permis de profiter de la vie. Je te tanne avec mon « humour est le meilleur des maquillages pour cacher les ombres». Ta mémé changera pas mon p’tit Kamel, toujours trop grandiloquente. Une mémé un peu fêlée. Cette étoile est désormais à toi. A personne d’autre. Je voudrais que tu ne sois pas aussi lâche que moi et que… Je sais c’est fou et terrible… Un poids terrible que je mets sur tes épaules.  C’est sûr, comme dit ton père, j’ai traversé le miroir et suis devenue complètement sénile. Ma tête fuit en depuis... ce soir devant mon école.

Ecoute moi bien. Je voudrais que... que tu portes cette étoile tous les 24 juillet dans la rue. Que certains de tes potes qui sortent des conneries plus grosses qu’eux la voient. Toi, si tu leur expliques, ils t’écouteront plus que si c’est une vieille comme moi, un prof ou un politique. Important de parler, expliquer encore et encore, surtout en ce moment de retour de grande bêtise humaine. J’aimerais du plus profond de mon cœur que,  toi, tu exauces le vœu de ma mère. Elle ne voulait pas que son étoile finisse dans un musée ou un tiroir. Son étoile devait parler, raconter l’horreur. J’ai pas eu le courage de faire. Pour moi, de tous mes enfants et petits-enfants, tu es le seul capable de  transmettre le message de Maman. Tu peux refuser. Je ne t’en voudrais pas. Mais si tu me dis oui, je veux pas que ce soit une parole en l’air.  C’est oui ou merde, mon p’tit Kamel ?

 Personne ose plus parler après que j'ai raconté ce que m'avait dit Mémé. Rare un silence aussi long entre nous au square. Toujours une vanne qui sort. Même ce qui l’aimait pas, la vieille française à la R5, ont l’air un peu triste. Je les connais bien mes potes ; ça gamberge sous les crânes. Ils ont pas envie de se la jouer Scarface, rappeur, spécialiste du prophète ...  Tous nos trucs habituels pour cacher nos coeurs. Même Nadir a une petite lumière dans le regard. J’ai un doute. Peut-être que j’aurais pas dû venir ici avec l’étoile de mon arrière-grand-mère dans la cité. C’est de la provo nulle. Ca servira à rien. Une grosse connerie.

Farid se lève et me regarde droit dans les yeux. Sûr qu’il va me rentrer dedans. T’as intérêt à revenir avec cette étoile dans un an. Y se fout de moi ou quoi ? Ça sent le truc bizarre. Il pose sa main sur mon épaule. Sûr que ça va partir en embrouille. Vraiment une très grande femme ta mémé! Puis il allume une clope et se tire.

On se remet à parler. Chacun a son mot à dire. Des choses intelligentes et des conneries. Rachid, en Master de je sais pas quoi, improvise un cours d’histoire sur l’occupation et les nazis. Un autre, pas d’accord avec lui, rappelle que les résistants, à peine libérés des nazis, ont bombardé Sétif.  Faut pas amalgamer. C’est pas tous les résistants. Puis ça repart évidemment sur Israël et la Palestine. Tu confonds encore le peuple israélien et son gouvernement.  Les français sont pas tous Sarko, Hollande, ou Le PenArrête un de dire les.  J’en reviens pas.  Ca parle sans vannes, ni coups de sang. C’est quoi amalgamer ?Le p’tit Djamel qui nous suit partout a failli lever le doigt comme au collège. Ca tchatche dans tous les sens. Pire qu’à la télé les soirs d’élections. Moi qui pensait que ça allait vriller sec et mal se terminer. Même Nadir a l'air intéressé. Bravo Mémé, tu as réussi ton coup ! On est moins cons.

Rentré chez moi, j’ai enlevée l’étoile et je l’ai bien planquée dans un tiroir. Content de plus l’avoir sur moi. Pas qu’à la cité que ça a créé de la polémique.  Chaque fois que j’allais quelque part, ça arrêtait pas de tchatcher sur mon passage. Quelle honte ! Plus aucun respect ces racailles ! Plusieurs fois, j’ai failli avoir des galères. Des  bastons évitées de peu. Un flic appelé par un lascar m’avait demandé de l’enlever. Je lui ai expliqué que j’avais donné ma parole à ma mémé. Il avait haussé les épaules et fait signe de continuer ma route.  Quel bordel toute la journée.

Je referai pas la même chose  l’année prochaine. Trop dur de savoir que mon arrière-grand-mère la portait avant de mourir dans une chambre à gaz. Son cœur battait en dessous… Non, je peux plus la porter.  Ca se fait pas. Pourquoi t’as eu cette idée, Mémé ? C’est une connerie. En plus, je crois que ça servira à pas grand-chose. Faut beaucoup plus qu’une journée pour niquer la connerie ; tu l’as sors par la porte, elle rentre par la parabole.  Mémé, je t’aimais beaucoup mais plus jamais un autre 24 juillet comme ça. Pas toi que tout le monde matait toute la journée. Et puis c’est pas à moi d’expliquer le passé de notre pays.  Je suis pas assez calé pour ça.

Pourquoi je me jette comme un con à la fenêtre ? Un réflexe. Chaque  fois que j’entends une boîte de vitesses craquer.  Putain : qu’est-ce que tu me manques, Mémé ! Plus personne pour me traiter de con aussi intelligemment que toi. Moi et mes potes ont a plus d’éclairs au chocolat et de mille feuilles. Et les religieuses qui nous faisaient marrer. Tu leur manques à eux aussi. Je sais pas qui l’a fait mais quelqu’un a tagué « Place de Mémé ».

Ta place de parking pour l’éternité.

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