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Billet de blog 28 avril 2025

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Être arraché au monde

Deux fois une cinquantaine de coups de couteaux en quelques jours. Dans un cas ou l’autre, quel immense gâchis humain.Deux jeunes êtres arrachés à l’humanité. La première est une lycéenne tuée par un lycéen comme elle.Dans leur établissement.Le deuxième a été assassiné à cause de sa religion.Sur son lieu de culte.Notre espèce aux premières loges de la fin de l'humanité ?

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             Un prénom n'est pas une religion. Important de le rappeler.  Et pas uniquement au « bas du front et du cœur » tirant sur tout ce qui sort du cadre de leur miroir. Le rappeler aussi à certains bienveillants adeptes de raccourcis. Même porteurs de certains prénoms, nous ne sommes pas tous musulmans. Ni adeptes d’aucune autre religion. Voire même athée. Ce qui ne nous empêche pas d’être prêts à défendre chaque culte quand il est attaqué. Sans négliger le droit à la caricature et au blasphème. Si les humains étaient juste humains ( avec de l'intelligence de voisinage et de l'empathie), toutes ces différences pourraient au moins cohabiter. Mais malheureusement ce n'est pas le cas. La preuve par cet horrible meurtre sur un lieu de culte. Un meurtre lié à la religion musulmane de la victime. Cet homme avait son histoire. Et un nom:  Aboubakar Cissé. Assassiné à cause de sa religion.

         Avec son meurtre odieux, le retour du « mais » ?  Comme à l’époque du massacre des Charlie. Certains ne pouvant s’empêcher de dire « ils ont été assassinés, c’est affreux, mais… Ils l’ont peut-être un peu cherché. » Et les mêmes ayant hurlé à juste titre contre ce « mais » reproduisent. Pour un remake ignoble. Cherchant à minimiser et relativiser l'abominable. Il a été assassiné mais il ne faut pas oublier pour autant les ignobles actes des intégristes musulmans, qui sème le vent récolte la tempête, etc. Un mais avant même que sa dépouille ne repose en terre. Et il y à celles et ceux ne voulant même pas tenir compte de l’insulte « Ton Allah de merde ». Pour eux, cette injure  n’est pas dirigée contre une religion. Mais ( encore lui) du racisme.

         En l’occurrence, pas de sale Noir. Ni de sale Arabe. Ce qui en effet aurait été évidemment une insulte et un acte raciste. Mais ce n'est  pas du tout le cas. Cet homme a été assassiné à cause de sa religion, sur son lieu de culte. Un acte anti-musulman. Crime islamophobe, réagit le Premier ministre. L’un des officiels les plus réactifs. En ce temps d’extrême droitisation de l’opinion publique, ça rapporte peu le meurtre d’un musulman dans une mosquée au cri de « Ton Allah de merde ». Guère une urgence pour se déplacer. Contrairement à des coups de couteaux dans un lycée ? La question peut se poser.  Mais deux lieux, la même horreur. Deux fois, une cinquantaine de coups de couteau en quelques jours. Sur deux  jeunes corps.

       Dans un cas ou l’autre, quel immense gâchis humain. Deux jeunes êtres arrachés à l’humanité. Comme d’autres, ici et ailleurs. Dans le passé et de nos jours. Tous ces êtres, jeunes ou non, qui sont arrachés à eux et à leurs proches par des mains criminelles. Elles sont isolées ou non. Avec ou sans uniforme. Et toujours notre impuissance. À notre poste de témoin. Avec l’impression de ne pouvoir porter assistance à monde en danger. Le regard sur l’autodestruction de notre espèce. Aux premières loges de la fin de nous.

         Toutefois, la mort de l’espèce humaine n’est pas encore pour demain. Et tant mieux. Plusieurs millions d’années sans doute vont couler sous le ciel avant notre effacement total. À moins que quelques propriétaires de têtes nucléaires provoquent l’accélération de notre fin. Et, en attendant, que faire ? Survivre du mieux ensemble – sans obligation de s’aimer ni de se haïr. Une survie entre deux images d’abominable et horreur sur nos écrans. Finir même par s’habituer. Ce qui commence à se passer. Un combat me paraît important. Certes pas le seul.  Mais il fait partie des urgences. Important de mener le combat contre lui. Il est présent ici et là. Sur toute la surface du globe.  Quel est l'ennemi public n°1 de notre espèce ?

         Notre inhumanité.

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